myrzouick
écrire, scénariser et mourir vite...
22/12/2019
juste un petit peu plus exigeant ?
Le public connait de mieux en mieux les artifices d'un conte. Aujourd'hui un barde se heurte à un imaginaire un peu plus décortiqué qu'avant et a des spectateurs plus exigeant.
Il est peut-être fini le temps où l'on pouvait se permettre de raconter encore et toujours la même histoire. Il est peut-être fini le temps où les gens ne donnaient plus leur avis forcément tout le temps à la lecture d'un conte.
Les choses qui nous semblaient acceptable il y a quelques années deviennent cliché aujourd'hui et le moindre texte se retrouve automatiquement décortiqué, critiqué, dévoré et/ou incendié par des dizaines de critiques, ou influenceurs, qui ont un avis et qui le partage.
Que ce soit sur Facebook, Twitter, YouTube, ou sur des blogs tels que celui-ci la critique devient si facile et le monde peut d'un clic juger le conte du barde.
Ne vous y trompez pas, je ne regrette pas le temps où les bardes tout puissants racontaient l'histoire et où tous buvaient les paroles du troubadour qui inventait encore et encore pour manger et pour vivre.
Il n'y a pas de nostalgie. Ce n'était pas mieux avant. C'était différent.
Georges Lucas nous a fait rêvé, a stimulé notre imaginaire ; il nous a laissé créer sans contrôler et nous avons rempli sa diégèse de mille et un autres contes. Et pourquoi ?
Pour qu'aujourd'hui Disney nous ponde un dernier conte ?
Vous l'avez compris, je vais parler de Star Wars IX : L'ascension de Skywalker et il va y avoir quelques spoilers.
Ne vous attendez pas à une longue et grande critique, car mon avis n'intéresse personne, mais plutôt à une série de questions que j'aimerais poser tranquillement.
Je me lance en parallèle à une longue relecture de ces quelques pages écrites sur ce site et dans la création d'un sommaire...
l'ascension de Skywalker
Déjà remarquez le terme biblique de la traduction française.
L'ascension, dans la religion chrétienne, c'est le moment où Jesus, après sa mort et après sa résurrection remonte vers son papa (Dieu).
On s'attend donc à ce que Skywalker (qui ? Anakin ? Luke ? Leia ? tous ?) devienne ce qu'il est pour notre génération mythique - je dirai même plus : mythologique.
Si c'est indéniable que le film tente (et réussit en grande partie) de clôturer une histoire vieille de 40 ans, il n'en est pas moins qu'il ne plait pas à une grande majorité de fans, de critique et de gens en général. Je vais tenter de savoir pourquoi...
Star Wars, depuis longtemps, ça a toujours été un Soap Opera. Un truc où l'histoire passe au second plan (argh) et où les effets visuels sont plus impressionnants que le scénario.
Mais Star Wars a aussi lancé une mythologie et a fait naitre un univers complexe. Par exemple, je pourrais comparer le premier Star Wars avec Avatar tant l'idée génératrice semble être la même. On veut faire un truc cool à regarder sans se prendre la tête. Alors pourquoi Avatar n'a pas et n'aura jamais autant de succès ou de fan que cet univers Star Wars ?
A vrai dire, je ne pourrais pas vraiment répondre car je n'ai jamais vu Avatar. Il se trouve que je n'avais pas envie qu'on me force à y aller et j'ai eu un blocage et, alors que je vous dis depuis le début que ce n'est pas grave d'écrire encore et toujours la même histoire, c'est ce qui m'avait rebuté lors de la sortie du film avec les aliens bleus. Et je pense louper le 2 ainsi que le 3. Et je pense que Cameron va se planter avec le 2 car comme je l'ai plus ou moins expliqué par là, il faut savoir passer le flambeau et laisser d'autres auteurs s'approprier l'univers.
Et pourtant, ne plus avoir la main sur la totalité de son oeuvre est ce qui a détruit Star Wars...
Putain de nouvelle trilogie qui nous fait presque regretter la prélogie !
Pour la simple raison que personne n'a travailler les films comme un ensemble. Et si J.J. Abrams est très très fprt pour recoller les morceaux (notamment du masque fracassé de Kylo Ren) il n'a pas réussi à combler tous les fans.
Star Wars est victime du syndrome de Justice League. La fin du film (de la saga ici) n'a pas été écrite par une personne qui avait les mêmes intentions que celle qui a écrit le début du film.
La prélogie a été écrite par la même personne (mal écrite je trouve) : George.
La nouvelle trilogie est passé à coté de quelque chose d'essentiel : la continuité.
Si J.J. Abrams avait écrit la totalité de la trilogie, les nombreux écueils que les plus rageux lui reprochent n'aurait jamais été présents.
