myrzouick

écrire, scénariser et mourir vite...

08/12/2020

le doute

Et si ce qu'il manquait à la nouvelle trilogie Star Wars c'était Georges Lucas ?

Je sais.
Là vous vous dites le mec a complètement vrillé. ça y est sa dépression l'a finalement emporté et il est devenu dingue.
Ou alors vous pensez que c'est une safe phrase pour vous avertir que j'ai été enlevé par des ravisseurs qui, pour donner le change, m'autorisent à écrire sur ce blog.

Mais non, je suis juste sérieux.
Il y a quelque chose en moi qui est torturé vis à vis de cette trilogie, qui ne me déplait pas, mais qui restera un immense gachis.
Et cette torture vient du fait que la précédente trilogie était un gachis.
Et que tout ce qui est fait sur la première trilogie depuis qu'elle est sortie est un gachis.
En un sens, tout ce qui tourne autour de l'univers Star Wars est un gachis et, ce gachis est d'autant plus flagrant quand on remarque les exceptions.

Finalement, le fait que la dernière trilogie soit décevante n'est-ce pas un gage de qualité. Si tout Star Wars est décevant alors, ça va en fait.
Non attendez, ce n'est pas ça que je veux écrire ce soir. j'y reviendrai.

Petit état des lieux.
Star Wars est un film sorti en France sous le nom la Guerre des Etoiles qui avec des maquettes et pas mal de bidouillage nous fait vivre une épopée ordinaire dans une galaxie lointaine très lointaine.
Suivi par The Empire Strikes Back et The Return of Jedi c'est ce qu'on appelle aujorud'hui la première trilogie ou juste Trilogie.
Si la réalisation du premier est faite par tonton Georges, les autres sont confiés à d'autres réalisateurs blablabla vous le savez on va pas s'étaler.
J'ai commencé ce blog par la difficulté d'écrire une suite, je vous laisse relire l'article n°1 et c'était d'autant plus difficile à réaliser que le premier film devait faire un bide tel que la fox lui laisse les droits des produits dérivés.<:h4>

apparté.

La conception d'un film, de ce que j'en lis, vois, ou dans ma jeune et petite expérience, est une véritable machine organique changeante, vociférante et se transformant à chaque étape.
Une histoire évolue en permanence et les films sont toujours en train de changer si bien que jusqu'au montage de Star Wars, George Lucas n'y croyait pas.
Y a que Steven Spielberg qui avait prévu le carton (et encore pas un carton comme ça).
Si bien qu'il est difficile pour un auteur d'arrêter de changer son film.

Si on me permettait de modifier encore Le canapé je sais que la tentation serait grande.
Après ma troisième correction des Mondes Elementaires je sais que je trouverai toujours des corrections, des passages à réécrire.
En plus d'après Rawash quand je corrige je rajoute des fautes alors....

Si bien qu'il est difficile de donner un clap de fin à la transformation d'un film, sauf celui de sa sortie et encore les fans continuent de l'alimenter, de le transcender.
Si les fans le peuvent pourquoi pas l'auteur ?
Et merde à qui appartient une putain d'oeuvre ! Je n'ai toujours pas de putain de réponse !

J'en veux à Georges Lucas d'avoir remplacé ses maquettes par de la 3D, mais je vais me précipiter sur le nouvel étalonnage du Seigneur des Anneaux lors de sa sortie en 4K.
Quelle est la différence ?
Peter Jackson ne change pas l'histoire - ne la change pas "encore plus" devrais-je dire car il a déjà bien transformé les écrits de Tolkien. Mais pourtant changer la couleur c'est déjà changé d'histoire non ? La couleur ça fait quelque chose sur notre rétine.
D'ailleurs le même George Lucas pestait contre la colorisation des vieux films américains.
Je me répète.

De même, je suis très intéressé par le travail de Zack Snyder, mais encore une fois, son film n'est jamais sorti avant. Justice League étant le boulet officiel du pourtant si merveilleux Joss Wheddon.

la suite

Les prequels de Star Wars sont sortis dans les années 2000 et pour l'occasion, la première trilogie a pris des numéros, 4,5 et 6 qui devenaient donc la suite des futur Star Wars I, II et III
Georges revient au commande et explore le passé de Vador et tente, dans un numéro d'équilibriste de plaire aux enfants, une nouvelle génération doit acheter Star Wars (il n'est pas très différent de Disney sur le coup), de plaire à l'ancienne génération, celle qui aime Star Wars parce qu'elle l'a vu au ciné ou en VHS avec ses parents (c'est mon cas) et de montrer les nouvelles technologies et donc, d'en faire un film qui pourrait révolutionner le cinéma.

