myrzouick

écrire, scénariser et mourir vite...

17/11/2019

les acteurs...

Oups, je suis en retard. C'est à dire qu'on est le 17 et que je n'ai pas écrit depuis plus d'une semaine sur ce blog. Si on compte qu'en plus, la semaine dernière était déjà pré-écrite puisque j'en ai profité pour vous mettre à disposition une nouvelle que j'ai écrite un peu plus tôt.
Alors que faire cette semaine ?
Cette semaine, j'avais décidé de parler des personnages. Les personnages que l'on écrit et qui nous échappent forcément. Et je vais m'intéresser dans un premier temps aux acteurs qui incarnent ces personnages. Il est important pour moi de vous dire qu'en écrivant on a toujours en tête une idée bien précise sur le personnage que l'on décrit.
Qu'il soit héros, secondaire, némésis ou anti-héros, chaque choix que nous faisons concernant nos personnages influence le récit d'une manière parfois inattendue.
Encore une fois, je pars sur une lapalissade, donc je coupe court, vous savez bien.

Les acteurs donc.
Les acteurs doivent incarner un personnage et c'est là que ça devient intéressant...
Certains acteurs par exemple n'incarneront à jamais qu'un seul personnage. Peter Falk par exemple, l'inspecteur Columbo Mark Hammil, Luke Skywalker (il est aussi connu pour avoir donné sa voix au joker mais le rôle de Luke lui colle à la peau et, tout comme Peter Falk, l'a quasiment empêché de tourner autre chose), Daniel Radcliff, Harry Potter et c'est dommage d'ailleurs parce qu'en vrai, il est vraiment bon comme gars mais c'est Harry Potter tout comme Macaulay Culkin est Kevin McCallister (d'ailleurs une petition circule pour qu'il reprenne son rôle dans le remake annoncé de Netflix...)

L'occasion de m'arrêter une seconde sur Maman j'ai raté l'avion et Maman j'ai encore raté l'avion deux films cultes devant lesquels j'explosais de rire avec mon frère quand j'étais petit.
Comme en ce moment, je me replonge avec Nostalgie dans ces films que je regardais môme(et parfois, je vous l'avoue je regrette), j'ai revu les deux films avec ce gamins qui met la misère à deux cambrioleurs un peu niais. Et... Bah en fait, Kevin c'est un méchant !! Je veux dire. C'est pas lui le héros ! C'est le grand méchant du film.

Alors dans le premier film, il défend sa maison et à part les plombs dans les couilles, le clou rouillé dans l'escalier, les pots de peinture dans l'escalier et bien entendu le fer à repasser dans la gueule. Il est plutôt gentil et les vilains cambrioleurs super résistants...
Mais dans le 2, eux cherchent à se venger, la vengeance voyez c'est mal (petit message à nos plus jeunes lecteurs). Mais en vrai c'est un assassin ce type !! je comprends pourquoi les Etats-Unis n'ont pas ratifié la convention internationale des droits de l'enfant et qu'ils peuvent encore être condamné à mort, parce que ce petit con là, c'est un dangereux !
Il commence par lancer des briques dans la gueule depuis le toits d'un immeuble. Des briques gars.
Scie le plancher pour les faire tomber (bon après, regarde ou tu marches aussi toi).
Brule la tête avec un chalumeau ET piège les chiottes pour que ça explose.
Agrafe les couilles d'un gars.
Electrifie les robinets, le gars devient LITERALLEMENT UN SQUELETTE.
Crame la corde et prends du plaisir à les voir se casser la gueule !
Et quand je dis que c'est un assassin, je différencie évidemment le meurtre (sur un coup de tête) et l'assassinat, il fait des plans pour tuer ses victimes ! Un danger je vous dit.