Prenons simplement l'exemple du casque de Kylo Ren. Pour Abrams, le casque c'était un peu comme les lunettes de soleil dans Matrix. Avec son casque, Ben Solo était invulnérable. Il pouvait cacher ses émotions et régner à l'abris des regards. à chaque fois qu'il l'enlevait c'était pour séduire (on ne peut pas séduire si on est invulnérable. La séduction passe obligatoirement par une sorte de vulnérabilité, venez me dire l'inverse) ou quand il était en proie au doute. Et le fait de ne plus avoir de casque dans le duel final de l'épisode VII lui fait perdre contre une novice.
Pour Johnson (le réalisateur du 8) le casque est un accessoire ridicule qui cache le jeu d'un bon acteur. Oui, je pense sincèrement que Adam Driver est un bon acteur. Si bien que dès la première scène, Kylo Ren détruit son casque. Alors on peut continuer dans la métaphore de la vulnérabilité. C'est peut-être parce qu'il ne porte plus son casque qu'il arrive à être connecté à Rey tout le long de l'épisode 8.
Abrams lui fait reforger le même casque un peu à la japonaise avec le kintsugi (cette façon de mettre de l'or dans les sutures d'un objet brisé pour le rendre plus beau. Oui, dans le 9, après deux pseudo défaites, Kylo est brisé. Bref.
Ces petites dissensions entre les deux réalisateurs sont nombreuses dans les films.
Et c'est très dommage.
Tout comme les deux visions complètement différentes de Joss Wheddon donc et de Zack Snyder, qui depuis demande sans cesse à ce que sa version de la Justice League ressorte, on fait de Justice League un film batard qui ne plait ni aux fans de l'esprit superhéros pop de Wheddon ni au fans de la vision superheros "dark(knight)" de Snyder.
Star Wars IX ne plait pas. Il divisera les fans encore longtemps et pourtant le numéro d'équilibriste de J.J. Abrams est excellent et mérite une certaine reconnaissance.
Mais avant de rentrer en détail là-dedans balayons les critiques genre : "non mais c'est un blockbuster qui doit répondre à un cahier des charges"...
Bah oui.
Mais y a pas de mal à faire un truc qui doit plaire au plus grand nombre (même au LGBT puisqu'on a le droit à un bisou lesbien d'une demi-seconde). On me répondra : ouais une demi-seconde c'est forcé. Putain, juste, y a un bisou lesbien dans Star Wars. C'est la première fois, il se voit (sauf à Singapour où il a été censuré, tu ne le verras pas Eymeric - pourquoi je lui parle là, il ne me lit pas).
Il faut qu'il y est de l'action, des combats spaciaux, des vaisseaux, des sabres laser. C'est un Star Wars.
C'est plutôt louable non que les producteurs aient entendu les critiques des internautes ? Non ?
ça ne fait pas de J.J. Abrams un Yesman forcément ?
Pour ceux qui ne sauraient pas un Yesman c'est un réalisateur qui s'écrase face au studio/producteur et mêmes face aux acteurs parfois.
Par exemple, les blagues de désamorçage sont bien bien moins nombreuses. Les porgs sont effacés (bon ils apparaissent mais ça va). On reste sur des bases saines droides, extraterrestres...
Luke explique qu'il s'est trompé. Il est moins torturé que lors du 8. C'est ce qu'on voulait.
Leila est ou plutôt aurait pu être un Jedi. ça explique un peu son moment Mary Poppins dans l'espace.
Et puis merde J.J. Abrams joue avec tous les codes de Star Wars. Invente de nouvelles façons d'utiliser la force. Créer une nouvelle mythologie et termine bien cette saga.
Trop Hollywoodisée ? Trop aceptisée ?
Peut-être. Peut-être pas. Des personnages doutent, des épreuves comme on n'en voit que dans la trilogie originale apparaissent.
Alors oui, c'est toujours l'histoire de grands méchants qui font de gros canons pour détruire des grosses planètes. Mais c'est un soap Opera.
Leia... Juste un truc qui m'a fait décrocher je dois l'avouer. La mort de Carrie Fisher entre l'épisode 8 (ou elle avait miraculeusement survécu par une pirouette scénaristique que nous avons appelé le "Point Leia" entre ami, une sorte de "point de Godwin" qui régulait nos débats lors du film) et l'épisode 9.
Devant la bronca qu'avait suscité l'image 3D de Rogue One (bien faite quand même putain), Disney avait décidé de ne pas utiliser le double numérique de Carrie dans le film obligeant Abrams (qui était d'accord hein) à n'utiliser que des rush des deux précédents volets.
Ce qui fait qu'elle parle de manière énigmatique, se tient juste debout la plupart du temps. Et que ses 3 lignes ne sonnent pas comme des sagesses jedi mais comme des ce qu'elles sont 3 lignes coupées lors des précédents films......
Bref, Star Wars IX est bien.
Il est bien parce que J.J. Abrams fait bien les choses. C'est une quêtes (qui va parfois trop vite) à travers des planètes et à la recherche des nouveaux pouvoirs de Rey qui avec Kylo Ren sont les plus grands jedis que la galaxie (lointaine très lointaine) est connu.
