myrzouick
écrire, scénariser et mourir vite...
19/07/2020
last of us 2
J'ai digéré, ça fait une semaine que j'y pense et j'ai vraiment digéré... Je crois que je suis prêt à parler de Last Of Us Part II
En un mot, je suis déçu parce que si le premier avait été une histoire magnifique et un jeu énorme, le second...
Comment dire...
Il y a de l'idée, de bonnes idées, des passages épiques et quelques scènes bien sentie. L'histoire qu'on nous demande de jouer, l'histoire qui nous est racontée est... bien.
Différente, percutante, inclusive comme une série Netflix, mais malheureusement, une bonne histoire ne fait pas toujours un bon jeu...
Et c'est là qu'on va pas être d'accord.
Mais c'est mon point de vue. Last Of Us 2 est un meilleur film que Last Of Us 1, malheureusement c'est un jeu horrible sur bien des aspects.
Ce n'est qu'un avis parmi d'autres et je vais essayer d'expliquer pourquoi.
En attendant, sachez que ça va spoiler à mort parce que je ne peux pas parler du jeu sans parler de l'histoire et de cette dissonance entre narration et histoire.
On se lance !
spoilers ahead !
Last of Us 1 se termine alors que Joel emmène Ellie vers Jackson City, une ville alimentée électriquement par un barrage.
Il vient de lui mentir en lui expliquant que son immunité ne servait à rien.
En fait, Joel, qui a traversé la moitié des Etats-Unis en protégeant la jeune femme, s'est attaché et une relation père/fille s'est développé en un an sur le périple.
Quand on lui a expliqué que pour découvrir un vaccin il fallait découper le cerveau de Ellie, Joel a vu rouge et a massacré un hopital entier pour la récupérer.
Dans Last of Us 1, pas mal de gens ont regretté la décision de Joel.
Pour ma part, la bascule de Joel en "meurtrier de masse" a été un acte complètement compréhensible et à ce moment du jeu, j'ai massacré les lucioles (le nom de ces gens qui se sont regroupés contre le champignon mortel).
Je ne voulais pas qu'ils touchent à un cheveu de ma "fille" et je les ai tous massacrés avec tout ce qui me restait de munition (fusil à pompe, mitraillette, tout mon arsenal contre autant de lucioles).
J'avais passé un an avec elle.
De plus, j'ai oublié de dire que Joel est un "parange". C'est un mot qui n'existe pas mais que je l'ai attrapé au vol lors d'un tweet de Laélia Véron qui expliquait que les parents qui perdaient leurs enfants n'avaient pas de nom...
Et il faut pouvoir mettre des noms sur des maux pour commencer à les guérir...
Joel a perdu sa femme et sa fille lors du début de l'épidémie... Le transfert qu'il fait est donc "logique".
J'insiste là-dessus un petit peu.
On a traversé tellement de chose, le personnage de Joel nous a tellement été bien présenté qu'on s'attache, qu'on y croit et que sa décision finale nous semble logique après tout ce qu'ils ont traversé...
En plus Naughty Dog a réussi à inclure de subtils détails. Joel regarde sa montre, Ellie est parfois mélancolique. Les personnages sont ancrés dans la réalité.
Et déjà là, il y a un gouffre...
Ellie et (la deuxième personnage jouable) Abby sont moins détaillées. Elles ont moins de tics, elles sont moins bien décrites. Mais passons...
l'histoire du jeu.
Quatre ans après les évènements du premier jeu, un groupe de survivant que nous ne connaissons pas, menés par une certaine Abby, semble chercher quelqu'un dans la neige et tombent par hasard sur Joel et Tommy en patrouille dans la région.
Patatra !
En fait, ce groupe et plus particulièrement cette Abby, qu'on joue dès le début du jeu, cherchait le même Joel ! Pour le capturer et le massacrer à coup de club de golf !
Sous les yeux de Ellie qui décide le lendemain de se venger...
Bon...
Alors elle va se venger et part avec sa nouvelle petite copine qui...
Alors oui, là y a eu pas mal de connards qui ont dit que le jeu était débile parce qu'on y jouait une lesbienne (Ellie) et un garçon manqué (juste une fille bien entrainé : Abby).
Jouer une femme ne m'a jamais empêcher de m'identifier au personnage.
Donc je vais mettre de coté cet aspect de la communauté, parfois toxique, des joueurs...
J'ajouterai quand même, en parlant de cet inclusivité qui fait tant peur aux males en manque d'amour, que si le jeu s'est fait défoncé à cause de ça, je pense aujourd'hui que beaucoup de gens le défendent parce qu'il est aussi "ouvert" d'esprit.
