myrzouick
écrire, scénariser et mourir vite...
26/09/2022
inachevée
Sur toutes les histoires écrites et racontées... combien resteront (à jamais) inachevée ?
Combien d'idées, de concepts sont jetés sur le papier et aussitôt abandonnés ? Jusqu'à ce qu'un oeil plus sage, plus vieux les redécouvre pour en faire quelque chose ?
Combien d'amour, de tristesse, de joie, de vide sont ainsi arraché à un coeur laissé béant ? Combien de temps faut-il pour se remettre d'avoir perdu l'amour de sa vie ?
Combien de nouvelles auraient pu devenir de grands romans ? Combien faut-il de mots pour écrire une histoire achevée ?
Combien d'histoires ne seront plus jamais racontées ?
Comment faut-il lui dire ? Comment faut-il faire pour achever une histoire ? Comment faut-il faire pour continuer de vivre ? Comment vivre en ayant ces centaines d'histoires qui seront à jamais oubliées. Tristement ?
Je comprends pourquoi certains éditeurs rechignent à publier des nouvelles aujourd'hui. On peut largement voir ça comme une bonne idée qui ne va pas au bout d'elle même.
L'auteur a-t-il fait le tour de son concept, a-t-il tout raconté ?
L'amoureux a-t-il tout testé pour reconquérir la belle ?
À la belle époque, les nouvelles étaient un moyen d'écrire vite pour être payé tout aussi vite. Par exemple Howard, K. Dick ont été de grands nouvellistes en proposant des histoires courtes pour des magazines spécialisés. Certaines nouvelles devenant cultes, d'autres se transformant en roman, certaines oubliées...
J'ai pesté un peu plus tôt contre les micro-nouvelles - en 2019, putain c'était il y a une éternité : par ici. Est-ce qu'une histoire mérite quelques mots uniquement ?
Tu l'as trompée, elle est partie.
Ou ne faut-il pas plutôt en faire quelque chose de plus grand ? Se creuser la tête quitte à raconter une histoire trop personnelle.
Peut-être qu'une histoire ne mérite pas d'être racontée ? Peut-être qu'on en est là aujourd'hui parce qu'on donne de l'importance à ce qui ne devrait pas en avoir !
C'est faux !
Toutes les histoires méritent d'être racontées. Toutes les histoires ont le potentiel de devenir des légendes - dans le sens étymologique du terme qui doit être lu - c'est aussi pour ça qu'on a le même mot sur les cartes - mais je m'égare.
Toutes les histoires...
Toutes les vies !
Doivent être racontées...
Mais encore faut-il les achever... non ?
inaccessibles
Il y a ce besoin chez tout auteur d'achever son oeuvre.
Si mon histoire s'arrêtait là, quel monstre serais-je ?
Pourquoi ? Parce que laisser une idée, une pensée en l'état c'est la soumettre à l'imagination de ceux qui la récupère.
Nous avons tendance à remplir les histoires inachevées d'envies et de fantasmes. Il suffit de deux mots, deux petits mots, maudits : et si ?
Un terreau si fertile pour tous nos cauchemars.
Mais les histoires inachevées sont par définition inaccessibles. Renfermées dans les pensées des auteurs, parfois inaccessibles aux auteurs eux-mêmes !
Elles ne sont que des fantasmes, des bribes, des fragments.
Alors on ne peut que interpréter les silences... et se faire une raison. Certaines oeuvres vont restées inachevées.
Mais quelle est la différence entre inachevées et incomplètes ?
Prenons Conan par exemple, on pourrait croire que l'histoire n'est pas terminée car elle n'est pas complète. En effet, son auteur raconte des fragments des aventures du Barbare. De sa jeunesse jusqu'à son couronnement. Conan le Barbare a des zones d'ombres. Il y a des choses qui sont passées sous silence. On sait qu'il a été voleur, marin, chef de guerre, qu'il a décapité un magistrat et qu'il a vécu une belle histoire d'amour avec une cheffe pirate.
Conan se fiche des dieux et des prêtres.
N'aspirant qu'à vivre pour combattre et manger.
L'histoire est incomplète mais pas inachevée. Ou l'est-elle ?
Le Roi Barbare peut continuer de vivre de nouvelles aventures (déjà en tant que roi on a le droit à une nouvelle où il doit sauver son royaume).
Alors ?
Peut-on compléter une histoire inachevée ? achevée une histoire incomplète ?
Les premières éditions en roman de Conan ont été remis dans un ordre chronologique parfois contesté, puis d'autres romans sur Conan sont apparus pour compléter. Si on ajoute les jeux, les comics, les peintures et autres jeux de rôle. L'histoire de Conan est loin d'être achevée, loin d'être complète.