Avec leur doute, leur vision... Et je crois qu'on aime pas les surdoués tout simplement. Car c'est ce qu'ils sont des êtres exceptionnels qui transcendent les limites de la force.
Pour finir, avec Palpatine...
Personne n'avait du prévoir son retour, je pense sincèrement que les scénaristes n'ont pas eu le choix. Snoke, qui devait être le grand méchant et qui en avait tous les attributs a été découpé comme un malpropre.
J.J. Abrams ne pouvait pas en créer un autre. Dans sa tête, Kylo Ren ne pouvait pas être un seigneur Sith qui pouvait régner sur la galaxie. Dans sa tête, il y a toujours eu ce doute de ce fils qui veut rester du coté lumineux.
Sur un film de 2h20 où il se passe autant de choses (trop diront les détracteurs) il n'avait pas le temps de créer un nouvel ennemi... Il a donc pris quelqu'un de connu, reconnu, il l'a fait revenir avec d'étrange pouvoirs Sith et toute une armée (sortie de nulle part, après il avait quasiment 30 ans tranquille)...
En bref, Star Wars IX est bien. Les auteurs ont fait ce qu'ils ont pu et nous ont sorti le meilleur film de cette nouvelle trilogie.
Alors on part peut-être de loin, certes. Mais ils ont été inventif, les acteurs jouent presque tous très juste.
Et ils ont évité le pire...
épilogue, et puis c'est tout
Et si Star Wars (le premier du nom) était sorti aujourd'hui ?
Y avait-il, en 1977, autant de critiques ? Je sais que l'argument est facile et je ne voudrais pas qu'on me prenne pour un de ces types qui n'arrêtent pas de dire "c'est la faute aux réseaux sociaux".
Parce que oui, les réseaux sociaux ont une sorte de coté obscur à eux qui est de tout amplifier et de ne pas prendre le temps de s'attarder sur les évènements. On ne prend qu'une phrase, qu'un bout de vidéo hors contexte.
Mais dans le coté lumineux justement, les réseaux sociaux nous obligent à aller chercher de l'information, tout le monde peut être journaliste, critique... Avec les débordements que l'on connait car il n'y a pas d'éthique mais bref. Le moyen d'échanger en direct des informations, des points de vues, des opinions ne peut décemment pas être une mauvaise chose.
Et pourtant certains groupes s'organisent et alimentent une bulle (ou des bulles) qui deviennent dangereuses à long terme.
En gros, on peut communiquer plus vite avec tout le monde (ça c'est cool) mais donc on peut aussi rester entre soi et se persuader de choses et d'autres parce qu'on trouve toujours quelqu'un de d'accord avec nous.
Et si avant les réseaux, les groupes n'étaient que de quelques dizaines d'individus tout au plus ils sont maintenant facilement des centaines voir des milliers à penser la même chose sans chercher la contradiction.
Méfiez-vous des bulles...
Star Wars est une belle saga. Une saga mythologique.
Et J.J. Abrams est une maitre dans l'art du kintsugi (et si ça c'est pas méta !). Dans le kintsugi l'objet réparé a forcément été cassé. Donc oui, peut-être que Disney a bel et bien cassé Star Wars. Disney a peut-être même plus cassé Star Wars que George Lucas lui-même finalement puisque la prélogie redevient cool à revoir (sauf le un, franchement le un j'ai pas pu. Et le deux m'emmerde... Ouais en fait j'aime que Ewan McGregor heureusement qu'on le voit beaucoup).
Mais Disney a aussi réussi à trouver des types capables de réparer leurs erreurs. Jon Favreau par exemple dont on me dit que du bien (parce que je n'ai pas encore Disney+ moi).
Après peut-être que si on aime tant Rogue One ou the Mandalorian c'est parce que ces films (série) ont moins d'enjeu que la bible représentée par les trilogies. Donc on est peut-être plus conciliant.
Et que Dark Vador apparait dans sa meilleure scène dans Rogue One !
Pour en finir, avec ma morale habituelle, ne sous-estimez jamais la puissance scénaristique. Chaque élément de chaque scénario doit être réfléchi et analyser non pas en fonction de ce qu'il est mais de ce qu'il va devenir. La cohérence passe par une centaine de petits détails.
Les meilleurs artisans bardesques sont ceux qui font attention au détail et qui comprennent l'intention. Pour comprendre une intention, il faut faire attention.
Etre attentif à l'histoire, aux personnages, au scénario...
Etre attenfif, aimer et libérer ses personnages.
En vrai, qu'on soit clair, le destin n'existe pas. Ni pour nous, ni pour un scénario, ni pour des héros.
Rien n'est écrit ou au moins définitivement.
Bonne nuit.
Et surtout, bonnes fêtes !
à suivre...