Je dis pas que les vilains cambrioleurs le méritent pas mais... mais non en fait, ils ne le méritent pas ! Ils piquent des trucs et inondent des caves bordel. Bon, mon avis changera quand je me ferai cambrioler. Mais merde, ils ne le méritent pas ! Même aux USA on ne condamne pas les voleurs à la peine capitale quoi.
Et merde, tout ça parce qu'ils volent la caisse des petits enfants dans le magasin de jouet ? Mais le mec est assuré et puis y a pas un directeur de magasin qui va pas mettre son pognon au coffre avant le seul jour férié de l'année quoi !

Je m'égare de plus en plus. Et de plus en plus c'est pour raconter de la merde.

incarnation...

Jusqu'où les acteurs incarnent leur personnage ? Prenons Viggo Mortensen du Seigneur des Anneaux. Arrivé plus tard sur le tournage car Peter Jackson avait casté avant lui un Aragorn trop jeune (dans Les Deux Tours, Version Longue, on apprend que Aragorn a 87 ans, il vivra même jusqu'à 210 ans), Viggo demande à garder son épée, retouche ses costumes et lit tout les livres de Tolkien pour avoir une connaissance accrue de son personnage.
Sur le tournage, il ira jusqu'à organiser des pique-niques géant comme le bon "chef de troupe" qu'il joue pour permettre à l'équipe d'avoir un beau levée de soleil (rouge, "du sang a coulé cette nuit").

On peut dire que lorsque Viggo Mortensen brandit le Palantir pour menacer Sauron en lui montrant l'épée reforgée, il sait pourquoi Aragorn (son personnage) le fait, il comprend ses motivations.
L'acteur incarne le personnage. Il le rend vivant, crédible. Viggo est un rodeur du nord, descendant des Numenors. Il ne se sépare pas de son épée pour l'apprivoiser, la connaitre. Il devient alors crédible. Il est Aragorn.

On pense à des prestations exceptionnelles à l'instar de Viggo Mortensen d'acteurs qui se sont appropriés des personnages. Si certains apprennent le piano comme Adrian Brody, d'autres s'isolent et deviennt complètement dépressif comme Heath Ledger dans son rôle pour The Dark Knight... Bon, j'ai déjà parlé ici de the Dark Knight, alors je vais pas en rajouter. Mais il semblerait que se mettre dans la peau du Joker soit devenu une sorte de passage obligé. Alors que c'est débile, le mec reste un psychopathe.
Ah, et on me dit que je n'ai pas parlé du Batman de Nolan... Bah j'y reviendrais...
C'est donc ce rôle du Joker qui a peut-être poussé Heath Ledger au suicide et c'est vraiment triste car j'adore ce gars depuis que je l'ai vu dans Chevalier !

Le joker donc qui a transformé Jared Leto en "diva" qui envoie des cochons morts à ses collègues et qui a fait perdre du poids à Joachim Phoenix (qui s'est aussi isolé et à envoyer chier certains de ses collègues, mais il s'était renseigné sur les malades mentaux pour avoir plus d'épaisseur dans son rôle.
Il a aussi volé la danse de Chandler...

Et c'est à cet instant que je me pose une première question. Qu'est-ce qu'un bon acteur ?
Un acteur porte un masque c'est évident ("Tout le monde porte un masque, c'est une métaphore bien sûr.")
Un mec qui joue un tueur sanguinaire ne va pas tuer en sortant de plateau, il va prendre des petits gateaux sur le buffet et retourner dans sa loge. Et si l'acteur porte un masque, alors pourquoi est-ce si difficile d'entrer dans le personnage voir dans ressortir ?
Je veux dire, Rami Malek est bien, mais il a passé quelques semaines avec des coachs en gestuels, langues piano et en chant pour "devenir" Freddie Mercury, alors oui, il est convaincant, mais un bon imitateur est-il un bon acteur ?
Je veux dire : être un bon acteur est-ce que ça veut juste dire être bien préparé ? Prendre ou perdre du poids (salut Christian régime sec ou régime burger pour le prochain film ?) Etre un bon acteur c'est connaitre ses lignes ou simplement imiter. Avec le lot de biopics qui sortent et le nombre d'archétype de héros (boyscout, torturé, président de les états-unis, grand coeur, redemption) ou les archétypes de vilains (défigurés, fous, cerveau, machiavélique) il suffirait presque de picoher dans les archives pour "bien" jouer.
"Dis, fais moi le méchant communiste comme Sirius Black dans Air Force One..."
Moi-même je ne comprends pas le sens de cette phrase, mais ça sonnait bien dans ma tête.

