myrzouick
écrire, scénariser et mourir vite...
09/02/2020
et dieu dans tout ça ?
A force de prendre de la hauteur, l'auteur se prend pour Dieu. C'est peut-être ça le principal problème de tous ceux qui se lancent dans une entreprise de création qu'elle soit musicale, filmique, littéraire ou même dans la vraie vie véritable (réunion, présentation, formation...).
Comment passe-t-on de marionnettiste principal à dieu ? Est-ce une question d'égo mal placé. Probablement.
Dans tout ça Dieu est celui qui crée et celui qui crée c'est vous, c'est moi, c'est tous ceux qui a un moment donné ont pris la plume (ou le clavier plutôt) pour définir un monde, faire naitre des héros (ou des anti-héros) et les faire interagir entre eux ou bien face à chaque épreuve en face d'eux.
Dans tous les cas l'auteur et dieu ne font qu'un.
Il suffit de lire Bernard Werber pour le comprendre... Smiley lèvres serrées qui regarde sur le coté l'air de rien dire mais en fait ce simple regard veut dire beaucoup...
D'ailleurs si vous me permettez d'aller plus loin et si Dieu c'était un écrivain qui avait mal tourné ?
Aujourd'hui, l'hypothèse divine quand elle est énoncée dans un film ou dans un livre n'est qu'une ficelle et tout le monde la voit aujourd'hui comme une ficelle.
A la fin de Signes de Night M Shyamalan, le héros - enfin je sais pas si on peut appeler ça héros - le personnage central retrouve la fois car, coincé dans sa diégèse, il voit les astuces et les trucs du scénariste/réalisateur comme une intervention divine et non comme de simples trucs.
Des trucs pour nous, pour tout le monde et ce depuis le théatre grec : "Deus Ex Machina" (on en a déjà parlé là, je crois).
Tous les artifices de scenario que nous connaissons aujourd'hui : retour d'un personnage mort, apparition fantomatique, destinées et prophéties étaient moins connu de nos lointains ancêtres.
Et si on leur avait menti ?
Dieu est apparu pour expliquer des problèmes dans les histoires écrites et racontées par les anciens.
Mais comment Osiris est devenu le roi des dieux égyptiens alors qu'il a été découpé par son frère Seth ? Intervention divine.
Comment est-il possible que Hercule soit aussi fort ? Intervention divine (et par intervention je veux dire insémination de sa mère par le plus queutard de tous les dieux, j'ai nommé, Zeus).
Jésus a multiplié les pains et les poissons. Intervention divine... D'ailleurs, on peut se tenter un petit syndrome de Scully. Il est fort possible que les gens réuni autour de Jésus pour manger du pain et du poisson aient apporté (apparemment ça se faisait à l'époque) eux aussi du pain et du poisson.
Peut-être même qu'avant la boom organisée par les apotres ils avaient dit : "ramenez chacun un truc".
Un peu comme ces pique-nique où tout le monde dit "chacun ramène un truc" et toi tu ramènes toute la charcuterie (jambons, saucissons, rillettes) et du fromage. Et que les autres ont ramené des olives. Wesh ?
Pardon.
Jésus, disais-je, passe le plat avec trois pauvre poissons et cinq croutons de pain au mille personnes présentes.
"Vivre c'est partager."
Je sais pas s'il l'a dit mais c'était l'idée.
Les invités devant ce repas frugal - ... et ce foutage de gueule, clairement ! - n'osent pas faire la fine bouche, après tout le gars qui les a convié là semble avoir fait pas mal de trucs sympas quand même. Et ils sortent de leur poche ce qu'ils ont prévus. L'assiette en terre cuite tourne tourne et retourne et revient finalement à Jésus qui voit - oh bah ça alors - 3 poissons et 5 croutons de pain. Et tout le monde a déjà la bouche pleine.
La conclusion logique pour ses apôtres derrière lui est : il a multiplié les pains !
Trucs de fou !
