myrzouick

écrire, scénariser et mourir vite...

01/07/2019

écrire ce n'est jamais aussi facile

On ne se rend pas compte à quel point c'est dur d'écrire mais c'est encore plus dur de plaire.
C'est dur d'écrire une suite ou une fin, c'est encore plus dur d'adapter. Parce qu'on va toujours décevoir... Est-ce que c'est parce que le spectateur/lecteur en attend trop ? Est-ce que c'est parce que l'auteur veut en finir (vite) ? Et si c'était tout ça à la fois...

Écrire une suite, c'est compliqué.
Prenons Westworld par exemple. La première saison, spoiler alert, se passe dans un parc à thème où les "visiteurs" peuvent interagir avec des "hôtes" robotiques dotés d'une IA performante et de quelques lignes de scénario pour faire tourner tout un monde. Les interactions, de ce qu'on comprend, sont souvent cantonnées à tuer et baiser. C'est comme un jeu vidéo, tu donnes un bac à sable, la plupart des gens vont faire n'importe quoi... Le créateur ajoute ce qu'il appelle des rêveries qui rendent encore plus humains les robots. Ces rêveries, on le comprend assez vite, sont des souvenirs d'anciennes vies.
En effet, lorsqu'un robot meurt. Il est nettoyé, soigné, rebooté pour qu'il reprenne une place dans les scénarii prévus pour les visiteurs. Mais c'est sans compter ces petits souvenirs sur plusieurs hôtes qui finissent par se rappeler de morts passées violente, comme cette mère maquerelle qui avant fut une mère de famille et vit sa fille tuer par un visiteur qui voulait se connaître. Oui parce que ce parc révèle ce qu'on est vraiment. En tout cas le principe selon lequel le souvenir fait de nous des humains est très bien représenté, on connait, on a déjà vu (ou joué à) Blade Runner... Mais les robots pètent les plombs, on connait, on a déjà vu... à peu près tous les films avec des robots (sauf Interstellar et j'avoue que sur ce point il m'a surpris). Et finissent par devenir complètement humain, on connait on a vu Pinocchio puis tuent leur créateur, vous l'avez compris, on connait on a lu ou vu Frankenstein... Une histoire, certes avec quelques longueurs, mais parfaitement maîtrisée et avec une fin très jolie. De plus, on apprend que ce sont les souvenirs et particulièrement ceux qui sont traumatisant qui nous définissent, mais surtout, avec un habile twist, que l'histoire que l'on croyait réelle est en fait un patchwork de flashback (au moins deux histoires donc)...

La deuxième saison commence juste là (ou pas) et c'est bien là le problème. Tout étant basé sur le souvenir, les scénaristes pour rendre leurs personnages encore plus profonds leur en rajoute et on passe le plus clair du temps à dire : mais pourquoi donc ne s'en sont-ils pas souvenus plus tôt ? En effet, un des robots a même eu l'intégralité de sa mémoire téléchargée dans la première saison ! Alors ça semble un peu gros, surtout que ce robot insiste lourdement sur "est-ce maintenant ?" Forcément, ils nous ont déjà eu avec le coup du flashback. Les artifices des scénaristes sont donc connus comme des artifices... Ce n'est d'ailleurs pas la première suite qui déconstruit un canon, je vous conseille la vidéo de chroma sur Highlander 2 (d'ailleurs je vous conseille toutes les vidéos de Chroma en général).

c'est difficile d'écrire une suite tant les attentes peuvent être longues.

L'exemple le plus flagrant de 2019 est bien entendu Game of Thrones qui a plus divisé que prévu. Game of Thrones a plusieurs problèmes, déjà, comme pour Star Wars je ne comprends pas pourquoi le "s" est à Thrones y en a qu'un... Et y a qu'une seule guerre dans plusieurs étoiles.