Et que, comme les critiques qui dénoncent des personnages féminins forts, ce n'est pas pour autant le fait de mettre en avant des filles différentes qui en fait un bon jeu.
Loin de là.
Passons...
Alors Ellie se met en quête de cette Abby pour se venger et... croise sur sa route deux groupes de survivants qui s'affrontent à Seattle...
Et bute tout le monde.
Enfin tout le monde... C'est vous qui butez tout le monde. Ou pas.
Y a des gens assez tarés à Seattle, ils le méritent mais... Si je voulais me venger je ne sais pas si j'aurais la force de tuer une cinquantaine de personnes pour y arriver.
Un film passerait ces phases de gameplay, nous montrerais de l'infiltration pur jusqu'à ne tuer que les membres du groupe qui a massacré Joel, mais le jeu doit nous faire jouer et... quand l'infiltration ne marche pas (et des fois c'est le jeu qui nous en empêche) bah on tue à tour de bras...
Alors déjà que je suis pas fan de vengeance en temps normal...
Là je me retrouve à mettre à feu et à sang une ville entière pour arriver à mes fins. et quand je dis "JE" je parle d'Ellie mais comme on m'oblige à jouer avec elle...
Bref meurtre, meurtre, explosion, mechant champignon meurtre...
Nous voilà face à Abby ! Enfin !
Mais patatra (deux fois que j'utilise ce mot faudrait pas que ça devienne une habitude) avant la conclusion de ce face à face, il faut revenir en arrière et jouer avec Abby...
Mais avant ça, je dois vous parler de Joel quelques minutes...
part 2
Joel avoue ce qu'il a fait à son frère au début du jeu. L'histoire de ce secret, de ce mensonge est révélé. A ce moment, on pense que seuls deux personnages savent la vérité et... Bon autant le dire tout de suite ça marche pas.
Va venir un aspect du jeu que je ne supporte pas. Les flashbacks.
Je trouve ça pratique dans un récit, et encore les flashbacks de la saison 2 de WestWorld sont ce qui se fait de pire dans les scénarii aujourd'hui, on nous dévoile des personnages par des pans entiers de flashbacks censé alimenter le récit et les personnages.
Et si la partie 1 se faisait sur un temps long avec une seule narration.
Le second opus se déroule sur 3 jours (et quelques vers la fin) et pour comprendre les personnages on ponctue chaque jour de flashack.
Et c'est le principal reproche que je peux faire à ce jeu. On nous raconte tout au travers de flashbacks qui soit nous enchantent (la visite d'un dinopark désaffecté) soit nous agacent (la visite d'un aquarium désaffecté) et on nous force a aimé des personnages qui... excusez-moi, passent leur temps à faire des conneries.
Il y a un an, c'est ce que je reprochais à Westworld et je sais à quel point il est difficile d'écrire des suites, mais on a ici le même problème.
On ne peut pas combler un vide sentimental, on ne peut pas donner des buts à nos personnages, grace à des flashbacks forcés, insérés ici et là et qui font retomber le peu d'émotion ou de nervosité que le jeu nous apporte à chaque journée.
Je pense qu'à ce moment là, la narration se tire une balle dans la tête.
Et le pire dans tous ces flashbacks c'est quand on apprend que Ellie, comme son "oncle", savait, avant même de rentrer dans son histoire, que Joel avait massacré un tas d'innocents dans l'hopital.
Et si son but était déjà assez bancal en début de partie, il explose complètement en vole et transforme sa quête assez puerile en quête complètement débile.
De plus, le joueur que je suis a joué au premier jeu, il connait donc toute l'histoire, et quand Joel dit à sa meurtrière "fait ce que tu as à faire..." on comprend qu'il a compris qu'en fait Abby se vengeait...
Moi joueur je me suis dit, quand Joel dans le premier opus a buté tout un hopital, il a du buter un frère, une soeur, un père de cette Abby et donc on a le retour de baton de ce qu'on a fait dans le un.
Encore une fois, la quête de vengeance de Ellie perd encore son sens !
Si Joel accepte son chatiment et qu'en plus elle sait (puisqu'on l'a vu dans un des nombreux flashback) ce qu'il a fait. Alors il y a quelque chose d'idiot dans le fait de décimer une ville entière pour retrouver des gens qui se sont fait justice.
Ce qui fait que j'ai eu l'impression de jouer toute une partie avec la méchante d'un jeu vidéo... Jusqu'à me dire que la voir mourir à chacun de mes échecs n'étaient finalement pas si dérangeant...
