myrzouick
écrire, scénariser et mourir vite...
12/06/2021
les histoires à ne pas raconter
Bonjour, bienvenue dans ce blog. Si vous ne me connaissez pas, sachez que cela fait maintenant 2 ans que je tiens plus ou moins régulièrement ce site en proposant des articles qui parlent d'écriture, de cinéma et de moi...
Si vous me connaissez, vous savez que je pense que les meilleures introductions sont les plus courtes et ça tombe bien, aujourd'hui, je pense même qu'il y a des histoires qu'il vaut mieux ne pas raconter !
Il est 17h, vous êtes sur myrzouick.com !
Il y a tellement de raisons de raconter une histoire - je vous en ai souvent citées tout au long de ce blog - qu'on en oublie qu'il faudrait parfois ne rien dire.
On raconte des histoire pour les graver dans nos mémoires (de poissons rouge à l'échelle de la planète). On raconte des histoires pour vivre les récits de grands héros, pour se mettre dans la peau de personnages mythiques, pour se comparer aux sages et aux guerriers des temps passés.
On raconte des histoires pour expliquer, pour se souvenir, pour prévenir ou même prévoir. On raconte des histoires pour ne plus refaire les mêmes erreurs.
On raconte des histoires pour les confronter à notre vie, à notre réalité et en tirer des enseignements. On raconte des histoires pour en apprendre des plus grandes encore.
C'est parfois par les petites histoires qu'on apprend l'Histoire, et on l'apprend mieux si elle est bien contée !
On raconte aussi des histoires pour en vivre.
Nos bardes font de leur récits des légendes, des mythes. Ils arrivent à faire déplacer les foules, à faire vivre les plus grands fantasmes sur toile, sur papier ou sur scène.
On raconte alors des histoires pour devenir intemporel ! On raconte des histoires pour marquer le temps et faire en sorte qu'ils ou elles soient nombreux pour l'écrire et la réécrire et la transmettre de nouveau dans un autre temps, un autre lieu.
Enfin, on raconte des histoires pour embellir la réalité morne ou se plaindre d'une triste vie.
On (se) raconte des histoire pour se lever le matin, pour trouver un sens caché à notre vie. On raconte des histoires pour se motiver, pour donner un sens à ce qu'on est à ce qu'on fait.
Et malheureusement, parfois, on raconte des histoires pour mieux se détester, pour mieux s'en vouloir. Se détester soi-même est une autre façon d'exister à travers une histoire. On veut bien se raconter tant de choses et on est les premiers à se croire.
On raconte des histoires pour se convaincre qu'on est bon ou mauvais et souvent pour se dire qu'on n'est pas à la hauteur....
Et c'est peut-être ce genre d'histoire qu'il faudrait commencer par ne plus raconter.
il y a des choses qu'on doit taire...
et puis celles qu'on doit pas comme chantait Jean-Jacques Goldman.
Parfois, il vaut mieux ne rien raconter, ne rien ajouter à ce qui est déjà dit.
Je ne pense pas être adepte du mystère, la preuve : vous lisez mes pensées assez régulièrement dans ce blog, mais je sais qu'il y a des histoires qu'il vaut mieux taire.
Quand on écrit une histoire, il faut commencer par se poser quelques questions.
Au-delà de savoir ce qu'on veut raconter (souvent cette question primordiale trouve une réponse assez rapidement), il faut d'abord déterminer si :
- cette histoire est intéressante pour quelqu'un d'autre que moi ?
- je suis le mieux placé pour la raconter ?
- cette histoire permettra de faire évoluer une situation, une pensée, etc...
Si je suis le seul concerné, que ça n'intéresse personne à quoi bon.
On dit qu'il faut du courage pour écrire (du talent surtout - ta gueule) il faut aussi du courage pour ne pas écrire. Et c'est là où je flirte avec la limite sur ce blog.
Vous conviendrez certainement que toutes mes idées n'intéressent peut-être que moi, mon avis n'est pas spécialement important et ce blog, puisqu'écrit par un sombre crétin, ne fera pas évoluer la pensée humaine et les écrivains en herbe ne s'y attarderont pas car trouveront bien d'autres maitres à consulter (en plus tu fais des fautes alors...)
Fin.
mais !
Mais je pense que je suis quand même en droit d'espérer que cet exercice hebdomadaire - mensuel en ce moment plutôt - m'aidera à améliorer mon style, ma façon de voir les choses, et l'exercice a déjà été bénéfique car en relisant l'ensemble des conclusions de mes articles je comprends le chemin qui me reste à parcourir.
De plus je pense que ce que je raconte peut-être lu et interprété par tous ceux qui m'aiment. Je dis ici des choses que je ne révèlerai jamais en tête à tête, sachez le.
