myrzouick

écrire, scénariser et mourir vite...

19/01/2020

avoir la Foi

En ce moment, il y a deux choses qui me fascinent, les films sur la crise boursière de 2008 et les séries et films qui parlent de "Foi". Alors, cette semaine, on en parle ou bien ?

Fascinant, je parle bien entendu des films qui parlent de la crise de 2008. Crise qui n'a rien changé au monde toujours tristement capitaliste. Le dernier que j'ai regardé c'est l'Outsider un film sur l'affaire Kerviel. Mais celui qui m'a le plus troublé c'est The Big Short avec un casting de malade et une réalisation faussement documentaire qui rend crédible tous les personnages et la façon dont ils appréhendent la crise à venir.
ça fait froid dans le dos.
Dans ce film, les personnages prévoient la crise et l'effondrement de la bulle financière (notamment à cause des crédits conso) et parient contre les banques pour se faire des milliards...
On a de l'empathie pour ces gars alors que c'est peut-être les pires enfoirés de la planète. Mais il se trouve qu'ils avaient raison.
Le film se déroule en 3 phases et devant j'ai eu 3 sentiments différents.

Au début, j'ai ressenti de la curiosité. Le spectateur est plongé dans le monde bancaire sans foi (on y revient tout à l'heure) ni loi. On ne comprend pas tout, ça va vite c'est punchy. Et puis débarquent ces types qui parient l'explosion de la bulle financière à causes de prêts un peu pourri. La fameuse crise des subprimes.
Puis, on suit ces parieurs tout au long de leur coup : le casse du siècle, comme le dit si bien le sous-titre français du film.
En fait à ce moment, on est plutôt excité par le film. Enfin moi, comme dans beaucoup de films "d'arnaques" je voulais que les arnaqueurs réussissent leur coup. On est devant le complexe de l'escroc magnifique.
Puis on réalise. On réalise que le monde va s'effondrer. On le sait puisque ce docu-fiction nous approche un peu plus de la date butoir du début de la crise financière. On réalise que si nos héros gagnent c'est le monde entier qui perd.
Ce sentiment de culpabilité, de honte, de terreur en fait est mis en avant notamment par le jeu de deux grands acteurs : Brad Pitt et Steve Carell. Car si le premier est un trader retiré pessimiste, le second est un businessman qui finit par être dégouté devant le cynisme des banquiers en face de lui.
Et là, on se sent mal. On se rend compte que l'arnaque du film - car c'est un film d'arnaque - c'est la réalité et ça planté le monde.

On pourrait se dire que le monde ne s'est pas relevé et ne sera plus jamais pareil... Mais en fait non. Le monde n'a pas changé. Des millions de gens ont perdu leur maison, leur boulot, mais le capitalisme continue de régner en maitre et les profits des plus riches et plus puissants n'ont jamais été aussi monstrueux.

Mais finalement, c'est pas si étrange de me voir aimé ce genre de film.
Je ne fantasme pas devant les traders que sont Jerome Kerviel dans l'Outsider ou Ryan Gosling dans The Big Short, ce n'est pas une question de fantasme. C'est une question de genre de film.
Pour moi, ces films sur la crise bancaire sont des films d'arnaque, dans la grande lignée de Snatch, Arnaques, Crimes et Botanique, RockNRolla, ou même Slevin... Et j'adore ce genre de film, sauf que là, c'est glaçant.
On a toujours une bande de petits escrocs voulant dépouiller de plus grands escrocs avec un plan qui se retourne contre eux mais qui s'en sortent à la fin.

Et c'est aussi peut-être pour ça que j'aime aussi les oeuvres qui traitent de la Foi.
Et si c'était aussi des films d'arnaques ? La transition est toute trouvée...

messiah ou comment parler de prophète...

Netflix sort énormément de merdes dans un laps de temps de plus en plus ridicule.
Leur business plan est l'exact opposé de HBO par exemple qui sort peut de série mais toujours de qualité.
Néanmoins dans toutes ces bouses qui sortent sur Netflix. Il y a parfois des pépites qu'il faut dénicher et qui méritent d'être regardées.

Messiah en est un exemple (comme Dracula mais on y reviendra, ou pas...).
Le pitch de Messiah donc : en Syrie, un mec qui ressemble un peu à Jésus, je vais l'appeler Jésus2, prêche alors qu'une énorme tempête de sable s'abat sur Daech et libère la ville. Il n'en faut pas plus à quelques abrutis (deux mille) pour en faire un nouveau prophète et le suivre dans le désert jusqu'à Israel.
Mais Jésus2 est arrêté par le Mossad et après une fuite énigmatique se retrouve dans une tornade aux états unis.
Je viens de spoilé les 2 premiers épisodes donc je ne vais pas en dire plus. Le seul truc que je peux dire c'est qu'on suit le voyage de Jésus2, d'un petit Syrien qui croit en lui et des agents de la CIA qui le suivent avec un oeil bien plus sceptique.
Par exemple, la fuite du Mossad, ce n'est pas de la téléportation, c'est une fuite en avion (Carlos n'a rien inventé) avec un garde pas forcément incorruptible...