A partir de quand les mensonges de nos auteurs sont devenus des interventions divines ?
conteur menteur
Aujourd'hui, c'est de la paresse, des trucs scénaristiques. Mais avant. Avant c'était précurseur. On avait envie d'y croire. Et on inventait ce qu'on voulait. Jésus a ressucité dit-on. Est-il vraiment mort ?
Sur le sujet j'ai récemment vu le film Jésus, l'Enquête et... Je vais en parler cinq minutes.
Jésus, l'Enquête, raconte l'histoire d'un journaliste plutôt compétent et surtout très sérieux dans un journal très sérieux où l'on met un point d'honneur à vérifier ses sources. D'ailleurs le seul truc cool que je retiens de ce film c'est la phrase accroché en haut d'un tableau dans la rédaction qui dit "if your mother says she loves you, check it out" qu'on pourrait traduire par "si ta mère te dit qu'elle t'aime, vérifie [l'info]". Ce qu'il faudrait apprendre à nos jeunes têtes blondes quand ils commencent à se connecter aux réseaux sociaux pour pas retweeter de la merde mais aussi dans une moindre mesure au moins mettre en doute la parole de médias dominants
Même si
Les médias dominants eux sont composés de journalistes qui, justement, vérifient leurs sources. Contrairement à d'autres personnes qui balance des infos sans prendre le temps et le recul nécessaire à leur vérification...
Et
On peut probablement critiquer une ligne éditoriale quelle qu'elle soit (les journaux sont souvent des journaux d'opinion) mais pas les journalistes qui continuent de faire leur travail le plus éthiquement possible.
Jésus l'Enquête donc : un jour une infirmière sauve la vie de sa fille dans un restaurant et sa femme devient croyante car "l'intution de l'infirmière l'avait fait venir dans le restaurant" et cette intuition est tout de suite prise pour une intervention divine.
Le journaliste devient fou furieux et est obsédé par une seule chose prouver que Jésus est une fake News qui a mal tourné.
Sa théorie est simple : s'il n'est pas mort alors il n'a pas pu être ressuscité et donc l'acte fondateur de toute la chrétienté est nul et non avenu tout comme la Foi en général... Et c'est là que le film par un peu en couille...
Le journaliste va plonger dans des témoignages de gens qui rapportent ce que rapportent des gens et va même interroger un médecin qui va lui affirmer que Jésus est bien mort sur la croix.
ça je veux bien le croire vu le supplice que les crucifiés subissent.
Always Look On the Bright Side of Life...
C'est irrévérencieux, mais c'est pour ça que c'est marrant et puis merde on peut blasphémer aujourd'hui. Faut juste avoir du talent pour ça.
Bref le journaliste finit par se convertir car il a eu assez d'éléments qui prouvent que Jésus est mort et a ressuscité... Voilà...
Et il écrit un livre qui est donc adapté en film.
Si on est clairement face au syndrome de Scully (qui s'étire en longueur, j'ai trouvé le livre bien bien long), je suis désolé mais ça marche pas. On peut pas relire des témoignages vieux de 2000 ans et en déduire une vérité. Une vérité, et c'est expliqué comme ça, car "aucun martyr de l'église ne mourrait pour un mensonge". Bref ça me dérange.
Un mensonge peut-être pas mais il peut y avoir tellement d'explication : le jumeau par exemple.
Merde, je viens de spoiler le Prestige
Je ne sais pas si Dieu existe vraiment et c'est le principe même de la foi - croire en l'improuvable - mais dans tous les cas je pense qu'il sera impossible pour moi de prouver sa non-existence et pour un croyant de me prouver son existence.
Tout ce que je vois ce sont des coïncidences (et pas de destin) et d'éventuelles paresses d'écritures qui, encore une fois, devaient être carrément classe à l'époque.
C'est quand même bien écrit, bien enrobé. Le Dieu Vengeur qui expulse les humains de l'eden, qui noie le monde et envoie sept plaies en égypte. C'est assez classe quand même.
Comme pour l'Amour.
Je ne sais pas si j'ai déjà parlé ici de Mensonges, trahisons et plus si affinité mais la théorie du génial Edouard Baer quand il parle de l'amour est magnifique.
