myrzouick
écrire, scénariser et mourir vite...
22/08/2021
des bouts de toi dans chacun de mes pas
Il y a peu, je vous parlais de transmission. L'idée que nous sommes dans ce monde pour transmettre ce que nous savons et aussi ce que nous sommes. Un article que j'avais écrit juste après un autre intitulé : tout est lié où je m'interrogeais sur la naissance d'un être vivant et conscient.
Deux thèmes qui tournent en boucle dans mon crâne en ce moment sans que je sache réellement pourquoi.
Ce sont deux vraies questions : comment transmettre ce que je suis ? Et bordel de merde, qui suis-je ?
Vous vous doutez bien que je ne vais pas répondre à ces deux questions fondamentales aujourd'hui. Déjà parce que je ne connais pas la réponse, que je ne sais toujours pas quoi transmettre, à qui, ni comment. Et parce que le but de ce blog, c'est surtout d'écrire des histoires.
Car j'ai l'impression que lorsque j'écris, tout est plus fluide et j'arrive à poser les bases d'une réflexion que je peux me permettre de terminer plus tard.
Si d'habitude je me sers de cette facilité pour démonter Harry Potter. Aujourd'hui, je vais plonger en pleine introspection et dans une réflexion qui m'est venu lors d'un week-end un peu trop arrosé de gin, entouré de gens qui... m'ont marqué.
Voici donc l'histoire de celles et ceux qui ont tour à tour, tout au long de ma vie, comblé un vide en moi.
L'introduction étant faite voici la base de la réflexion du jour : les gens que tu rencontres (et je me parle à moi-même) font forcément partie de toi.
être multiple
Forcément !
Les gens que tu rencontres font partie de toi.
A partir du moment où tu apprends à connaitre quelqu'un, à partir du moment où tu croises quelqu'un, ce quelqu'un (ou quelqu'une) te marque à jamais, point.
Vous pouvez le nier.
Dire que vous êtes forts et indépendants, que vous n'avez pas besoin des autres pour vivre mais laissez moi vous dire que dans ce cas je trouve ça triste.
Vous pouvez aussi interjecter que donner autant d'importance aux gens qui m'entourent c'est aussi me donner de l'importance. Dire qu'ils m'ont marqué, n'est-ce pas espérer qu'à mon tour je les ai aussi marqués ?
Il y a une sorte de vanité dans cette phrase. Je suis peut-être quelqu'un de vaniteux.
Mais je reste persuadé que chacune de mes rencontres m'a permis de me forger peu à peu. Est-ce réciproque ? Je ne sais pas.
Et alors ?
Qu'on soit clair, que tu le veuilles ou non toutes les personnes que tu as rencontrées se sont inscrites en toi. Que ce soit pour te rendre meilleur, pour te rendre pire.
Tu es changé.
Je change parce que je croise des gens qui vont bousculer mes convictions, changer mes opinions ou au contraire les renforcer. Je sais que je peux changer. J'ai envie de changer. Alors pourquoi pas profiter d'une histoire pour grandir ?
Que ce soit un rien, que ça te bouleverse, toutes les histoires qu'on va te raconter vont te rendre un peu meilleur (si tu as de la chance) ou un peu pire.
Les histoires des gens autour de toi vont te rassurer, te terrifier.
Elles vont te rendre plus fort, t'affaiblir...
En un mot elles vont te toucher.
Dans certaines de ces histoires, on se rend compte qu'on est un salaud, un moins que rien.
On doute.
On stresse.
On se demande si jusque là on a pris le bon chemin.
Dans d'autre on juge, on se dit "aurais-je mieux fait" comme dirait Goldman que je paraphrase souvent : Aurais-je été meilleur ou pire que ces gens ?
Le fait de l'entendre me permet d'analyser ce que je suis, ce que je pourrais être et ce que je devrais être.
Trois personnes bien différentes ! Entre ce que je crois être et ce que je suis. Entre ce que je renvoie et ce qu'on comprend. Je ne suis même pas sûr de vouloir savoir quelle personnalité est plus grande dans ma tête.
Parfois on reste indifférent, mais même dans ce cas, c'est une réaction, un choix délibéré de ne pas être perturbé par un homme, une femme, une rencontre.
Oh ! il arrive que tout change, que le monde s'écroule, que des vérités deviennent des mensonges. Il arrive que des paroles soient des coups de poignards.
Tu laisses les personnes que tu croises entrer dans ta tête et tout chambouler.
Pour mieux te remettre, pour mieux comprendre les autres, pour mieux exister aussi à travers d'autres histoires.... Ou pour mieux tout casser.
être un
Souffle. Inspire...
Prends le temps de remettre tes idées en place.
Au contact des autres, on apprend. On apprend énormément. On devient meilleur. Parce qu'on veut apprendre, on veut comprendre. Les destinées de chacun d'entre nous, l'envie de s'ouvrir, la façon dont on se rencontre. Tout peut toujours changer. Tout semble lié.
Et si tu ne changes pas ? Si tu es hermétique ?
C'est que tu le veux aussi. Ta réaction dépend de toi, je ne vais pas dire le contraire. Je vois bien que tu ne veux pas avoir l'air aussi influençable. Je vois bien que tu veux être plus fort, que tu ne veux laisser personne dicter ton destin.
Malheureusement je ne crois pas qu'on puisse être aussi inébranlable.
Chacune des personnes que l'on rencontre détient une partie de la vérité. Une vérité qui lui est propre et qu'il ou elle te raconte, te dévoile. S'ouvrir aux autres c'est un peu s'ouvrir au monde.