Ou pas...

Et c'est là, le génie de cette petite série.
Ou pas...

C'est vraiment Jésus2 ? Ou c'est un terroriste qui veut déstabiliser les institutions américaines (et donc mondiales) ?
La série joue sur les deux tableaux. Elle affirme que le gars n'est qu'une marionnette d'un complotiste mais en fait littéralement un messie pour des suiveurs crédules. Et elle lui permet de dire des choses qui ressemblent à des répliques bibliques 2.0 mais ne lui donne pas des pouvoirs de guerrisseur miraculeux...
à moins que....

C'est là où vous me dites : putain, Théo, t'es chiant, je croyais que tu voulais qu'un auteur fasse ses choix et les assume !
Mais c'est ce que la série fait. Elle joue là-dessus et c'est normal puisqu'elle ne laisse pas le spectateur dans une sorte de fosse indécise. Nous sommes des moutons, en quoi voulons-nous croire.

Et le mieux c'est qu'elle joue sur tous les codes qui font que la Foi existe. D'un coté ceux qui croient aux coïncidences, de l'autre ceux qui voient les messages d'un homme comme des poncifs divins.
La série joue sur les deux tableaux. Dans chaque "miracle" qu'elle nous montre elle nous donne deux explications, l'hypothèse divine : c'est dieu qui l'a mis là. Et la réalité factuelle, la CIA a les moyens d'enquêter et trouve toujours une bonne explication.
On est loin, très loin du fameux syndrome de Scully.

J'explique rapidement le syndrome de Scully :
Vous l'aurez compris, ce syndrome vient directement d'X-Files - et franchement si vous avez pas vu cette série... Mais sérieux vous étiez où dans les années 90 ? Il devait exister avant mais aujourd'hui c'est surtout considéré comme une technique de cinéma a part entière.
Le personnage atteint du syndrome de Scully (scientifique envoyée aux affaires non-classées pour surveiller Mulder et ses théories délirantes) vont, devant un phénomène paranormal, inexpliqué, tenter de trouver une explication rationnelle. Mais leur explications qu'avec des choses plausibles ou réalistes, est trop alambiquée, devient improbable, incohérente et généralement le spectateur trouve plus simple de croire à l'explication surnaturelle.
Les personnages qui essaient de démystifier sont alors plus ridicules que ceux qui croient au paranormal.

Attention, c'est trop facile aussi de dire que l'explication la plus simple est toujours la bonne. Et les gens sont prêts à croire tout et n'importe quoi.
Scully est sceptique et son sceptisime rejette toute explication avec des éléments improbables quitte à trouver une version rationnelle impossible.
Le duo marche bien car, face à un Mulder qui a envie de croire et qui donc est prêt à croire n'importe quoi, on a une Scully qui d'un point de vue spectateur est "stupide" de ne pas croire et qui pourtant nous oblige à mettre en doute l'explication surnaturelle.

D'ailleurs, il y a une très beau retournement de situation quand Mulder, dans la saison 10, retrouve des anciennes affaires classées et qu'il les démystifie en 3 mots.

il était une foi...

Revenons à nos moutons.
Dans cette série, justement, il n'y a pas de syndrome de Scully, les deux explications de textes sont possibles !
La CIA peut être aussi crédible que les messages du pasteur et de Jésus2 !
Et ça me donne envie de parler de la Foi.

Qu'est-ce que la Foi ?
Avoir la Foi, c'est faire confiance, croire à une parole, un dogme, une religion.
Avoir la Foi, c'est donc ne pas savoir, n'avoir aucune preuve que quelques écrits ou quelques paroles d'un prophète.
Avoir la Foi c'est voir des miracles pour ce qu'ils ne sont peut-être pas mais y croire quand même.
Avoir la Foi c'est croire.

J'en viens donc aux prophètes.
Les prophètes sont des types qui portent un message. Pour les uns, c'est un message de dieu ; pour les autres (dont je fais plutôt partie) c'est un message biaisé qui peut être interprété de différentes façons.
Vous savez, les prophètes sont comme les astrologues qui sont capables de dire :
Vous pourriez franchir un cap important. Concernant vos attentes sentimentales, votre situation s'éclaircit incontestablement. Vous en avez fini avec les questions existentielles sur vos envies et vos désirs du moment. Vous êtes bien décidé à vivre le bonheur quand il est là. Vous restez vous-même, votre naturel reprend le dessus. Votre charme agit.
Oui... et ? Y a rien là dedans. Je pourrais franchir un cap ? Ma situation s'élcaircit, ça veut dire quoi ? Vous êtes bien décidé à vivre le bonheur, bah oui, et surtout quand il est là. Rester moi-même. Oui, c'est toujours mieux. Alors mon charme agit ? En ce moment, mon charme c'est un nouveau manteau avec une coupe qui me rend un peu plus costaud... donc....