Et pour en rajouter à ça, sachez que c'est le truc le plus traumatisant que j'ai vu dans les nouveaux Tomb Raider. Je sais pas si vous êtes comme moi, mais on ne veut pas voir mourir Lara ! Jamais ! Parce qu'on aime le personnage. Et oui c'est une femme forte.
abyssale Abby
Abby c'est la meuf qui chouine sur place pendant quatre an parce que quelqu'un (Spoiler Alert : Joel) a tué son père et qui décide, parce que ça arrange bien le scénario de le traquer quatre mois avant le début du jeu.
Heureusement, traverser les Etats-Unis ça prend beaucoup moins de temps dans cette partie 2.
Et les intentions de Abby sont plus nobles. Elle se venge, ne bute que Joel et rentre pepère (ou plutôt mémère) à la maison.
Là, elle apprend que son meilleur ami/ex/gars qui a pimpé un aquarium aurait aidé des gars de la faction rivale.
Alors elle comprend pas et part à sa recherche tout ça et tombe sur un gamin de la faction rivale et l'aide et ne veut pas le tuer parce que c'est un gamin quand même et, alors que toute sa faction à elle se fait buter par Ellie et un Sniper d'élite (spoiler alert : Tommy) elle part en quête du gamin qui est retourné dans son village que sa faction va mettre à feu et à sang et le ramène à l'aquarium où elle trouve son meilleur ami/ex et sa nouvelle copine, enceinte, tué par Ellie.
Ah oui, Ellie au lieu de discuter elle bute des femmes enceintes.
Ah... Alors, encore une remarque débile. Quand vous voulez mettre des femmes fortes, indépendantes, différentes (c'est à dire pas des potiches) faites leur faire des trucs bien.
Je veux dire, on est machiste parce que les héros masculins qui ont traversé notre enfance était de vrai superhéros.
Si vous voulez jouer la carte de l'inclusion, de la diversité, rendez les personnages charismatique et pas débiles...
On a besoin de lesbiennes héroiques, pas juste habités par un esprit de vengeance que personne ne comprend.
Sinon jouer Abby a été, contre toute attente assez agréable, sa quête, bien que forcée, est de protéger un gamin. Elle tue avec rage quand celui-ci est en danger et j'ai adoré ce combat où j'ai ouvert une machoire à coup de serpe.
Bon, le reste de sa faction est complètement débile parce que désormais il lui tire dessus au moindre geste puisque "bouh... elle a sauvé un gamin..."
Bref péripéties, péripéties blablabla.
Elle finit par retrouver Ellie et lui pète la gueule avant de renoncer à la tuer en mode "casse toi je veux plus te voir".
Fin...
épilogue épitaxis...
Ellie s'installe dans une ferme à l'écart avec sa copine et son fils.
Elle joue avec lui, lui chante des berceuses et... est un peu traumatisée quand même parfois car elle revoit le visage de Joel en sang... Mais sa femme l'aide et est super compréhensive...
ça va être long de se reconstruire...
Mais c'est le lot de tous les héros. Nos héros mettent souvent du temps à retrouver une vie normale, John McClane sombre dans l'alcoolisme, John Rambo ne peut pas se défaire de toute la violence de la guerre.
Certains films abordent d'ailleurs cet aspect psychologique de la reconstruction de...
en fait non.
Tommy revient dire qu'il a retrouvé la trace d'Abby... Et si Ellie refuse de la chercher dans un premier temps. Elle finit par accepter de la traquer de nouveau au grand dam de sa femme qui lui fait comprendre que cette fois ce sera sans elle...
Je veux dire... sérieusement ?
Mais vraiment ?
Tu fais ça ?
Tu quittes ta femme et ton gosse pour poursuivre ta vengeance d'une meuf qui t'a déjà défoncé la gueule ?
Tu fais vraiment ça ?
Admettons que je cautionne et comprenne sa première quête de vengeance.
C'est dur parce que j'ai pas beaucoup joué avec Ellie dans le tome 1 et que je trouve qu'elle est débile tout le long du jeu, mais le même jeu va me forcer à recommencer une partie pour de nouveau buter une meuf qui m'a déjà mis minable ?!
Alors que même notre premier protagoniste, parange, Joel semble LUI avoir accepté son destin ?!
La dernière heure de jeu (oui, j'ai un peu sprinté pour survoler les phases infiltrations/gunfight de la fin) a été un véritable supplice pour moi.
J'ai detesté Ellie, j'ai detesté sa quête, j'ai detesté jouer de nouveau avec elle.
Si c'est ce que les developpeurs ont voulu, bravo, mais franchement, vous ne pouvez pas faire un jeu où l'on déteste autant incarner le personnage.
bref
Ellie retrouve Abby emprisonnée et... la libère... pour la buter... Et au moment où elle va la noyer (après s'être fait arracher deux doigts quand même dans la bagarre) elle renonce...