Enfin, bien que je ne sois pas sûr d'être le mieux placé pour parler d'écriture. Je suis quand même lancé dans des processus créatifs divers et variés depuis très longtemps et j'ai déjà connu les écueils d'avoir des rêves brisés (de vivre de ses écrits).
Bref, voyez plutôt ce blog tel qu'il est : des pensées lancées au hasard comme une bouteille à la mer censé aider un naufragé.
Donc, les histoires qu'on ne raconte pas.
Vous l'aurez compris, ce sont les histoires qui ne sont ni intéressantes pour celui ou celle à qui on la raconte, ni instructive d'aucune sorte (pas d'information, de morale, etc...) et surtout - et c'est là où je voulais en venir depuis le début - c'est même ça qui m'a donné l'idée de l'article du jour - si la personne qui raconte n'est pas la mieux placée pour raconter l'histoire.
Qu'une histoire ne soit ni intéressante, ni instructive ça arrive à tout le monde.
- oui...
- ...
- ... comme là...
- ...
Mais le plus important à mon gout c'est est-ce que ça a un intérêt que je l'écrive moi plutôt qu'un autre. En quoi, mon engagement, mon apport (c'est à dire mon expérience, mon style, etc) va rendre l'histoire plus intéressante, plus importante qu'elle ne l'aurait été, racontée par un autre.
C'est toute la place de l'auteur qui est en jeu.
C'est le fait de pouvoir dire : "cette histoire, je la transmets parce que je suis, pour le moment, le mieux placé pour la transmettre."
Et c'est là où je pense qu'il faut parfois mieux se taire.
Bien qu'on le croit souvent, nous ne sommes pas forcément les meilleurs pour raconter une histoire même si elle nous appartient.
Je reste persuadé par exemple que Ridley Scott est un génie mais qu'il dit une énorme connerie quand il laisse entendre que Rick Deckard (dans Blade Runner) est un réplicant car 1. sa vision de l'histoire et plus intéressante quand il laisse un doute 2. malgré toutes les versions tournées et montrées, jamais il ne le décrit ainsi (sauf dans les interviews d'après film).
Bon j'ai pas revu le film depuis longtemps, mais par exemple, dans le jeu vidéo, le doute reste à l'interprétation des choix, et de leurs conséquences, du joueur qui suit McCoy.
Ridley Scott a, certes, accouché de la franchise Alien avec son premier film assez grandiose mais j'ai vu Covenant récemment et... bah non. Juste non.
Peut-être aurait-il mieux valu laisser la main à quelqu'un d'autre pour la suite/prequel de toute la saga.
Je ne dis pas qu'elle n'a pas de sens, au contraire, les intentions derrière le duo Prometheus/Covenant sont claires et louables (peut-être même plus que celles derrière la prélogie Star Wars) mais Ridley Scott n'a pas su faire une suite à la hauteur de son ambition.
épilogue épidictique
Concluons simplement : un récit doit être au service de l'histoire et non de celui ou celle qui raconte.
Les histoires que l'on raconte sont des moyens de passer une information, une intention, un message. Ce message bien qu'il soit important peut être passé de différente façon.
Je vous l'ai déjà dit précédemment il faut toujours faire l'effort d'aller chercher la vérité au travers de l'histoire et toujours se mettre au niveau de celui ou celle qui nous la raconte pour mieux l'appréhender.
Et c'est là qu'intervient le conteur. Celui qui raconte l'histoire doit être celui qui a le plus d'intérêt à le faire. Parfois, donc, pour laisser l'histoire vivre, il vaut mieux se taire.
Et qui sait ? En ne racontant pas l'histoire à quelqu'un directement, en laissant un ou une autre faire, on permet à l'histoire d'être mieux accueillie.
Ne pas se mêler d'une histoire.
Accepter de n'être qu'un personnage et non le héros.
Laisser raconter pour mieux réconcilier.
En faisant ça on accepte, les improvisations, les imprécisions. On accepte un nouveau style, un nouveau regard, une nouvelle personnalité.
Avec ça, on accepte de voir transposer une vision différente sur son histoire. En quelque sorte on accepte d'être trahi par sa propre histoire, d'être mal compris, de ne pas avoir été celui qui la rendra grande.
Mais c'est aussi ça l'humilité de l'auteur, savoir se mettre au service de son histoire et non l'inverse.
Voilà.
Alors attention, je ne dis pas qu'il faut abandonner et donner toutes vos idées à des auteurs qui ont pignons sur rue, je ne dis pas non plus que chaque histoire que vous conterez serait mieux dans la bouche d'un autre barde.
Je dis simplement qu'une histoire peut-être comprise de pleins de façons différentes et que raconter par quelqu'un d'autre, elle peut prendre une toute autre tournure et avoir un enseignement légèrement différent.
Je vous laisse là-dessus.
Merci de me lire, vous êtes adorables.
A bientôt.
Prenez soin de vous.
à suivre...