Et pourtant, lorsque les rééditions sont sorties, les textes originaux de Howard, tout le monde s'est mis d'accord. Ceci, bien qu'incomplète, est la véritable histoire de Conan - l'histoire canonique. Achevée...
Je resterai donc incomplet à défaut d'être achevé ?
illustration
Vous vous doutez bien que je vais parler du Seigneur des Anneaux et de cette nouvelle série Rings of Power...
Le Seigneur des Anneaux est une histoire achevée. Et Tolkien a laissé tellement de lettres, de brouillons, d'écrits en tout genre que la mythologie de la terre du milieu est aujourd'hui assez bien définie.
Des spécialistes, des historiens, savent retracer l'histoire des valars, des magiciens de Morgoth et de son apprenti.
Une histoire marquée par les guerres, les alliances, les trahisons...
Une histoire achevée ?
Bonne question.
Si Tolkien avait été éternel, il aurait peut-être pu raconter chaque jour de chaque âge. Mais la vie s'achève toujours par une mort certaine.
Alors aujourd'hui en plus de cette chronologie que nous a laissé Tolkien, on peut voir des histoires apparaitre.
Les Anneaux de Pouvoir en sont une.
Les auteurs de la série nous proposent une illustration - je reviendrai sur le mot un peu plus bas - de ce qui s'est passé avant le seigneur des anneaux quand Elrond n'était pas encore Hugo Weaving.
Si je parle d'illustration c'est que les auteurs ont adapté une partie des appendices du seigneur des anneaux pour en faire une série en 10 épisodes (et plusieurs saisons ?) où l'on apprend comment et pourquoi les anneaux de pouvoirs ont été forgés.
Si ceux habitués au Silmarillion connaissent parfaitement l'histoire, les auteurs n'ayant accès qu'au Seigneur des Anneaux et aux appendices doivent broder.
Ainsi, ils prennent des libertés qui, ok, font rager quelques rageux, mais surtout ne sont qu'une histoire parmi d'autres qu'on pourrait raconter.
Ainsi, ils deviennent ces bardes que j'enchante depuis quelques années déjà qui savent - attention la série n'est pas finie - raconter autrement une histoire qu'on a déjà entendue.
Plusieurs fois, et vous pouvez me relire, j'ai toujours imaginé plusieurs versions d'une même histoire, plusieurs façon d'écrire, plusieurs façons de laisser la main.
Et c'est là où je voulais en venir.
Aucune histoire n'est jamais achevée réellement...
épilogue, espoir...
Aucune histoire n'est jamais achevée...
Ce qui nous rempli d'espoir et de désespoir.
- Jusqu'à la mort...
- Oui...
Alors pourquoi courir après le temps, pourquoi courir après l'amour, les idées ? Pourquoi écrire encore et encore ?
Pourquoi vouloir absolument continuer à espérer.
Parce qu'on est comme ça...
Une idée doit aller au bout. Une histoire doit être racontée entièrement.
Des histoires inachevées naissent l'envie, la colère, la frustration et l'espoir.
De toutes les histoires inachevées naissent l'humanité. Nous sommes nous même inachevés, incomplets, à jamais perdus. Il faut trouver le courage de vivre malgré tout.
Il faut finir d'écrire notre histoire, il faut finir d'écrire quelque chose qui méritera d'être raconté. Il faut écrire.
On ne peut pas rester à jamais inachevé, ou incomplet.
Pourtant nos histoires le sont et le seront fondamentalement, mais aujourd'hui, depuis peu, je n'ai plus peur d'écrire la mienne. Enfin !
C'est trop tard ?
Non... Je ne vois pas comment tout ça pourrait être trop tard.
Ce sera la conclusion de cet article : il n'est jamais trop tard pour écrire une histoire, pour raconter une histoire, pour vivre une histoire.
La preuve en est : j'ai changé. Je continue de changer !
Une histoire se conte parfois toute seule.
Il suffit d'un petit coup de pouce pour qu'elle redémarre enfin.
Parle-moi. Et je te dirai quelle histoire tu veux vivre vraiment.
Combien d'histoire ai-je achevé vraiment en tant qu'écrivain ? Combien d'histoires restent encore inachevées dans mon dossier "Ecrits (Théo)" - nom qui date d'une époque ou je partageais mon ordinateur ?
En tout cas la prochaine, celle que je veux écrire, celle qui ne parle que d'amour...
Celle qui ne parle que de toi... Malgré tout.
Putain j'ai encore parlé de ma vie, fais chier.
La prochaine fois, promis, on parle d'autre chose. Je vous dirais peut-être ce que je pense de l'Anneau de Pouvoir.
Disons que cette article c'était pour se remettre sur le vélo.
Ecrire, scénariser... et mourir vite.
Bonne semaine.
Prenez soin de vous.
à suivre...
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