Le deuxième point commun avec Star Wars c'est que la fin était déjà écrite avant le début pour Star Wars, la fin c'est - le plot twist comme disent nos amis d'outre-manche - c'est que le grand seigneur Vador est en fait le père de Luke, l'ancien apprenti d'Obi-Wan - ce pauvre fou de Ben - Kenobi. Il n'y a plus de Jedi, tous exécuté et le plus grand d'entre eux est un vagabond un peu sénile sur une planète marécageuse.
Je reviendrai sur ce point plus tard. Car comme Star Wars donc, la fin de Game of Thrones a été écrite... ou au moins murmuré à l'oreille de ces scénaristes qu'aujourd'hui on traîne au pugilat par, tenez vous bien, le véritable auteur de Game of Thrones, George RR Martin qui peut maintenant changer la fin (oui, mais non, mais oui, mais non mais oui). Et ce n'est pas spécialement que la fin est mauvaise ou non, c'est un parti pris et je le comprends d'ailleurs, c'est qu'elle arrive trop vite, juste pour raccrocher les wagons. Et on en vient au plus grand problème des suites ou des fins déjà écrites : l'auteur se laisse bercer par son récit et la fin vient comme une sorte de réalité morbide le rappeler à la raison.
Il le faut, Anakin le jeune pilote de podracer deviendra Dark Vador, et celle qui libérait les esclaves il y a deux épisodes, cramera toute une ville pour vaincre une rivale...

Il est étrange et amusant de se rendre compte à quel point que soit, les wagons ont été raccordés avec autant de délicatesse qu'un éléphant jouant aux mikado (expression qui ne veut rien dire, mais vous avez certainement compris l'idée). Le passage du coté obscur de Anakin, comme de Daenerys, est le pire moment de la saga et si pour Anakin on s'y attendait, la surprise de voir la mère des dragons devenir une SS avec un lance-flamme peut être... décevant.

Pourtant c'est la fin prévue. Seulement les scénaristes n'ont eu que quelques heures quand le maitre Martin aura lui plus de 3000 pages, minimum. Mais l'autre problème c'est que les scénaristes, ayant perdu la plume de l'auteur depuis la saison 5 ont fait de Daenerys et Jon Snow deux héros de héroïque fantasy avant une descente aux enfers de 3 épisodes et de rebasculer dans de la politic fantasy, la base pour moi de Game of Thrones.
De la même façon, on peut penser que c'est un truc scénaristique. Nous faire aimer un personnage pour nous choquer encore plus lors d'une séquence traumatisante... Mais comment ne pas être déçu quand Anakin passe du jeune premier prétentieux (on ne l'aime pas) au connard qui va exécuter des enfants. Mais comment ne pas complètement lâcher la saison quand la prétentieuse reine de l'Est pète les plombs et brûle tout sur son passage.

Soit le spectateur connait les astuces scénaristiques de base et dans ce cas il comprend qu'il s'est fait duper. Soit il se dit que c'est carrément mal amené.
Dans les deux cas, c'est trop facile et il faut savoir parfois s'échapper de la fin prévue...

harry potter et le prisonnier d'azkaban

Mes pensées sont tortueuses et parfois confuses alors j'espère de tout coeur que je vais réussir à me faire comprendre un minimum. Le meilleur exemple au-delà de Star Wars est Harry Potter.
Depuis que je suis petit j'ai lu Harry Potter et depuis que je lis Harry Potter, je le sais car c'était marqué dans le livre à propos de l'auteure, la fin était déjà écrite et planquée dans un coffre-fort. Mieux qu'une légende, JK Rowling affirmait qu'elle avait déjà une idée sur le final (c'est à dire un grand méchant terrassé par un petit cancre) et qu'elle n'en sortirait pas.
Les restes de ses romans ont permis la monté en puissance des personnages tous plus antipathiques les uns que les autres. Hagrid un clown super dangereux, Hermione une intello donneuse de leçon, Harry un insupportable petit con, Rogue un enfoiré qui cache bien son jeu, Dumbledore un puissant magicien un peu sadique mais somme tout sympathique.... Et ces personnages comme à chaque fois qu'on écrit ont grandi. Ainsi, Rogue, et aussi grâce au magnifique jeu d'acteur de Alan Rickman, est devenu un vrai gentil, souvent saboté par celles et ceux qu'il voulait sauvés. Et on a donc cru bon de le faire tomber amoureux de la mère d'Harry faisant passer le père d'Harry pour un énorme connard.

Tout ça pour dire qu'il est dur de finir une histoire qu'on a pas encore commencé et qu'il faut parfois ne pas proposer la fin que l'on avait en tête si celle-ci ne correspond plus aux personnages.