Encore...
Et Abby repart...
Et quand Ellie rentre chez elle c'est pour découvrir que sa femme et son fils sont partis et qu'elle ne peut plus jouer de guitare...
C'est la pire fin de tous les temps !
épilogue, épitaxis
Je ne rejouerai jamais à Last Of Us Part 2.
Galérer autant pour avoir la fin la moins gratifiante du jeu vidéo non merci.
Non. Non. Non.
Et vous parlez à un mec qui aime galérer (oui j'aime bien les Souls). ça ne m'a jamais déranger de mourir, de recommencer, encore et encore.
Même lorsque Abby affronte une créature composée de plusieurs corps dans des couloirs minuscules dans le noir et sans munition (bravo les gars, pire bosse du monde, injouable tout simplement), j'ai recommencé.
J'ai eu l'occasion plusieurs dizaines de fois de poser ma manette.
Et si j'ai aimé jouer avec Abby c'est parce que sa quête semblait plus noble non parce que les flashbacks m'ont montré que son père collectionnait les quarters...
Je ne rejouerai jamais à ce jeu.
Jamais.
L'histoire aurait pu être bien. Vraiment.
Ne pas discerner le bien du mal, jouer deux antagonistes avec des motivations propres. s'infiltrer, exécuter.
Voir à quel point Ellie n'est plus la gamine un peu naïve du premier épisode. Voir sa déchéance...
Mais pour ça il n'aurait pas fallu me forcer à jouer avec elle.
Je la connais. Du moins, je la connaissais ! Je croyais la connaitre. Quand elle était triste dans le premier volet, elle refusait de monter à la courte échelle de Joel obligeant le joueur à tourner la caméra et appuyer de nouveau sur Triangle.
Et là, c'est juste une psychopathe qui bute des chiens.
Putain, il ne faut pas buter des chiens, il ne faut pas buter des femmes enceintes, ile ne faut pas buter des docteurs.
Joel a tilté à la toute fin du 1, on le comprend, on le suit et on massacre.
Là, on ne comprend pas les motivations d'Ellie et encore moins quand elle part en chasse une seconde fois.
Elle perd ses doigts et ne sait plus jouer de la guitare ce qui l'a rapproché de Joel pourtant.
Putain, cette pauvre fille à tout perdu.
L'histoire est brillante, elle montre, comme dans Walking dead que les hommes sont bien plus dangereux que les zombis.
L'histoire on la connait, celle de protagonistes grisâtres qui se prennent pour des héros ou des méchants.
L'humanité est sale et décadente.
C'est le propos de chaque film de la dernière décennie.
Je m'en plaignait une fois sur ce blog disant que je voulais avoir de nouveau des héros au-dessus de la moyenne. Mais ce n'est plus aujourd'hui la mode.
Les auteurs sont désabusés, ils écrivent ce qu'ils voient, des gens gris, ni bon ni mauvais mais surtout pas bon qui se débattent égoïstement dans un monde qu'ils ne comprennent plus.
Last of us 2 est une enième ittération de cette affaissemmenent général de nos héros dans l'abyme de la médiocrité.
Encore une fois, l'histoire est belle, elle croque avec passion des humains moyens lors d'une crise majeure avec leurs défauts (en gros l'egoisme) et leur petite dose d'héroïsme (surtout Abby d'ailleurs).
Malheureusement c'est un mauvais jeu, on ne s'attache pas au personnage, on ne comprend pas tous ces flashback qui parfois nous décrochent encore plus de l'histoire (Putain de merde mais Ellie savait ce qu'aviat fait Joel).
Et on ne cherche plus à comprendre.
Quand elle y retourne une deuxième fois on se détache complètement.
Le monde est grisâtre. Et ce jeu nous le rappelle.
Il nous le crache à la gueule en nous rendant responsable d'actes ignobles. Mais le décalage est déjà fait et quand Ellie pleure sur un de ses meurtres, on laisse tomber.
Faut-il des oeuvres de cet accabit ? Oui.
Faut-il en faire des jeux ? Je ne crois pas.
Le plus gros défaut de Last of Us 2 est justement d'être intéractif. Le plus gros défaut de ce jeu est d'en être un. Parce que, dans un livre/film, si on suit un personnage débile, l'histoire devient débile.
Si on joue un personne débile qui ne ressemble absolument pas au type de joueur que nous sommes, c'est bien pire.
J'ai bien trop écrit ce soir et je doute fort que quelqu'un arrive jusqu'à cette conclusion. Mais dans le doute, voici ce que je pense monde de merde : rendez-nous nos rêves
A la semaine prochaine.
Prenez soin de vos histoires !
à suivre...