Une idée d'un barde en manque d'inspiration qui tourne mal et qui s'échappe de son créateur.
épilogue équipé
Il vient peut-être un peu tôt cet épilogue, mais j'ai besoin de conclure rapidement car mes pensées sont presque fraiches.
Je pense sincèrement que les auteurs sont des dieux...
Voilà.
J'entends au sens strict du terme : un dieu est un être supérieur doué d'un pouvoir surnaturel sur les hommes d'après le Larousse. Et les auteurs ont ce pouvoir sur les hommes.
Ils écrivent l'histoire, font interagir tout un univers à travers leurs pensées, leurs mains. Le récit est contrôlé de bout en bout jusqu'à une fin funeste ou tragique. Quand on ferme le livre alors tous les personnages sont censé mourir mais finissent éternel dans l'esprit des lecteurs.
Les écrivains sont des dieux car ils prévoient chaque action, chaque dialogue, chaque réponse.
Vous vous êtes déjà fait des films (des histoires) dans votre tête et avez été déçus que tout ne se passe pas comme vous l'aviez prévu ? Oui ? Félicitations vous avez été victime d'une frustration que ne connait pas Dieu, ni les écrivains qui se prennent pour Lui.
Voyez comme même si je ne crois pas, je témoigne un peu de respect avec une simple majuscule ?
Tout tourne bien dans un livre ou un film. Aucun accroc d'aucune sorte.
Jusqu'à ce que...
Jusqu'à ce que les personnages s'en mêlent finalement. Jusqu'à ce que les personnages deviennent vivants et qu'ils prennent le pouvoir. Jusqu'à ce que les auditeurs, les spectateurs et les lecteurs s'approprient les légendes pour en faire les leurs.
Jusqu'à ce que le barde perde le contrôle sur toute son oeuvre. L'oeuvre d'une vie.
Qu'il a dû être dur pour Georges Lucas, Dieu des Dieux dans un univers gigantesque, de vendre les droits de sa franchise à Disney et Kathleen Kenedy la mal-aimée.
Quand l'histoire s'échappe du barde elle ne lui appartient plus. Ses personnages sont repris, développés par d'autres, ils deviennent légendaires.
Voilà ce que j'ai fait dans ce blog finalement. Je n'ai pas arrêté de dire : tuez vos dieux. Par principe, à chaque fois que cela est possible. Tuez vos dieux. Brisez vos chaines.
Et si vous êtes vous-mêmes un dieu, libérez-les de vos chaines... Vous en avez le pouvoir. Peut-on si l'on est un dieu omniscient et omnipotent créer un monde où l'on ne peut rien faire et où l'on est pas ? Tel est le paradoxe.
La réponse doit être oui. Mais alors Dieu n'est plus ni omnipotent ni omniscient. Dieu peut-il se limiter ? à une oeuvre ? à une diégèse ? Et tout ce qui tourne autour de l'oeuvre ? Est-ce sa création à lui aussi. Est-ce que son Inspiration peut-être la preuve de son existence ?
Je m'égare.
Mais vous l'aurez compris au gré de mes pages sur ce blog :
Un auteur ne peut écrire que sur ce qu'il connait. Dieu nous a créé à son image.
Un auteur doit libérer ses personnages de sa propre tyrannie. Dieu autorise l'athéisme.
L'oeuvre n'appartient jamais totalement et indéfiniment à l'auteur. Dieu nous a laissé le monde et nous en faisons jour après jour ce qu'il est.
Un auteur ne peut pas réécrire l'histoire une fois qu'elle est finie. Dieu n'est plus là.
Il nous faut transmettre ce que l'on sait. Dieu doit être savant et généreux.
Les personnages ont le droit d'exister sans l'auteur. Dieu et mort et c'est l'Homme qui l'a tué.
wow...
une fois n'est pas coutume, finissons avec un des plus grands poètes français de notre temps.
Tuez vos dieux, à tout jamais.
Sous aucune croix, l'amour ne se plait.
Ce sont les hommes pas les curés
Qui font pousser les orangers.
à suivre...