Et nous sommes récompensés.
Qu'on soit clair, on est bien seul dans sa tête.
On est bien seul dans sa conscience. A bien y réfléchir, rien ne nous prouve que les autres pensent. Il n'y a que mes pensées sous mon crâne. Il n'y a que ma voix qui y résonne. Je suis et je resterai définitivement seul.
On vit seul. On meurt seul.
On pense seul.
On rêve seul.
Tiens même ta posture change. Tu te redresses, tu rentres le ventre, tu veux plaire.
Toujours un sourire en coin pour ne pas avoir l'air d'être surpris ou perdu. Dans les soirées tu fais attention à ce que ton âme ne soit pas éclaboussée. Ton rôle change. Tu seras le sceptique, le dragueur, le taiseux, l'excentrique. Tu joueras jusqu'à ce qu'on te perce à jour.
Alors...
On a tous des moyens de se défendre contre des intrusions et pourtant toute attaque, si on peut appeler ça comme ça, est bonne.
Dans un essai de 1500 pages (que je n'ai jamais réussi à finir) et sous la direction de Bruno Dumézil, Les Barbares, parlent de l'apport qu'ont eu ces guerriers nomades sur les civilisations. L'ennemi de l'homme "civilisé" est nécessaire. Que ce soit d'un point de vue culturel, linguistique ou même philosophique.
Ainsi, les barbares qui t'entourent et peuvent tout raser dans ton esprit peuvent aussi être bénéfiques !
Apparté : je me rappellerai toujours de cette sincérité, de cette force que peut avoir Conan le Barbare lorsqu'il parle de ses dieux. Si nous le croyons nihiliste, il s'avère beaucoup plus nuancé dans les textes de Robert E. Howard dont je vous dévoile mon passage préféré :
- La vie, aussi mauvaise puisse-t-elle être, est préférable à une telle destinée. Et toi, en quoi crois-tu, Conan?
Il haussa les épaules.
- J'ai connu un grand nombre de dieux. Celui qui nie leur existence est aussi aveugle que celui qui leur fait une trop grande confiance. Je ne cherche pas à savoir ce qu'il y a au-delà de la mort. Ce sont peut-être les ténèbres, comme l'affirment les sceptiques de Némédie, ou bien le royaume de glace et de nuages de Crom, ou encore les plaines enneigées et les salles voûtées du Valhalla des peuples du nord. Je l'ignore et cela m'importe peu. Il me suffit de vivre ma vie intensément; tant que je peux savourer le jus succulent des viandes rouges et le goût des vins capiteux sur mon palais, tant que je peux jouir de l'étreinte ardente de bras à la blancheur d'albâtre et de la folle exultation de la bataille lorsque les lames bleutées s'enflamment et se teintent d'écarlate, je suis satisfait ! Je laisse aux érudits, prêtres et philosophes le soin de méditer sur les questions de la réalité et de l'illusion. Je sais une chose: si la vie est une chimère, alors moi aussi j'en suis une; par conséquent l'illusion est réelle pour moi. Je vis, je brûle de l'ardeur de vivre, j'aime, je tue et je suis satisfait.
C'est dans la nouvelle La Reine de la Côte Noire que vous pouvez aussi retrouver en BD adpaté par Morvan et dessiné Alary.
Et si tout pouvait se résumer ainsi. Sans le coté tueur ! Disons : "je vis, je conte, j'aime, je suis satisfait..."
mais revenons à notre sujet du moment...
épilogue, épimorphisme
S'ouvrir aux autres est la meilleure façon de se connaitre et de changer.
C'est un exercice qui est difficile, douloureux parfois, mais nécessaire à notre construction.
Encore une fois, je vous invite à lire les deux articles précédents là et là, où j'essaie d'expliquer l'apport de l'expérience de mes parents, de mon espèce (humaine) et de tout un tas de gens qui ont fait de nous ce que nous sommes.
Car on ne peut pas nier l'apport que peut avoir notre éducation et notre environnement, mais ça ne fait pas tout.
Il y a une part (infime ou non) de nous qui a été construite grâce aux récits et à l'expérience d'autres personnes. Il y a une part de nous qui a été forgée dans les échanges !
J'ai rencontré des gens, durant ce week-end alcoolisé au soleil, que je ne reverrai peut-être jamais. A qui je ne parlerai peut-être plus jamais. Des inconnus qui ont traversé ma vie et qui m'ont changé.
Peut-être nos routes se croiseront de nouveau et j'en serai très heureux mais quoiqu'il arrive, leurs histoires, leurs postures, leurs expériences sont imprimées en moi. Et désormais, ils ne sont plus des anonymes puisqu'ils sont "moi".
S'ouvrir aux autres, à leurs histoires, apprendre, rencontrer d'autres gens.
Tout notre attirail social nous aide à nous construire. En réaction, en mieux, en pire, renforçant nos convictions ou en les fragilisant.
Nous sommes des animaux sociaux.
Fragiles, imparfaits... mais tellement intéressants !
Et c'est un angoissé des interactions sociales qui vous le dit !
Chaque histoire est unique, la notre est pleine de trous que tout le monde peut combler.
Rencontrer c'est apprendre.
Apprendre c'est vivre.
Et à la fin, nous sommes tous un peu de soi, beaucoup des autres.
Passez une bonne rentrée.
On se retrouve très vite.
Merci d'être là.
Sans vous... je ne serai que moi !
à suivre...