myrzouick

écrire, scénariser et mourir vite...

25/09/2019

archétypes

A partir de quand devient-on un archétype ? Je veux dire, si il n'y a qu'un héros aux mille visages, il y a donc forcément des archétypes pour chaque personnages qu'ils rencontrent...
Par exemple la princesse, demoiselle en détresse par excellence. Le puissant mage qui aide le jeune héros dans sa quête plus précisément appelé le mentor. L'ami indéfectible qui est prêt à tout pour suivre le héros dans sa quête alors qu'il n'aura rien en retour. Le méchant, bad guy en anglais, a par définition le même but que le gentil et se lance dans une course où il a plus de moyen (moins de morale).
Dans Benjamin Gates et le trésor des templiers par exemple le méchant est un ancien coéquipier de Nicolas Cage, joué par Sean Bean - qui ne veut plus mourir ! - j'attends donc le remake de Highlander, le réalisateur qui fait caste Sean Bean en Highlander aura tout mon respect ! - bref - il n'hésite pas à tout exploser notamment une carcasse de bateau perdu dans l'océan arctique... D'ailleurs c'est devant ce déterminisme destructeur que Benjamin Gates va se décider à voler la Déclaration d'Indépendance...
- Je vais la voler...
- Quoi ?
- Je vais voler la déclaration d'indépendance...
J'ai une sorte de tendresse pour Benjamin Gates, tant qu'on ne me fait pas croire qu'il pourrait remplacer Indiana Jones.

Dans Kaamelott, c'est le chevalier blanc Lancelot, paladin par excellence, qui devient si intransigeant qu'il récupère le rôle de l'ennemi d'Arthur et finit dans la saison 6 par bruler la table ronde.
Laissant le rôle de paladin, c'est à dire un parangon de loyauté à Perceval. Qui, même s'il semble stupide, explique calmement à Arthur qu'il se sacrifiera pour lui. D'ailleurs, je me corrige, il n'est pas stupide, loin de là, c'est juste une sorte de grand enfant. Et c'est le plus beau personnage (de par sa classe et donc de son innocence) de l'univers Kaamelott, on sent la tendresse d'Alexandre Astier pour ses personnages et celui-ci en particulier.
Ou peut-être est-ce pour le coeur d'une dame. Et on retrouve l'archétype de la princesse, qui là est la reine Guenièvre que Arthur finit par récupérer à Lancelot.
On remarquera tout de même que certains archétypes sont cassé par effet de style à la toute fin de Kaamelott. Le plus grand truand (assez sympathique quand même) qui vend des esclaves sous le nez du roi, qui dépouille les passants, attaquent des gens la nuit à l'auberge, squatte les chambres du chateau et y organise des combats de chiens, est celui qui finit par sauver le roi de la cabale de Lancelot.

Juste pour en revenir à ce que j'ai dit il y a quelques pages. En parlant "Meta", en regardant Kaamelott, Que ma Joie demeure ou même l'Exoconférence et ça s'entend un peu dans ses Astérix, je suppose qu'Alexandre Astier se sent seul car il est la plupart du temps entouré de gens (et je ne parle pas de ses proches mais plutôt du monde en général) qui sont de plus en plus stupides et que cet état le déprime au plus haut point. Souvenez-vous : on écrit que sur ce qu'on connait, que sur ce qu'on vit finalement... ça ne vous rappelle rien un type entouré de cons ? Arthur, Bach, Astérix (ou le personnage joué par Astier le centurion). Les oeuvres du grand Alexandre s'assombrissent délaissant un comique de situation pour un comique plus tragique d'un homme qui s'agite seul contre tous.
Et triomphe ?
Lui-même le dit, s'il avait réalisé les films Kaamelott juste après la fin des saisons 5 et 6, il aurait fait des scénarii bien plus sombres.
Aujourd'hui, il semble qu'il est plutôt envie de transmettre à ses enfants autant métaphoriques que réel. En bref, Perceval a de l'avenir !

