myrzouick
écrire, scénariser et mourir vite...
01/11/2019
astérix en chine
Commençons par le début... Astérix est une bande-dessinée (plus communément appelée BD) écrite par Goscinny et dessinée par Uderzo. Un duo qui fonctionne tant les dessins d'Asterix sont rentrés dans la culture française et que Goscinny a quasiment inventé le métier de scénariste de BD. Excusez du peu.
Asterix c'est donc 38 albums (dont 24 sont écrits par Goscinny, 8 par Uderzo tout seul et le reste par un duo renouvelé pour faire vivre la série, toujours supervcisé par Uderzo). Et c'est là que tout s'écroule. Des deux papas d'Astérix, Uderzo est peut-être le pire qui pourrait porter et poursuivre leur oeuvre.
Dans ce blog, on parle souvent d'écriture et c'est pourquoi il me semble certain que l'écriture d'un scénario ne peut pas être confié à un dessinateur. En gros, il faut une base écrite.
Je sais par expérience que le dessinateur influe, fait grandir une oeuvre. Par exemple, si on prend en considération ce que ma mère fait sur le livre pour enfant que nous avons créé tous les deux, je dois dire que mon travail a été modeste voir carrément minime comparé au soin qu'elle met pour finir les planches de Léonard le Petit Barbare... Clairement.
Mais sur un cas comme Astérix avec de l'humour franchouillard, des jeux de mots, des anachronismes bien senti et tout une légende sur ceux qui résistent encore et toujours à l'envahisseur l'auteur est vraiment le scénariste.
Il est normal que dans un couple d'auteurs, chacun veuille mettre sa patte sur l'oeuvre. Mais à ce moment là, à qui appartient l'oeuvre, celui qui a touché le sens le plus important, la vue. Ou celui qui a fait naitre l'imaginaire.
Si on parle souvent de cinéma c'est que ce média a réussi là où les livres ont échoué. Il y a peu de livres qui peuvent se targuer d'avoir autant fait bouger les foules. Au contraire, le cinéma déplace, divise, fédère et anime tous les plus grands débats de ce siècle. Le cinéma entraine des vlog, des critiques, toute une industrie tourne autour de ces quelques images animées projetées sur un écran.
Et dans tout ça, si la BD Astérix n'a que deux artistes (et éventuellement un éditeur qui peut parfois pousser à quelques changements), on peut se demander qui sont les pères des films que nous voyons... Qui donc est le Goscinny des films ? Qui a la patte d'Uderzo...
Remarquez comme je pose une question qui m'arrange bien, puisqu'on va parler, vous l'aurez compris des films Asterix et de l'héritage de ses pères.
c'est du cinéma
Au cinéma, Astérix a eu le droit à deux types d'adaptation : les dessins animés (j'en compte 10, mais je peux me tromper) et 4 films. Ce sur quoi je vais me concentrer.
On notera tout de même Asterix et le Domaine des Dieux, ainsi que Astérix et le secret de la potion magique, réalisé par Alexandre "Arthur" Astier et Louis Clichy qui sont deux très bons films bien que le mecha-centaure romain est perturbant.
Je ne m'attarderais pas plus que ça sur les Astérix en dessins animés car je pense qu'ils sont souvent proche de la BD et contiennent moins de risque que les fameux films.
Tout commence avec Asterix et Obléix contre César un gros film de Claude Zidi qui pour moi est une mauvaise adaptation. Alors je sais que j'ai dit plus tôt qu'il fallait s'éloigner du matériaux d'origine pour pouvoir adapter quelque chose correctement, mais clairement, vous ne pouvez pas décidé d'adapter Astérix en le rendant plus réel. Obélix ne peut pas avoir de gilet, Astérix ne peut pas gueuler en permanence comme dans les visiteurs et si vous vous réclamer d'un scénario original, essayez un minimum de ne pas trop piquer des idées à droite et à gauche dans les album pour faire une sorte de globiboulga infâme tant visuellement que scénaristiquement.
Mais ça a marché, un peu. Donc il fallait en faire un autre. Et vient Chabat !
