myrzouick
écrire, scénariser et mourir vite...
26/10/2019
résonance...
Pourquoi est-ce qu'une œuvre résonne en nous ?
Est-ce le thème, simplissime, qui est assez banal pour nous rappeler ce que nous sommes ? Est-ce le sujet, commun, il nous permet de nous identifier ? Est-ce la mythologie, unique, on y retrouve des éléments que l'on reconnait ? Est-ce la foi, paresseuse, on se repose dessus ? Est-ce l'auteur, talentueux, en qui on a confiance ? Est-ce le message, clair, il pose les bases ? Est notre histoire, culturelle, elle nous conditionne à aimer ?
La réponse, vous vous en doutez, c'est un mélange d'un peu tout ça à la fois.
L'humain n'est pas si complexe. Il a besoin de s'identifier à ce qu'il voit, entend, lit pour aimer ce qu'il voit, entend ou lit. Pour s'identifier, on doit lui parler de lui ou piocher dans des univers qu'il pense connaitre, dans des histoires qu'il a déjà entendu.
Ce n'est pas pour rien qu'il y a des "modes" au cinéma. Ce n'est pas pour rien qu'il y a des clashs au cinéma. Ce n'est pas pour rien que Marc Levy cartonne à chaque fois qu'il sort un livre. Ce n'est pas pour rien qu'il y a un tas de gens qui regardent les téléfilms de l'après-midi. Ce n'est pas pour rien que les musiques se ressemblent et qu'elles fédèrent autant contre elle que pour elle.
L'humain a besoin d'habitudes pour le rassurer. L'humain à besoin d'être rassuré dans tous les aspects de sa vie : culture, carrière, amour...
Alors généralement, on lui donne ce qu'il demande. Cette connaissance est au cœur même de la stratégie de Netflix qui est passé, j'ai l'impression, en quelques mois de plateforme à avoir absolument à plateforme pour ados... Ils ont choisi leurs cibles. Les parents monopolisant la télé, autant faire des séries ou des films pour les satisfaire encore et encore.
Netflix change les images de présentation des films en fonction de ce qui va le plus plaire à son utilisateur, avec sa connaissance des vues et des contenus aimés, Netflix est capable de dressé un profil et proposer toujours plus à ses utilisateurs qui finalement continuent de regarder encore et encore les mêmes choses.
Je rappelle que je n'ai rien contre ça. On peut regarder les mêmes choses et entendre les mêmes histoires...
J'ai l'impression de l'avoir déjà rappelé d'ailleurs... Bref.
Les contenus originaux de Netflix sont calibrés pour plaire à un maximum de gens et même lorsqu'ils font des bides ils en tirent quelque chose. Un savoir sur tout ce qu'on aime.
Je parle de Netflix, mais vous pouvez avoir le même raisonnement sur Google, Apple, Facebook et Amazon sans problème.
Rappelez-vous si c'est gratuit c'est vous le produit !
Ce à quoi vous me répondrez : mais Théo, Netflix n'est pas gratuit. Y en a même qui paient 15€ pour que toute la famille l'utilise...
15€ c'est quoi... Franchement ? 15 euros par moi pour avoir un catalogue énorme en quasi-illimité jusque dans votre poche ? 15€ C'est rien. Imaginez. Canal+ (qui finance une grande partie du cinéma français) n'est distribué qu'à partir de 19,99€ les 6 premiers mois et ça peut monter jusqu'à 50€ ! Ce n'est pas rien, et Canal+ vit aussi de sa pub... A ce niveau là (et dans ce pays là), Netflix est quasiment gratuit.
Amazon Prime vidéo, OCS, bientôt Disney+, quand on ajoute toutes ces plateformes, on arrives à 100€ d'abonnement à la fin du mois pour un catalogue infini qui, pourtant, n'arrive toujours pas à tuer la télé. La télévision se tue toute seule, si jamais ils mettent 4 coupures pubs pendant les films, même Youtube passera pour un saint avec ses deux pubs devant chaque vidéo.
Mince. Une fois de plus je m'égare...
bullons ensemble.
Je voulais donc parler de résonance. C'est à dire le phénomène émotionnel qui fait qu'une œuvre nous parle, qu'on s'y attache et que parfois même elle nous fait changer.