Autant vous dire que si vous essayez de jongler avec des assiettes sans vous être entrainé au préalable, il y a de grande chance que vous cassiez un peu de vaisselle. Surtout si vous essayez avec beaucoup d'assiettes.
Star Wars I est... décevant.
Star Wars II est pire.
Star Wars III est la pire deception de tous les temps. Combinant allègrement les pires défauts des deux premiers.

MAIS
Ne dit-on pas que c'est l'intention qui compte. Et même si on n'aime pas les films (ce qui est clairement mon cas), l'intention derrière (en omettant la volonté de vendre des jouets pod-racer) est quand même de raconter une histoire.
Georges Lucas a pioché allègrement dans le monomythe pour son premier film, mais tente des trucs dans sa prélogie. Il se casse la gueule, le tout 3D fait que les films d'après ont plus "mal vieilli" que les premiers, mais derrière il crée.

Disney

Puis vient Disney, car pour paraphraser l'immortel Chuck, Disney achète ce qu'il veut et c'est souvent dans la gueule.
De l'aveu de Lucas, il se sentait trop vieux pour faire une autre trilogie qui cloturerait l'histoire des Skywalker, il voulait continuer de s'occuper de sa fille, vivre avec un peu d'argent loin du stress de la production et des crachats des fans.

ça ne l'a pas empeché d'écrire un petit bout de scenario et de critiquer la dernière trilogie en mode : "moi j'aurais pas fait ça."
Et si tout se passe bien - pas bien bien mais bien - sur le premier film (le 7 pour ceux qui suivent pas au fond), tout s'écroule lors de la sortie du 8 qui arrive presque à faire regretter à certains fans la seconde trilogie (c'est presque mon cas mais je vous rassure, j'ai revu les 1,2,3 récemment, je préfère quand même les 7,8,9 - c'est surtout à cause du souvenir... attendez je fais un paragraphe là-dessus - à suivre).

apparté

Nos souvenirs sont toujours meilleurs que la réalité.
1. parce que notre cerveau, à part nous marquer au fer rouge et de ne jamais nous faire oublier nos pire hontes, préfère quand même les trucs sympa.
2. parce qu'un souvenir c'est aussi rattaché à une époque et le souvenir d'un film, d'une série ou d'un livre nous rappelle l'époque dans lequel on l'a vu/lu/vécu.

Prenons l'exemple de Albert le 5eme Mousquetaire ! C'était génial non ! Je veux dire ! Albert quoi ! Les inventions ! Le tromblon à la bolognèse, le tatouage canard qui parle. les autres mousquetaires démystifier ! c'était trop classe non ?!
Et historique aussi avec ce Richelieu qui veut garder le pouvoir et agit dans l'ombre contre le roi...
On regardait ça au gouter, chez Mamie avec une bonne tartine de nutella.
Bah non en fait, regardez un épisode aujourd'hui, c'est une torture ! Comment avons-nous pu trouver ça bien ? C'est nase.
Donc je ne saurais vous conseiller de NE PAS regarder ce dessin animé aujourd'hui parce que c'est pas pareil et ça pourrait même gâcher un souvenir.

Revenons à notre sujet.
Je ne reparlerai pas du 9, j'ai fait un grand article dessus, avec JJ Abrams qui recolle les morceaux et essaient de conclure dignement une trilogie décriée.

Mais donc.
Est-ce que ce qui manque à cette dernière trilogie ce ne serait pas le créateur original, Georges Lucas ?
Parce que ce mec avait une vision. Une vision qui a massacré son oeuvre quand il l'a concrétisé en 2000 mais une vision quand même ?
Même si tout ce qu'il allait faire à la place de Disney aurait été au moins aussi nase, n'empêche qu'elle aurait été cohérente avec tout le reste - si on peut dire que la première trilogie est cohérente avec la deuxième.

un mandalorien pour les unir tous...

Je me suis fait cette réflexion après le dernier épisode de The Mandalorien (qui me coute quand même la modique somme de 69,90€/an, ça fait cher la série).
Sans les spoiler, les deux derniers épisodes font avancer l'intrigue de l'Enfant (enfin) et on y découvre des personnages qu'on croyaient perdu, oublié mais surtout on y comprend la volonté de l'auteur d'unifier tout l'univers canon de Star Wars.
Je ne ferai pas de supposition quant à l'arrivée du Mantis, ni de Luke dans la série, mais on y voit des choses et on comprend que l'univers est de plus en plus cohérent et tente (et réussit sans être trop présomptueux) à réunir des générations entières.

Je me suis posé la question : Mais qu'est-ce que le Mandalorien a de plus que la denrière trilogie ?
Et c'est Pépé - alias Djamgo - qui m'a répondu le plus simplement possible : "un showrunner"

Et oui c'est ça qui manque aujourd'hui à la dernière trilogie Star Wars, quelqu'un qui a une vision. C'est ce qui manque et qui de mieux pour avoir une vision que l'auteur original.
Et puis en plus, s'il avait merdé lui-même, les mecs comme moi auraient pu dire "ouais mais c'est parce que c'est Georges Lucas..." Et hop, plus de problème éthique !
Par contre toujours des problèmes de mauvaise foi.