Tout ça ne répond pas à ma question première, mais vous avez l'habitude, si vous me lisez, que je m'égare...

devenir mythique ?

Sommes-nous condamnés à être oublié ? Remplacé ? Ou au contraire sommes-nous condamnés à devenir mythologiques ?
Vous allez me dire quand même là y a pas de demi-mesure c'est tout noir ou tout blanc.

Si nos personnages deviennent archétypaux, héros, mentor ou princesse...
Avant de finir ma phrase, la princesse qui se rebelle et montre en réalité une femme forte. L'opposée d'une demoiselle en détresse, une femme forte qui, au contraire donc, finit par sauver le héros ou se battre à ses cotés est aussi un archétype. Moins historique mais de plus en plus courant. Certains appellent ça du GirlWashing, on fait en sorte que les filles dans les livres mais surtout au cinéma ne soit plus des potiches qui servent à valoriser le héros. Moi je ne vois pas où est le problème. Aujourd'hui ce n'est pas le féminisme qui pousse Thor a devenir une femme dans les comics (et bientôt au cinéma) c'est juste la possibilité de créer encore et encore des univers différents où des choses changent.
Et en faire surtout un gros évènement...
Et bien sûr un gros truc rentable surtout !
Parfois on change juste une toute petite choses comme dans les uchronies de Superman : Red Son et le Clou deux comics de l'homme d'acier que je recommande. Si dans la première histoire, Superman atterit en URSS et non dans le Kansas, dans la deuxième histoire, un clou enfoncé dans le pneu de la voiture des Kent les empêche de se déplacer. Ils ne croisent donc pas la route du vaisseau kryptonien de Superman et n'élève pas leur garçon comme un véritable américain. Juste un Clou et voilà Lex Luthor qui chasse tous les métahumains... Si bien qu'on finit par aller chercher celui qui aurait dû être l'homme d'acier. Parce qu'on a toujours besoin de lui finalement. Je vous laisse découvrir pourquoi et où le vaisseau de Kal-El s'est écrasé...

Tous ces changements voulu finissent-ils par devenir des références ? Des archétypes ?
Il y a une expression qui désigne ces "poissons hors du bocal" mais je crois que ce n'est pas celle là. Ou du moins quand j'ai tenté de vérifier sur Internet je suis tombé sur un tas de forum parlant de poissons suicidaires... On parle de ça surtout pour des films comiques, comme Bienvenue chez les Chtis ou finalement il n'y a pas de chemin du héros... Mais on fait connaitre au protagoniste une situation extrêmement différente de celle à laquelle il est habitué.
D'où l'effet comique : je veux dire c'est drôle quoi. Le mec il est dans le sud. Et il va bosser dans le nord.
Blague.
Je devrais pas être si dur avec ce film car je l'aime bien en vrai.

Devenir mythique ? Devenir le personnage qu'on joue ? Ou jouer le personnage que l'on est ? La question que je posais en préambule est plus complexe que prévu mais me permet de réfléchir à notre propre condition.
Suis-je le manager un peu geek, sympa, pédagogue et je-m'en-foutiste qui a fait progresser ses équipes ? Où suis-je paternaliste et lâche comme on voudrait présenter les managers aujourd'hui ? Comme des salauds qui ne sont là que pour amener les classes les plus pauvres à travailler pour des salaires de plus en plus ridicules. L'amour que l'on me portât fut un temps fut-il le moteur de mon succès. Les gens aimant travailler pour moi, je les utilisai pour progresser ?
Changeant de travail, suis-je celui qui "au siège" ne fait rien ?