Il y a plein de films ou de livres qui ont eu cette puissance pour chacun d'entre nous. Si je vous disais par exemple que Matrix a changé ma façon de voir le cinéma mais que c'est Fight Club ou Le Prestige qui m'ont les premiers sincèrement fait comprendre la puissance d'une histoire.
J'ai lu Conan et le Seigneur des Anneaux trop tard, mais le disque-monde est pour moi la meilleure oeuvre d'héroic-fantasy. Je n'oublie pas la SF avec Dune que j'ai lu trop jeune pour bien comprendre ou Ubik une expérience vraiment "fucked-up"!
En un sens toutes ces oeuvres définissent ce que j'écris aujourd'hui et ont donc résonné en moi.
Attendez, je reviens sur Netflix... Le fait d'être abreuvé de films qui nous plaisent est en vrai très très moyen.
On appelle ce phénomène la bulle.
Sur Facebook par exemple, vous aimez quelques articles, on vous propose toujours les mêmes choses et vous finissez par aimer les mêmes articles et vous ne lisez plus d'autres choses. Vous finissez par n'avoir que des articles qui parlent de ce que vous voulez entendre. J'ai pris Facebook, mais en vrai, on pourrait dire la même choses des actualités Google, des suggestions YouTube est des tweets sponsorisé. En gros toute votre activité numérique.
Attendez, c'est pas nouveau à la télé c'est pareil, plus vous regardez les Anges de la téléréalité plus ils en produisent. Plus vous adhérer aux propos de Pascal Praud sur Cnews, plus il en rajoute.
Ce qui m'inquiète plus. Et vous me connaissez, j'ai donné toutes mes données à Google pourtant, c'est que ce sont des algorythmes qui nous dirigent et nous restons indéfiniment dans notre bulle.
Pire encore l'information étant bien plus vaste sur nos vieux internets, nous pourrons toujours trouver des gens avec le même fétichisme complotiste que nous... Les faits sont transformés en opinion, les opinions prennent le pas sur la raison et on trouvera toujours un tas d'abrutis pour croire, comme vous, que l'Homme n'a jamais marché sur la Lune ou que les médecins sont des connards payés par les laboratoires. Vous finirez par ne plus voir (et donc lire) des articles avec lesquels vous serez d'accord. Il n'y aura plus aucune objection et la vérité ne sera plus importante à vos yeux.
Ce que j'ai déjà entendu : mais il y a plusieurs vérités, Théo.
Peut-être, mais je n'y crois pas. La vérité c'est l'adéquation entre ce qui est dit et ce qui est réel. Le Larousse de 1923 que je possède est formel. Celui de 2019 est un peu moins catégorique puisqu'il parle aussi d'une idée qui emporte l'assentiment général. Et voyez la dérive, nous avons tous notre vérité, si tout le monde est d'accord c'est que ça doit être vrai.
Qu'est-ce qui a rendu la vérité moins vraie en l'espace d'un siècle ? Pas internet, non. Les journaux, les gens, la télé... Internet a juste amplifié le phénomène...
Nous vivons donc dans des bulles rassurantes qui nous brident car elles nous cachent probablement une autre vision de l'histoire. Et je sais qu'en disant ça j'argumente pour les complotistes qui veulent à tout prix taire la version officielle...
Zut !! Je m'égare encore...
algorithme moi !
Certaines histoires donc nous touchent plus que d'autres. Certains récits, films ou chanson nous parle plus encore. On accapare la diégèse de l'auteur, on l'alimente de nos fantasmes et... quand l'auteur veut y revenir il se plante forcément et nous déçoit car il n'a pas eu la même résonance que le lecteur.
Ce qui me fait dire que les séries doivent avoir une fin, elles ne devraient être qu'un moyen de prendre plus de temps pour adapter une histoire et s'arrêter sans prendre en compte les propositions mercantiles de rallongement.
Ce qui me fait dire que les grandes sagas ne peuvent pas être confiées à leur créateur lors d'un éventuel comeback.
Ce qui me fait dire qu'il faut écrire tout ce que l'on veut d'une traite sans jamais changer de cap si on veut s'affranchir de l'appropriation du public.
