myrzouick

écrire, scénariser et mourir vite...

24/02/2021

descriptif

Que je vous explique un peu...
Je ne sais jamais ce que je vais écrire dans ce blog et même lorsque je commence un article il n'est pas rare que mes pensées et mes doigts sur le clavier m'emmènent vers complètement autre chose.
Alors j'essaie de rester cohérent, en règle général je parle d'écriture, surtout, de films, de jeux ou de séries.
Alors ça m'est arrivé de parler d'émission télé mais surtout je parle de moi. Mais ça vous l'avez compris assez vite.
Dans tous les cas, je me laisse guider par mes envies du moment et j'essaie, pour que tout cela reste agréable, de ne pas m'imposer des temps d'écriture sur mon blog pour me concentrer sur tout le reste (en ce moment une oeuvre d'art en Lego).

Et puis des fois, j'ai des idées, qui popent - du verbe "poper" ou "ploper" ça dépend de la viscosité - en gros dans un liquide c'est plus plop! alors que dans un solide ou dans l'air c'est plus "pop" - bref - dans ma tête.
Et j'essaie de me les noter.
Des idées qui me donnent un angle depuis lequel je peux aborder le conte, l'histoire ou l'écriture.
Alors je me note ces idées (souvent dans Google Keep, parfois en enregistrant parce que des fois ça pope alors que je conduis) et je base tout mon article sur cet angle si particulier...

Et vient l'article d'aujourd'hui.
J'ai noté : "voir ce que les personnages voient ou comment décrire sans aller trop loin pour ne pas être certain... démerde-toi avec ça, Théo du futur, moi je vais me coucher !"
Fin de l'idée...
Il était 3h du mat, j'étais encore une fois perdu dans une insomnie. La semaine de boulot avait été particulièrement harassante et j'étais épuisé sans pouvoir fermer l'oeil...
Donc pour l'article d'aujourd'hui, laissez moi essayer de comprendre mon "moi du passé" car si je ne me souviens plus de ce que je pensais à ce moment là, je peux me faire confiance, ça devait valoir le coup !

rétropédalage

J'appelle ça rétropédalage, parce que je ne trouve pas la métaphore exact qui irait avec la notion de rétro-ingénierie : vous me voyez comme si j'allais chercher la démarche intellectuelle qui m'a amené à ce message simple que je me suis laissé à moi-même.
Retrouver les pensées qui m'ont conduit à cette conclusion et en tirer une nouvelle conclusion aujourd'hui.
Il devrait y avoir un mot pour ça.
Retrospection ?!

Retrospection

Alors je ne sais pas si ça vient uniquement de moi mais j'ai toujours eu du mal à décrire des scènes.
Enfin, pas forcément toutes les scènes, car décrire un personnage ou un lieu reste assez basique et tout n'est qu'une histoire de détails. Il faut en mettre assez pour rendre l'univers crédible et pas trop pour ne pas se perdre en description inutile.
C'est encore plus simple quand on prend une diégèse proche de la notre (c'est à dire proche de la "réalité" - oui, je mets des guillemets à réalité) où tout ce qu'on décrit ressemble à ce que le potentiel lecteur a sous les yeux tous les jours.

C'est un peu plus compliqué quand on doit décrire une posture ou des gestes dans une action et plus particulièrement dans ce dernier point quand on doit chorégraphier un scène sans alourdir le texte.
Je vais prendre un simple exemple : "le héros désamorça la bombe"
Bon bah c'est suffisant mais on peut aller plus loin dans la description : "le héros ouvrit le capot métallique du boitier. Sous une sorte de cadran lumineux, où les secondes défilaient bien plus vite qu'il ne l'aurait cru, il remarqua deux petites vis en étain. Une fois enlevées, et avec des gestes précis, il eu accès à un circuit imprimé relié par trois fils rouge et un fil bleu. le héros soupira. une goutte de sueur perla sur son front. Lorsqu'il sectionna le fil bleu il serra les dents et ferma instinctivement les yeux. Le compteur s'était arrêté. il avait désamorcer la bombe
Et je trouve ça encore plus compliqué quand il s'agit d'une scène d'action rapide où il faut aller vite ou de sexe (j'aime pas trop décrire des scènes de sexe, je me dis que ma mère va le lire et comme tout est méta... BREF !)
L'auteur doit en permanence écrire exactement ce qu'il faut pour accompagner l'imagination du lecteur.

Petit apparté, pour les séries ou le cinéma, je trouve ça beaucoup plus simple.
Par exemple, George Lucas (de son propre aveu) a écrit pour la scène finale de Star Wars III, entre ObiWan et Anakin : "They Fight" sur toutes les pages.
Charge au chorégraphe de mettre en scène un combat sur fond bleu qui tiennent 20 minutes... Alors je ne dis pas que le réalisateur n'a pas du mouiller la chemise à ce moment là, mais clairement le scénariste lui a donné une indication.
Et c'est là la complexité une indication (de jeu, de temps, de lieu) n'est pas un description. Et ça va même plus loin que ça.

voir et laisser voir...