Ce que je veux démontrer c'est que les prophètes ne peuvent pas expliquer ou prouver. Les prophètes doivent laisser la place à l'interprétation. Pour une seule et simple raison.
Si l'on prouvait l'existence de dieu, on détruirait la Foi.
La Foi est un concept simple. La Foi c'est croire pas savoir.

C'est pour ça qu'on ne croit pas en la Science. La science reste la même. Il n'y a pas à y croire. On ne peut pas piocher dans la science comme on fait ses courses : les dinosaures ont existé mais les hommes sont créé par dieu. Les étoiles sont autant de soleil dans l'univers mais on est bel et bien au centre de tout.
On pourrait cramer tous les livres de maths, de biologie et de physique/chimie dans 1000 ans quelqu'un serait capable de les réécrire.

C'est pour ça que les prophètes sont aussi mystiques. Parce qu'ils n'ont pas besoin d'être plus clairs. Ils ont juste besoin de passer un message et ce sont les ecclésiastiques qui se chargeront de les interpréter.
Tandis que les autres n'y prêteront pas attention.
Souvenez, je vous avais parlé du voyage dans le temps et du Crane de Philip K. Dick.
Dans cette nouvelle, on suit un tueur à gage qui retourne dans le passé pour tuer un prophète. Il se trompe de date et arrive à une date postérieure à la première apparition du prophète. Il revient donc dans le passé dit quelques phrases et devient le prophète.
Sur quoi est basé sa religion ? Une phrase énigmatique "Those who take lives will lose their own. Those who kill, will die. But he who gives his own life away will live again!" et sa résurrection (puisqu'il s'est trompé de date lors de son premier voyage).

lisez Philip K. Dick.

épilogue épixyle

Je n'ai plus la Foi. L'humanité est décevante. Dieu a disparu (et il a bien raison).
Ne soyons pas défaitiste. La Foi est un moteur pour beaucoup de gens. Tout le monde peut y trouver son compte (malheureusement). Dans les paroles sacrées il y a un peu de tout. Il fallait bien excuser les folies du moyen age et de l'antiquité.
On y trouve le fameux "aimez vous les uns les autres" la seule parole sensée de la bible et le "tuer les infidèles" je suis moins sûr de la citation, pas d'italique... C'est pour ça qu'un prophète ne peut pas être aussi compréhensif qu'il le souhaite.
On doit interpréter ses paroles. Et c'est pour ça que je n'aime pas les prophètes.
Si je crois en Dieu ? Pourquoi pas. Je veux dire tant qu'on ne me fait pas croire qu'il passe son temps à nous envoyer des épreuves et nous regarder sous la douche. Je veux bien si on me dit qu'il nous laisse notre libre arbitre et donc qu'il n'y a aucun notion de destin avec Lui.
Je veux bien croire en Dieu si on me prouve qu'il est sincèrement bienveillant.
Prouver... Voilà qui est impossible. Et voilà qui est contraire à la Foi.

Nous sommes tous différents face aux messages que l'on nous passe.
Il y a peu, j'essayais de définir "respect" à mon fils de presque 3 ans. C'est quoi le respect. Je sais qu'il ne m'a pas compris, pas encore, mais voilà ce que je lui ai dit : "respecter quelqu'un c'est de se dire qu'il est comme nous."
Donc tu ne dois pas lui faire ce que tu ne veux pas qu'il te fasse.
Tu dois l'écouter comme tu voudrais qu'il t'écoute.
Tu dois lui parler comme tu voudrais qu'il te parle, etc.
Respecter quelqu'un c'est ne pas lui imposer ce qu'on ne voudrait pas qu'on nous impose.

Et la Foi ça marche comme ça. Il ne faut rien imposer.
On a le droit de comprendre ou non, d'interpréter comme on le sent. Dans tous les cas, il ne faut jamais imposer notre vision aux autres.
Notre principale faiblesse c'est notre égo, il faut le taire un peu, écouter les autres et poursuivre notre vie sans nous soucier de ce que les gens croient.
La liberté des uns s'arrêtent ou commence celle des autres.

C'est pour ça que Messiah est pas mal. Franchement, il nous laisse là mais avec toutes les bonnes réponses. Ou pas.
Et nous pouvons, comme pour tout texte religieux, croire ou non au complot ou à dieu.

Ma conclusion n'est pas claire mais il est tard ce soir et je voulais juste vous dire que peu importe ce que l'on croit, on doit se respecter. Les textes sacrés sont de belles paroles sujettes à interprétation. Mais ce n'est pas un livre de règles à suivre.
C'est cool.
Maintenant, vous ne me convaincrez pas avec l'aide de la bible.
Et les prophètes sont trop flous pour qu'on les suive réellement.
Faites vous vos propres idées.

Bonne nuit.
Bonne semaine.
A bientôt !

à suivre...

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