... ou incarné ?

Être acteur c'est donc incarné un personnage. Le personnage entre dans l'acteur et fait plus ou moins de dégâts dans sa tête et dans son corps.
Il existe des psy qui aident les acteurs à sortir de leur personnage.
Tiens d'ailleurs, il y a des trucs vraiment mais vraiment sympa dans 10 pour cent et pourtant c'est une série française. Mais par exemple dans la saison 2, les agents de Dujardin vont tenter de le faire sortir d'un personnage de Poilus déserteur. C'est tordant !

Mais quand c'est l'inverse ? Quand c'est le personnage qui est incarné par un acteur ! Et les exemples de cet anti-personnage ? anti-acteur ? ...
Y a forcément un mot pour ça...
Attendez je cherche.

Non je trouve pas, mais je vais m'acheter le Paradoxe sur le Comédien de Diderot qui dit qu'un acteur ne doit jamais s'identifier totalement à son personnage. Mais piocher dans son vécu et son imaginaire pour créer le rôle.
Un bon acteur n'enfile pas les habits et la psyché de son personnage mais les comprend en trouvant un écho dans son passé, sa culture, sa vision.
Et arrive Iron Man...

Robert Downey Jr. est Iron Man. Il a mis dans Iron son coté mégalo de drogué sur le retour, il a mis son irrévérence et son parlé. Quand on sait que le scénario de Iron Man a été écrit à la va vite parfois sur le plateau de tournage, on comprend que la plupart des lignes de dialogue ont été improvisée par un acteur a qui on a fini par faire confiance.
Malgré un passé plus que tumultueux. Lisez Wikipedia.
Robert Downey Jr. est Iron Man parce qu'il a mis tout son vécu dans Iron Man et dans Sherlock Holmes (tu le comprends mieux le passé d'opiomane chez le grand détective ?)
Et pourtant la critique continue de dire que les films des Avengers ne sont pas du cinéma, que les acteurs sont des yesmen au service de mickey payés trop grassement...
Mais si la définition d'un bon acteur c'est de trouver des résonances entre son histoire, sa culture et son imaginaire pour les mettre dans un rôle, alors Robert Downey Jr. mérite plus encore l'oscar que Rami Malek !!

Bon j'en rajoute un peu mais en gros, si vous y pensez sérieusement... Les grands acteurs sont ceux qui épaississent le rôle qu'ils jouent ou bien sont-ils ceux qui incarne stricto-sensu le personnage (vous pensez quoi par exemple de Shia Leboeuf qui ne se lavait pas pendant le tournage de Fury parce que les soldats dans un tank ça pue ?)
Que dire aussi des acteurs comme Louis de Funès ou de Jim Carrey par exemple ?
Louis de Funès dans mon film préféré l'Aile ou la Cuisse par exemple est Louis De Funès, il est le patron colérique, grimaçant, un peu raciste qu'il est dans tous ses films (d'Oscar à la Zizanie en passant par Rabbi Jacob et la Grande Vadrouille).
De son aveu lui-même, lors d'une interview par Michel Drucker, il disait qu'il ne voulait plus être dirigé. En gros, quand on se payait Louis de Funès, on avait Louis de Funès et il savait quoi faire.
Si le réalisateur ne dirige même plus l'acteur, il n'a plus la main sur son personnage.

Et je pense que c'est la même avec Jim Carrey. Le mec est The Mask depuis le début quelque soit le film qu'il fait.
En quoi seraient-ils de moins bons acteurs ? Parce qu'ils ne jouent rien de différent ? (Je sais que je l'ai déjà dit, mais regardez Eternal Sunshine of Spotless Mind ou Kidding).