Par exemple, How I Met Your Mother finit exactement comme elle aurait du finir. Cette série résonne en moi car elle parle d'histoire de coeur d'un groupe de trentenaires et utilise des techniques filmiques connues. La fin est décevante car en cours de route les auteurs se sont perdus, les personnages ont grandi blablabla, j'en parle depuis le début, je vais pas me répéter. Mais plus je vois la série jouer avec ses propres codes, jouer avec des situations que l'on peut connaitre (l'amour, la mort, la drague...), plus je me dis qu'il est évident qu'elle devait finir par cette boucle qui a tant déçu.
Encore un aparté... Désolé.
Sur Netflix vient de sortir Living With Yourself avec Paul Rudd (x2). Une série que j'ai adorée. Vraiment, regardez là. C'est drôle, triste, touchant, un poil SF.
Mais je ne peux m'empecher de penser à Mes Clones, ma femme et moi (Multiplicity en VO) un film avec Michael Keaton, qui repose sur un principe très très similaire (mais plutôt comique) et je ne peux m'empêcher non plus de faire un peu de paraonia en me disant que Netflix m'a proposé sa série car j'ai "cherché" à revoir Multiplicity...
Coïncidence ?
Coïncidence comme lorsque Google nous propose une recherche que nous avons évoquée juste avant en parlant ?
Probablement... Google est sensé finir par prévoir ce qu'on va demander avant qu'on lui demande. Si maintenant faut faire le surpris dès que le moteur de recherche fait son boulot........
Ah ! Les algorithmes...
Derrière ce mot, y a un truc qu'on ne comprend pas et qui fait flipper ma mère et tous ceux qui ont vu Terminator au cinéma. Ma mère appelle Google "Skynet"... Pourquoi pas.
Bof, tant qu'on n'est pas tous branchés dans dans des poches de liquide amniotique et cultivé par des machines qui connectent nos esprits dans une simulation, ça va.
En parlant de Terminator, il va y avoir combien d'épisode 3 ?
Bref, souvent je cherche des films que j'ai en DVD ou en bluray lorsque je suis couché sur toutes les plateformes disponibles pour voir si je peux les regarder sans avoir à me lever du lit...
Wall-e on arrive !!
Et d'ailleurs un film a disparu de partout. Comme s'il n'avait jamais existé. Il va finir par devenir introuvable et culte si on continue de l'ignorer comme ça : Dragon Ball Evolution !
Non je déconne, cette merde tombe dans l'oubli et c'est tant mieux.
Rien que le fait d'écrire le titre sur mon blog me fait me sentir bien honteux...
épilogue épilé
Attention à ne pas vivre dans des bulles. Attention à ne pas croire tout ce que l'on voit et attention à remettre en doute, raisonnablement, la réalité qui nous entoure.
Essayer de comprendre les choses plutôt que d'avoir des idées bien arrêtés sur les gens, les situations, les films, les livres.
Écouter
Écouter pour pouvoir comprendre et aimer.
Écouter et surtout s'ouvrir. Ouvrir son âme, ouvrir son cœur, car, vous savez, pour qu'une œuvre ou qu'une personne résonne en vous il faut s'ouvrir. L'écho ne se répandra que s'il a une voute assez grande pour s'épanouir...
Si votre ouverture d'esprit est trop petite, rien ne pourra jamais grandir en vous. Et vous ne ferez pas partie de l'Histoire que les bardes raconteront.
Pour apporter votre chant à la musique commune de la création, vous devez être ouverts, libres et attentifs.
Enthousiaste à l'idée de faire résonner le conte.
Ainsi s'achève une semaine particulière pour moi. Je me dis vraiment que quand je suis lyrique comme ça tout va bien... C'est le cas, quand j'arrive à écrire quelque chose, quand j'arrive à lancer sur le papier quelques mots qui semblent avoir du sens, ça va.
Rappelez moi ça.
Rappelez moi que, même quand ça va pas, si je suis capable d'écrire quelques mots qui pour moi (et j'espère pour vous) ont du sens, alors tout va mieux.
Jusqu'à la prochaine fois.
Portez-vous bien !
à suivre...