De la même manière que les meilleures adaptations sont celles qui ressemblent un peu moins au matériel d'origine. Oui c'est toi que je regarde Seigneur des Anneaux. Combien de libertés Peter Jackson a du prendre ? Et c'est pire dans le Hobbit ? Mais à la fois, c'est une nouvelle lecture de l'oeuvre et ça marche pas trop mal si tant est qu'on fait l'effort d'oublier un peu le livre (que je préfère, hein, me faites pas dire ce que je n'ai pas dit).
Et c'est aussi pour ça que Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban est un bon film ET un bon livre...

Je reviens à cette fin déjà écrite. De la même manière, vous avez sans doute vu How I Met Your Mother avec cette dernière saison si décevante pour les fans.
Nous avons une preuve que la fin était déjà écrite car la série finie par un plan des enfants, qui ne sont toujours pas devenue adulte en 10 ans. Car la scène a été tournée en même temps que la première saison.
Je résume pour ceux qui suivent pas, Ted sort avec Robin qui sort finalement avec Barney puis de nouveau avec Ted avant de se marier avec Barney et en fait, à la fin Barney et Robin divorce et Ted qui est veuf retourne avec sa véritable histoire d'amour : Robin.
Et c'est vrai. Putain, c'est évident, il ne parle que d'elle tout au long de la série et la mère ne vient qu'à la dernière saison avec un temps total à l'écran d'à peine 2h ! ça semble super logique, je suis content que les scénaristes aient pensé comme ça !
Mais...
Cette fin avec femme morte, orphelin et tante Robin qui devient belle-mère Robin n'est pas une happy end. Barney a mis tellement de coeur pour la séduire... Il fallait finir autrement...
Et jeter les rushs avec les enfants...

Fallait-il s'éloigner de Star Wars épisode 4 pour faire un bon épisode 3 ?
Fallait-il oublier ce que George RR Martin avait dit sur l'accession de Bran sur le trône ?
Fallait-il penser dès le début que le Père de Harry Potter était un connard et donc peut-être le tuer et faire de Rogue son beau père ?

Non en fait, deux secondes, Harry Potter est tellement un connard qu'il fallait bien qu'il tienne ça de quelqu'un. Je veux dire, on est d'accord, il est insupportable "oui c'est moi l'élu" ou "pourquoi c'est le roux qui se tape Hermione" ou encore "quoi, vous avez passé des vacances ici sans moi ?" et "pourquoi je suis pas préfet ?!"
Le pire personnage des romans est celui qui donne le nom au roman. Sans rire !
Et même pas foutu de lancer un sort correctement au bout de sept ans passé à l'école ! J'en connais des cancres, mais ça reviendrait à dire qu'au bout de 7 ans en biologie, je ne sais toujours pas différencier une mitose d'une méiose ? Alors oui, je me souviens plus des 20 acides aminés, mais quand même...

je m'égare...

Revenons à ce qui nous intéresse - ou plutôt ce qui m'intéresse : le point commun de toutes ces oeuvres que j'ai cité est un problème d'écriture. Je ne dis pas que c'est simple d'écrire bien au contraire c'est même très compliqué et je respecte tous les auteurs. Mais vous ne pouvez pas jeter aux orties vos personnages pour la fin ou par flemme.
Par exemple, je reviens comme promis sur le fameux Episode 3 de Star Wars... Passons le coté obscur en un clin d'oeil d'Anakin.
Il abandonne pas un peu vite Yoda ?
Après nous avoir fait "rêver" dans l'épisode 2, il ne peut pas échouer face à l'empereur sans se battre un peu. Là on dirait juste des alcooliques qui se lancent des chaises de bar, j'ai déjà vécu ça. J'ai pas abandonné. Non. Yoda ne peut pas juste partir en disant "vaincu, j'ai été..." Il n'a même pas essayé ! Mais il devait être vaincu, il devait se retirer du monde et on devait effacer la mémoire des droïdes. Comme si en lisant le scénario un script-doctor avait dit "Hey mais attends, pourquoi C3PO il n'a jamais rien dit ?!"

On commence à connaitre ces astuces de scénario et on les voit de plus en plus. Comme ceux qu'ils sont.
Malheureusement, on ne peut plus nous bluffer comme Sixième Sens ou Fight Club nous ont bluffé.
Aujourd'hui, on va chercher la petite bête, on va se faire des films nous mêmes, des théories, des fan fictions, des univers étendus et on va le faire encore plus vite qu'on a les moyens de les diffuser, de les partager rapidement et il est dur alors de nous surprendre.