Les scénaristes sont aussi confronté à ces acteurs qui veulent telle scène, tels dialogues, tel passé.
Si les ajouts sont bons, le personnage est-il le même ? Est-ce l'acteur qui aura plus de facilité à l'incarner ?

épilogue épicurien

Pour être un acteur faut-il s'oublier ? Pour être un bon acteur faut-il incarné un personnage ou se laisser incarné par son personnage.
Si je n'ai pas oublié mon latin, dans incarné y a "carné", la viande et "in" qui veut dire dedans. Donc venir dedans la viande. La viande du personnage ou la viande de l'acteur ? Qui marine dans le jus des émotions de l'autre en permanence ? Qui se fait poivrer par des scénaristes avant de se faire doré sous les projecteurs ? Qui laisse échapper des saveurs insoupçonnés quand on l'allie à une viande plus tendre ?
A qui devrait-on coupé les couilles pour avoir une viande plus tendre (peut-être à une masse de producteurs, acteurs et réalisateurs - pendant qu'on y est, on ne peut pas séparer l'artiste de l'homme, je dis ça au hasard bien sûr, mais je vous l'ai dit en début de blog, je vous l'ai redit aujourd'hui, on ne parle que de ce qu'on connait, l'artiste en nous est abreuvé de nous. Quand j'écris sur ce blog, je suis le même qui va bosser le lendemain, je suis votre pote, votre amant, je ne change pas. Je ne rentre pas en transe pour écrire en oubliant totalement qui je suis comme un acteur ne peut pas être totalement le personnage qu'il va incarné - ça fait une longue parenthèse, mais vou avez-vu comme j'ai su retomber sur le sujet de base ?)
La viande donc...
Non je vais aussi arrêter avec cette métaphore culinaire.
Les acteurs sont des êtres complexes et apportent leur complexité aux personnages. Parfois, malheureusement, ils sont mauvais et déservent l'oeuvre dans laquelle ils apparaissent mais en règle générale le comédien doit jouer. Et pour jouer il faut porter un masque.

Finalement, à partir de quand sommes-nous nous-mêmes des acteurs dans notre propre vie ?
Freud sépare la psyché humaine avec son moi (anormalement adapté), son sur-moi (profond) et son "ça" (l'inconscient qui ne remonte jamais à la surface). Si bien qu'on en vient à douter du fameux cogito ergo sum puisque je ne pense pas vraiment puisque ça pense en moi. Le moi étant une façade censée cacher nos pensées plus sombres, plus folles.
Une fois n'est pas coutume, je vais vous laisser une page que (fut un temps) j'avais écrite dans un élan philosophe : une petite disertation entre moi et ça sans prétention.

Alors ne sommes-nous pas tous des acteurs ?
Et le plus grand de tous n'était-il pas Robin Williams qui a réussi à nous faire croire que c'était un clown ? Un homme brillant, élégant et qui est parti car il était rongé par la dépression ?

La question pourrait être : est-il plus dur d'être acteur ou de devenir le personnage ? Faut-il s'oublier pour entrer dans un rôle ou faut-il amener dans le rôle tout ce qui fait de nous ce que nous sommes ?
Quand on écrit un personnage, pense-t-on à qui va l'incarner ? N'est-il qu'un reflet de notre personnalité ? Comment est écrit un personnage ? Qui le compose ? à la fin, il y a toujours quelqu'un qui le lit et l'interprète. Et encore une fois, c'est un soucis d'appartenance... Et le personnage appartient à celui qui en fait quelque chose.

Oui, nous jouons tous un rôle... TOUS. Alors, faut-il que se rôle soit le plus proche possible de ce que l'on est vraiment ou faut-il finir par devenir ce rôle que nous jouons ?
Y a pas de mieux...
Juste une simple question...

à suivre...

LA PAGE D'AVANT

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