Cessons de parler de moi deux secondes (même si j'adore ça) et revenons à un thème un peu plus général. Si nous sommes bien la somme de notre passé à partir de quand devient-on un archétype ? Et quel archétype ?
Le bon pote ? Le papa poule ? Le mec qui va trop loin ? Le réactionnaire ? Ou son contraire le tellement bloqué dans les schémas anti pensée unique qu'il devient donc l'archétype même de ce qu'il dis combattre...
Qui sommes nous ? Devenons-nous réellement nos propres mythes ? Sommes-nous uniquement ce que nous laissons paraitre aux yeux de tous. Sachant pertinemment que ce que nous sommes est bien caché par un masque, que nos pensées les plus sombres sont enfoui et que face aux autres nous sommes toujours plus ou moins en représentation. A partir de quand ce rôle que nous jouons devient ce que nous sommes. Que nous devenons plutôt le rôle que l'on joue.

comment naissent nos mythes ?

Qui ne s'est jamais retrouvé autour d'une bière pour discuter de ses histoires passées ? La somme de nos actions, de nos voyages, de nos emplois font-ils de nous ce que nous sommes ?
J'ai escaladé une petite montagne en pleine nuit à la seule lueur d'une petite lampe Energizer... En haut, arrivé au sommet, j'ai croisé un sanglier. A quelques centimètres du vide (sans exagéré) je me suis accroupis derrière un buisson laissant la bête partir... Nous étions deux ce soir là et si vous connaissez l'un de nous vous connaissez cette histoire. Cette histoire qui me définit autant que tous les films et que tous les voyages que j'ai pu faire au cour de ma vie.
Cette petite histoire est légendaire. C'est à dire que par définition elle doit être lue, elle doit être racontée. Elle deviendrait mythique si en plus j'en rajoutais déformant (légèrement ou non) la réalité.
Si les histoires que l'on se raconte deviennent mythiques au moins à l'échelle de notre cercle amical alors nous devenons aussi les personnages de ce mythe et nous finissons par nous construire un masque qui devient une réalité.

Les histoire racontées, voilà un sujet passionnant. Nous nous racontons tous des histoires. Certains le font de manière professionnels, d'autres de manières plus modeste plus pudique. Mais tous nous nous racontons des histoires sur ce que nous sommes. Jusqu'à devenir ce que nous voulons être. Jusqu'à rentrer dans des cases en quelques sortes. Cela pourrait être triste finalement, s'il n'y avait pas un fond de vérité dans ces histoires. Cela pourrait être déprimant surtout si nous nous persuadons que nous pouvons tout changer.
Si nous devenons des archétypes dans la vie des autres...
Si nous n'existons que par ces quelques lignes de dialogues qu'on nous souffle en tant que personnages.
Sommes nous vraiment tous le héros de notre propre vie ?
Je peux poser la question, je ne sais pas ce que vous pensez. Et en exagérant je ne sais même pas si vous pensez. Dans le doute (cartésien) je sais que je pense mais je n'ai aucune certitude quand à vous autre. Si je force le trait, je peux croire que vous ne pensez pas et si vous ne pensez pas vous n'êtes pas. Si vous n'êtes pas alors... Il n'y a que moi qui suis. Puisque je pense. Je pense donc je suis mais vous...
Alors vous seriez des personnages ?

Nos mythes se font et ce défont aux rythmes des vies humaines. Et si nous avons un rôle dans notre propre mythologie il en faut beaucoup pour devenir le héros aux mille visages. Et pourtant nous continuons de vivre nos mythes en nous disant qu'à défaut d'être le héros nous sommes probablement le personnage principal...
Et nous sommes probablement utiles, à défaut d'être utile à tous, au moins à quelques personnes.

J'avais trouvé un livre sur le meuble des caisses express du Monoprix de Boulogne quand j'y travaillais encore. J'avais lu la quatrième de couverture et j'avais adoré. Je n'ai jamais lu le livre et quelques années plus tard je l'ai retrouvé. Je ne l'ai toujours pas lu alors ce que je vais dire est peut-être une énorme connerie et ne dépend que de la compréhension d'il y a 6 ans d'une quatrième de couverture. Ce livre c'est Les cinq personnes que j'ai rencontrées la-haut de Mitch Albom. De ce que j'eus compris donc : dans l'au-dela, nous retrouvons au paradis cinq personnes pour qui nous avons été déterminant. Depuis lors je me dis parfois que si j'arrive à être déterminant pour cinq personnes alors j'aurais réussi à vivre le plus correctement...