Les histoires qu'on nous raconte ont toujours la même base, pour paraphraser Joseph Campbell : le héros a un problème il va le résoudre (lisez le héros au mille visages).

Il est plus dur aujourd'hui de faire une suite sans se répéter, sans se laisser entrainer par les sirènes de l'argent facile, il est plus dur aujourd'hui de continuer une saga, c'est encore pire quand on parle de prélogie, ou même de reboot. Les artifices scénaristiques sont de plus en plus connus. De plus en plus étudiés.
On ne peut plus faire une histoire de voyage dans le temps sans être repris par des gens, qui comme moi, ont lu quelques trucs sur le multivers et se croient experts.

Pendant que j'y suis :
Liste non exhaustive des oeuvres à voir à lire qui parlent de voyage dans le temps : La machine à explorer le temps, les Vaisseaux du temps, le voyageur imprudent (c'est fou de voir comme depuis Barjavel le voyage dans le temps a été ultra théorisé), Retour vers le futur, Minority Report, Terminator, Primer, Time Crime, Donnie Darko, l'Effet Papillon, Next, l'Armée des 12 singes, Edge of Tomorrow, etc.

On ne peut plus se laisser duper aussi facilement et j'avoue que c'est parfois un peu dommage.
Ces quelques livres ou films que j'ai cité plus haut sont symptomatiques. Il faut écrire vite, recoller les morceaux du mieux qu'on peut et ce même si on a changé de direction entre temps.
Il est très difficile d'écrire un Star Wars ou un Harry Potter en connaissant la fin. J'avoue. Mais ce n'est pas une raison pour le bacler. Yoda abandonne putain. Et l'autre débile tue des enfants pour sauver sa femme ? Dans quel monde il vit ? Quant à Daenerys, oui elle montrait quelques signes de débilités (surtout face aux gens qui ne voulaient pas plier les genoux) mais elle avait quand même de bons conseillers.
Et Harry Potter... Non je vais pas en rajouter sur lui, mais son auteure, c'est quoi cette avalanche de morts stupides dans une école gardé par le véritable héros loyal de l'histoire (Rogue). C'est pour faire plus larmoyant que Sirius ou Dumbledore ?

Je suis désolé, c'est peut-être difficile d'écrire aujourd'hui mais là c'est trop facile.

épilogue, épitaphe...

Il est donc de plus en plus difficile d'écrire quelque chose qui tient la route de bout en bout. Difficile, mais pas impossible. Je ne sais pas dans quelle mesure cela peut être fait, mais il y a des univers où l'on se laisse facilement bercer ou berner pour notre plus grand plaisir.
Avengers : Endgame et ce sera ma dernière citation. Il ne cherche pas à expliquer le voyage dans le temps juste que "ça ne marche pas comme dans Retour vers le Futur" et on ne sait pas comment Captain America arrive à tout replacer comme il faut. Mais ! Le scandale du jour c'est de se dire qu'il ne revient pas dans le bon univers... Et donc que toute la théorie est foutu par terre.
A cela nous ne pouvons répondre qu'une seule chose, depuis le début, il est marié à l'agent Carter. Et il n'est jamais intervenu pour quoique ce soit dans le monde de 1960 à nos jours... ça a dû être difficile pour lui... Notamment de voir s'écrouler les Twin Towers. Peut-être y ait-il allé d'ailleurs, l'histoire ne le dit pas. En tout cas, les scénaristes nous laissent entendre qu'il a toujours été là...

Là, je me laisse duper...
Alors pourquoi pas Star Wars 3, Highlander 2, WestWorld ? Parce que c'est trop gros...

Je ne suis pas un bon écrivain, ni un bon scénariste, un nouvelliste peut-être, parce que plus c'est court plus c'est simple. Mais je sais une chose : écrire, ce n'est pas simple. La preuve, je suis confus, je perds mes idées en route.
Mais ce que je sais, c'est que parfois, le mieux, c'est d'accepter de changer. Surtout si nos personnages ont pris le pas sur nous.

on croit toujours que l'auteur tire les ficelles, mais il n'est que la marionnette de personnages qui deviennent trop puissants.
Mais ceci.....
Est une autre histoire.

à suivre...

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