The Mandalorian est bien parce qu'il arrive à faire ce que personne n'avait réussi à faire jusque là (dans l'univers canon, c'est à dire en virant tout ce que tout le monde savait faire en livres, comics ou jeux avant Disney) : rester cohérent.

Peut-être même que Georges Lucas rêve secrètement que Disney le rappelle à l'aide ?
Peut-être qu'il mériterait de jouer de nouveau dans son univers.
Ce qui manque à Star Wars c'est ce qui a fait Star Wars : une sorte de confiance en l'univers.
S'il avait lui-même écrit la suite de trop (j'en ai parlé , ou là avec TLoU2 au moins on serait peut-être moins mélancolique

Et pourtant en vous disant ça, j'alimente moi aussi le dernier problème, celui que je vais développer tranquillement dans mon épilogue : tout le monde finira forcément par être déçu.

épilogue, épilateur électrique

Maintenant que j'ai écrit que je regrettais le départ de Georges Lucas (ou presque), je vais m'attaquer au vrai problème.
La comparaison, le jugement et la déception...

Les attentes d'un spectateur, d'un joueur, d'un lecteur, sont toujours trop ambitieuses parce qu'il aime l'oeuvre sans jamais y être apparenté.

J'allais faire une comparaison avec ses enfants mais ça ne marche pas. Personne n'aimera plus ses enfants que ses parents. Mais pour une oeuvre c'est l'inverse.
Je pense que les spectateurs aiment plus encore l'oeuvre d'un auteur que l'auteur lui-même !
La preuve, Georges Lucas, qui explique larmoyant qu'il a vendu ses enfants au diable, n'a cessé ces dernières années de les corriger, de les polir, de les transformer.
Quand on aime son fils ou sa fille, on l'aime tel qu'il est, même s'il est moche, même si il n'est pas à la mode, même s'il ne cligne pas des yeux et est fait avec des bouts de ficelles et non en 3D.
Euh... Je mélange là.

Bref !
En face, eux, les spectateurs/lecteurs l'aiment tel qu'il est.
Pire encore on aime le souvenir qu'on en a pour les mêmes raisons que j'aime les films Batman car ils me rappellent ces jours où, trop malade pour aller à l'école, je les regardais en VHS blottis contre ma mère !
J'aime plus Batman que Burton lui-même !

Et si on touche à ce film, on touche à mon souvenir.
Je ne me souviens plus du tout quand j'ai regardé Star Wars pour la première fois, j'ai l'impression de l'avoir toujours connu d'ailleurs.
Et donc en touchant Star Wars on touche mon enfance et en agrandissant son univers on risque de me perdre, de le démolir, de le souffler.

Nous attendons tous quelque chose du film/série/jeu qu'on nous propose.
Nous avons tous notre vision.
Mais c'est pareil pour plein de choses, du sport (ne dit-on pas qu'en France il y a 60 millions de sélectionneurs) à l'entreprise (si seulement ma boite pouvait voir les choses comme moi).

Pire encore les avis des gens, les critiques, les bande-annonces même ou la musique nous donne des indications, nous influence.
Et c'est le truc le plus terrible qui peut arriver à une oeuvre aujourd'hui.
Autant je déteste The Last of Us 2, autant le jeu n'aurait pas du se prendre toutes ces critiques à la con.
Autant j'aime bien Queen's Gambit, autant ça mérite pas toutes ces éloges.
Autant Georges Lucas mérite toute cette rage que j'ai contre lui parce qu'il a cassé son univers, autant il a eu une vision (nulle, mais quand même).

Est-ce que l'appartenance dépend de l'amour qu'on porte ?
Je n'ai toujours pas la réponse.
Je ne l'aurai jamais.
Mais ce qui est sûr c'est que Georges Lucas n'a jamais cru en Star Wars et Disney non plus. et que leurs erreurs ont inspiré, fort heureusement, de grands auteurs.

J'avoue que je ne sais pas comment finir cet article.
Plus que d'habitude, j'ai l'impression de m'être égaré dans son écriture.
A la base l'idée était simple et je vais tenter, puisque c'est l'épilogue : celui qui aime le plus est celui qui est le plus déçu par ce qu'il a sous les yeux. parce que jamais il ne retrouve tout ce qu'il met dans cette... relation et au moins avec Lucas, on savait à quoi s'attendre.

Regardez le Mandalorien.
Profitez de la vie.
Soyez prudents.
Et a bientôt

La prochaine fois on parlera réellement de Queen's Gambit, de Kaamelott, de l'attente, du marasme et de la deception... Vaste programme, faut que je me le note.

à suivre...

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