Dans mes notes, j'écris donc, décrire sans être certain...
ça a du sens. Dans une histoire, pour mieux surprendre le lecteur, il ne faut pas tout écrire.
Je me suis toujours demandé comment faire pour décrire ce que je voulais voir dans mes histoires sans forcément être purement descriptif et sans tout laisser aux lecteurs.
Il faut, pour créer un maximum d'empathie, mettre, d'après moi hein, ça vaut ce que ça vaut, la vision du lecteur au niveau de celle des personnages... Le lecteur doit être surpris comme le personnage, avoir peur comme le personnage, aimer comme le personnage, en un mot vivre avec le personnage !

Il faut savoir faire la part des choses entre l'empathie des personnages et ce qu'on peut montrer.
Encore une fois, au cinéma, toutes les motivations nécessaires à l'acteur sont dans les "didascalies" ou dans la direction de l'acteur. Le réalisateur peut dire : "non mais là, y a un dragon qui te poursuit".
Un écrivain ne peut pas, en tout cas c'est ce que j'essaie de penser, écrire "le héros court comme si qu'un dragon le poursuivait"...
Il est obligé d'amener la poursuite par la peur, le souffle de souffre du dragon, les tremblements des pas sur le sol, la course effrénée du héros pour sa vie... Et ainsi se mettre au niveau du héros et faire monter un suspens.

Il faut amener les choses, quand on raconte une histoire et là on va prendre le film au global, il faut venir au niveau de celui qui lit, écoute ou regarder l'histoire pour réussir à le capter.
Comment faire comprendre au lecteur ce que le personnage a vu ou compris sans pour autant tout écrire, tout dire ?
Le buisson de Silent Hill, pourquoi ce plan final sur un buisson qui... ne fait rien. Que doit-on comprendre ? Comment l'interpréter ? Qu'a-t-il donné comme indication à son cadreur, son acteur, son directeur photo ?
Est-ce que c'est un plan au hasard ? Est-ce que ça a du sens ?
De la même façon comment faire comprendre au lecteur ce que les héros ont compris sans l'écrire textuellement ?
Tout est une question d'équilibre.

épilogue, épithalame

Voir ce que les personnages voient. Sans forcément donner des indications tranchées. Suggérer plutôt que dire. Faire remarquer plus ou moins subtilement que tout ce qui a été écrit jusque là a un sens plus profond...
Au début de mon livre, par exemple, je décris la découverte d'un élémentaire par un scientifique. Pour faire simple, en gros, le personnage principal croit voir une lueur dans le fond de son laboratoire et s'en approche.
Dans un scénario, j'aurai pu donner une indication : le héros voit l'élémentaire mais ne sait pas ce que c'est.
Le film, s'il était tourné, devrait jouer avec la lueur, les éclairages pour ne pas gâcher le suspens. Si le personnage ne sait pas ce que c'est, le spectateur ne doit pas le savoir non plus. Et c'est de ça dont je voulais parler, je le crois, il y a deux semaines à 3h du matin.
Dans mon livre, je décris une "course" de la lueur puis une déflagration. S'ensuit une sorte de combat entre le scientifique et l'élémentaire qui lui résiste. Et seulement vient la description, le regard fatigué des deux êtres, les flammes qui crépitent et l'émerveillement du scientifique.

Lors de ma deuxième correction de mon livre - je suis en train d'effectuer la troisième pour ceux que ça intéresse - j'ai été surpris - et déçu, voire horrifié - de ma lâcheté à ce propos.
Il faut dire que, voulant toujours suggérer, je n'avais, jusque là, c'est pour ça que je corrige, jamais pris parti pour une description plus sûre.
Vous verriez le nombre de "semble" que j'ai écrit !
Le héros semble entendre ; semblent brillantes ; ; semble vouloir aider ; semble laisser apparaitre (le pire)...
Dans ma pauvre tête, rien n'est tout semble... Alors je comprends pourquoi j'ai fait ça. Parce que je n'étais pas sûr de mes descriptions justement, parce que je n'arrivais pas à écrire que quelque chose était tout simplement.

Alors si mon blog doit un jour servir à quelque chose, je donnerai ce simple conseil :
un auteur doit être sûr de son récit.
Il doit être sûr de ses décisions, de ses personnages, de ses actions, de ses descriptions. un auteur doit savoir ce qu'il a à faire pour transmettre au mieux des émotions (peur, frustration, joie, colère, inquiétude) à son auditoire.
J'ai déjà parlé de l'auteur-dieu, marionnettiste de personnages qui luttent pour exister malgré lui. Si l'auteur peut être surpris par l'évolution d'une histoire, en aucun cas il ne peut se laisser submerger par sa forme, ses mots.

Mettre des mots sur des idées, des émotions, est une chose qui m'a demandé et qui me demande encore beaucoup de temps, de travail.
Si mes doigts vont aujourd'hui presque aussi vite que mes pensées c'est aussi parce que je suis devenu de plus en plus sûr de ce que je racontais.
Je ne dis pas que c'est digne d'intérêt, je ne dis pas que c'est merveilleux.
Et les ratures et les fautes que je continue de faire encore et encore sont la preuve que je suis bien moins confiant que je ne le laisse entendre.

Mais je sais où je veux emmener mon histoire. Et si mes personnages m'échappent parfois, je sais comment mettre en forme leur rébellion pour nous en sortions, eux comme moi, grandis !

Alors soyez sûr de vos mots, ne les atténuez jamais, donnez leur du sens et écrivez ce que vous voulez.
Bonne soirée.
Portez-vous bien.
A bientôt

à suivre...

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