Astérix Mission Cléopatre est l'exemple type de l'adaptation fidèle et bien faite. On prend une histoire connue, on la travaille, on reprend planche par planche et mot par mot quelques case écrite par Goscinny. On y ajoute ce qui fait que Chabat est Chabat, c'est à dire son humour absurde qui, ma foi, colle bien avec Astérix. On y met les anachronismes de rigueurs, des gags toutes les 3 minutes, on laisse les comédiens improvisés quelques répliques surtout quand on a un Jamel au top de sa forme.
On décide de se foutre de la réalité historique, les romains remettent leurs habits verts et leurs boucliers bleus. Et c'est parti.
Pourquoi ça n'a pas plus à Uderzo ?
J'ai lu à droite à gauche que c'est parce que Jamel prenait trop de place et ne ressemblait pas au Numérobis de la BD. Que Chabat ne parlait dans sa promo que de Goscinny véritable père de Obélix. Et que Uderzo n'avait jamais été consulté pour le film...
Et c'est de cette brouille qu'est né les deux Astérix suivant...
Aussi mauvais l'un que l'autre.
Vous aurez un meilleur aperçu de l'histoire si aller faire un tour dans les chroniques du Méa. Je ne pourrais pas mieux écrire ce qu'il explique sur Astérix et je suis entièrement d'accord avec les arguments qu'il avance.
Asterix chez les bretons est une insulte au livre et au dessin animée même si Edouard Baer aurait pu être un bon astérix. Mais au moins il a été validé par Uderzo.
au scénario, les Tuches !
Ce blog suit pour une fois l'actualité ! Profitons-en donc. Asterix en Chine a été annoncé avec Guillaume Canet à la réalisation et dans le rôle titre... Bon... Alors... Commençons par ce qui me semble le plus évident.
Canet est un bon réalisateur avec une sacré dose d'autodérision. Sur les premières photos son Astérix est crédible. Il a l'air rieur. J'aime bien.
Maintenant passons à ce qui fache...
Oblexi n'est pas joué par Depardieu qui, pourtant, l'incarne de plus en plus à mesure que son estomac se rempli mais par Gilles Lellouche qui est aussi quelqu'un que j'adore mais qui... bah est bien maigre quoi. Alors ce sont des premières photos qui sont sorties, entre temps les acteurs sont capables de tout (regardez la courbe de poids de Christian Bale) mais... J'ai du mal vraiment à y croire.
L'histoire ensuite se voudra originale. Déjà, je sais pas ce que vont foutre des gaulois en Chine. Et je ne sais pas ce qui pourrait s'y passer. Va-t-on assister à un tas de clichés racistes ? Genre "pas touche à Idéfix" si vous voyez ce que je veux dire ?
Aura-t-on un druide avec de longues moustaches fines qui retombent sur le sol ?
Pourquoi les gaulois y vont-ils ? Les aider contre les mongols ? Détruire la muraille de Chine ? Faire chier les romains alors qu'en fait y avait plutôt une relation de paix et de commerce entre le Chine et Rome ?
J'ai peur que même avec toutes les bonnes intentions du monde, ce film serait soit auto-censuré soit perçu comme un vaste ramassis de cliché racistes à la Qu'est-ce qu'on a fait au bon dieu...
Au scénario, comme je disais plus haut, les scénaristes des Tuches... Alors... Je n'ai pas vu les deux derniers mais clairement, les gars ne sont plus en forme. Et même Canet à la réalisation ne pourrait rattraper tous ces gags que je ne sens pas.
Astérix en Chine est une mauvaise idée. Le casting est une mauvaise idée... Le scénario est une mauvaise idée... Mais ne dit-on pas, si l'idée est stupide mais qu'elle marche c'est une bonne idée ?
Je ne sais pas. Mais je m'attends au pire pour ne pas être déçu.
"Pourquoi cette a priori si négatif sur Astérix" me demanda Thibaud l'autre soir.
Parce qu'ils ont fait 3 mauvais films sur 4... Et pour toutes les raisons que j'ai cité, ça semble mal partir.
Mais le scénario, l'idée originale, le pitch sont validés par Uderzo alors...