epilogue épisodique

Que ce soient les galeries de personnages de Kaamelott ou de tout autres oeuvres, d'ailleurs comme un ami un temps l'a fait pour moi, si vous êtes fan du mythe arthurien, jetez vous sur Le Cycle de Pendragon de Stephen R. Lawhead (en plus des récits de Chrétien de Troyes hein), nous finissont tous par devenir nos propres archétypes.
Ce n'est pas mal de rentrer dans un moule si tant est que ce moule nous convient. Nous sommes pas tous nés pour enduré ce que les plus grand héros endurent. Attention, rentrer dans un moule ne veut pas dire devenir un simple idiot abreuvé de bêtises qui croit tout ce qu'on veut lui faire croire. Rentrer dans un moule ne veut pas dire non plus se couper de tout. Rentrer dans un moule ne veut pas dire de ne plus penser.
Ce que j'entends par là, et je parle forcément en tant que scénariste, c'est d'accepter le personnage qui sommeille en nous et que nous voulons être.
Se rebeller contre l'état ou l'ordre établi en général, pourquoi pas tant qu'on ne se sent pas investi d'une mission, tant qu'on sait ranger les armes et qu'on ne va pas contre la liberté des autres.
Se forger une réputation solide au travail ou dans n'importe quel domaine artistique, si cela nous convient mieux.
Se dépasser sportivement sans avoir envie de devenir champion car on sait au fond de nous qu'on n'est pas le meilleur (mais donner le meilleur de soi).
Etre des parents aimant, élever son enfant dans ce qui nous semble le mieux pour lui.
Mais surtout accepter d'être à sa place avant que quelqu'un nous y remette. Accepter de devenir un archétype en sachant qu'au fond de nous on sera toujours un personnage plus complexe que l'histoire le laisse à penser.

Accepter de n'être que le reflet de ses propres légendes, de n'être qu'un ensemble d'instants plus ou moins marquants qui nous définissent, accepter d'être heureux pour ça et comme ça.
On pense toujours que la vie se déroule en plan séquence parce qu'on voit en plan séquence. C'est faux. Déjà parce qu'on cligne des yeux donc il y a des coupures. Ensuite parce qu'on dort. Et enfin parce que les yeux ne voient pas en plan séquence. Ils coupent colle un image fixe le regarde tourne et reprend sur une image fixe. Vous voulez une preuve, j'espère que vous avez une montre avec une trotteuse. Regardez là. La seconde a eu l'air longue. Vous avez presque eu l'impression qu'elle est figée. Si les yeux captent tout en plan séquence, le cerveau ne regardent qu'en dizaines de milliers de plans de coupes tous les jours.
Rien à voir encore mais regardez Enter the Void
De même que nos souvenirs ne sont pas des plans séquences ! Nous ne sommes que la sommes d'instant plus ou moins mémorables. Qui, quand on y repense nous font sourire. Des instants où nous sommes des héros, des instants où nous sommes des salauds...
La conclusion arrive restez encore un peu

Et si nous sommes des instants, des personnages, la somme de nos souvenirs, la somme de nos légendes et de nos mythes et que nous évoluons hors des traits de plumes d'un hypothétique mais improbable scénariste, nous n'en restons pas moins les archétypes que nous voulons être, brut et simple à la surface, bien plus complexe en profondeur. Bien moins unique que prévu, mais toujours humble, je pense que c'est ainsi que nous devons nous définir. Sans haine pour soi, ni pour les autres.
Nous pouvons aussi être différent archétype dans différentes histoires aussi. Ce qui nous donne plusieurs rôles. Le mieux c'est quand on arrive à aimer tous ces rôles différents que la vie offre.

C'est pas très marrant ce soir, mais je ferai mieux la semaine prochaine. On retrouvera des trucs plus funs à écrire.
En attendant, joyeux anniversaire.
Et bonne soirée !

à suivre...

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