Combien de mauvais films vont encore sortir parce que le dernier papa d'astérix veut imposer sa patte sur son héritage ?
Il n'était pas fan de ceux de Astier, il n'était pas fan de celui de Chabat parce que ces réalisateurs ont su l'adapter, le digérer et rentrasncrire ce qu'était Astérix...
Me vient ma conclusion d'un coup. Il faut que je l'écrive vite. Désolé si je coupe aussi tôt
épilogue épilobe
Quand vous écrivez quelque chose, cela a du sens. Au moment où vous l'écrivez au moment où vous le vivez et où vous le comprenez. Mais une fois que c'est sorti, une fois que l'époque a changé, une fois que le public est averti, vous ne maitrisez plus votre oeuvre.
J'ai parlé plus tôt de l'appartenance et de la résonance les oeuvres données au public, vendus au public sont comprises comme des oeuvres, digérés. Elles résonnent. On veut y voir ce que l'on veut et elles deviennent une partie de nous, de notre histoire.
J'ai grandi avec Asterix, mon père les a tous acheté. Je les ai lu et relu des dizaines de fois. Je pourrais presque vous cité les ingrédients de la potion magique disséminé dans tous les albums. Astérix m'appartient. Il appartient à tous ceux qui ont grandi avec.
Nous avons tous dans nos têtes une version plus ou moins fidèle d'astérix. C'est normal.
Les époques changent. Nous ne sommes pas des Gaulois réfractaires n'en déplaisent à notre président. Mais nous avons besoin de nostalgie, de penser à notre passé.
J'aurais tendance à dire que le repli sur soi est la norme aujourd'hui. Ce n'est pas pour le mieux...
Peut-être que les créateurs ne savent plus ce que veulent dire leurs oeuvres, peut-être n'ont-ils plus le recul nécessaire pour juger et satisfaire nos attentes.
Terminator Dark Fate (le 3eme troisième terminator) adoubé par James Cameron est mauvais.
Alien Covenant, la fausse suite du prequel d'Alien Prométheus proposé par Ridley Scott sont mauvais.
La prélogie Star Wars...
Asterix en Chine, s'il est adoubé par Uderzo sera mauvais...
Les exemples sont nombreux. Je pourrais parler d'Indiana Jones 5 ou de Creed...
Notre besoin de nostalgie ne doit pas s'apparenter à du gavage d'oie.
Tous ces auteurs ont été des pionniers, les pères de la SF, du film d'aventure ou du film d'auteur mais ne savent plus y revenir. Est-ce que c'est parce que la vie les a changé, que nous avons changé. Qui sait...
Les créateurs doivent libérer leur créature. Les auteurs doivent laisser faire. Si Uderzo avait passé le témoin avant "le ciel nous est tombé sur la tête" je pense que personne ne lui en aurait voulu. Il a voulu faire ce dernier épisode qui est le pire de la série entière... Et ne sera reconnu que pour avoir fait péricliter astérix en BD...
Est-ce l'orgueil qui nous pousse à garder pret de soi des choses qui nous échapperont forcément un jour ?
Sommes nous face à une dictature des fans qui n'admettent pas qu'une seule virgule soit changée à leur précieuse oeuvre ?
Un peu tout ça à la fois.
Et on verra lorsque j'aurais moi-même une oeuvre, un monde à moi. Supporterai-je de les voir grandir sans moi ? Je ne crois pas. Les auteurs sont possessifs, il n'y a qu'à voir ce qu'ils peuvent faire à leur personnage...
Et pourtant... C'est comme tout. Parfois, il faut se faire une raison et laisser ses oeuvres grandir sans nous. Les laisser se faire adopter par d'autres qui, malheureusement pour l'égo, feront mieux que nous.
Celui qui comprendra l'analogie saura que ça ne peut pas aller toujours bien.
Enfin bon...
Vous verriez le nombre de mot qui commencent par -épi- !
Bonne soirée. Bonne semaine.
- C'est facile, hein, d'écrire qu'il faut tout lâcher quand on a rien créé de bien...
- Peut-être. mais j'essaie de faire ça de manière douce et la plus posée et argumentée possible.
- Écris et on verra...
à suivre...