myrzouick

écrire, scénariser et mourir vite...

17/12/2020

l'attente, la comparaison, la déception

Plus c'est long, plus c'est bon disait-on. C'était sans compter l'attente. Quand l'attente est longue c'est pas toujours aussi bon qu'on ne l'espérait.
Je vous rassure, je ne vais pas vous parler de Cyberpunk 2077 car vu l'état de mon PC, je pense y jouer dans quelques années en mode GOTY sur une bête de concours et donc si je l'attendais pas spécialement, je ne peux pas être déçu.

Je ne vais pas vous parler non plus de l'attente de la réouverture des salles de cinéma et donc des films que j'attends avec impatience sur Grand Écran.
L'attente est longue mais les films sortiront tôt ou tard et il faudra aller au cinéma.

Parenthèse : sortir où ?
Je n'étais pas spécialement un arpenteur des salles obscures et donc j'ai découvert énormément de film en blu-ray (et désormais 4K - on va y revenir).
Puis il y a les séries, qui aujourd'hui sortent par paquet de 12 sur un tas de plateformes concurrentes que vous connaissez et qu'il est possible de regarder en direct, parfois des saisons entières. Ces plateformes ayant chacunes des ambitions et des publics distincts. Netflix pour les grands ados, Disney+ pour les petits ados, Prime Vidéo pour les ados qui ne veulent plus être ados et HBO (OCS en France) pour les fans de Games of Thrones, ne riez pas ils sont de moins en moins nombreux, mais fort heureusement avec de nouvelles séries phares que j'ai déjà cité maintes fois et que vous devez voir : NewsRoom, Chernobyl, Watchmen, Dark Materials (même si ça c'est quand même pour ado), Succession et Irresponsable (série plaisir coupable que j'ai adoré par exemple).
A croire que toutes les plateformes pour ados oublie que c'est moi l'adulte qui veut retrouver un peu de magie qui paie alors qu'aux lycées ces petits enfoirés se partagent 1 code à 5 !
Donc les films sont susceptibles et c'est Warner qui l'a annoncé en grandes pompes, directement sur ces plateformes (notamment HBO Max - pas disponible en France).
Et c'est une mauvaise nouvelle.
Il n'y a qu'à voir les réalisateurs qui s'insurgent et disent que ces films ne peuvent pas être découverts ailleurs qu'au cinéma (dont Denis Villeneuve et sont très attendu Dune.

Est-ce que l'essence d'un film nait au cinéma ?
Probablement, probablement pas ?
La question est vaste.
Quel type de cinéma ? Une salle studieuse, une salle de spectacle, en VO en VF ? Il y a mille et une façon de consomme un film alors pourquoi cette annonce de la Warner (et de Disney qui sort Mulan - qui a fait un bide en Chine pour laquelle le film était qualibré - sur Disney+).
Bah je ne sais pas.
Scorsese disait : "pitié ne regardez pas The Irish Man sur votre portable". Mais gars si tu as pu faire ce film de 3 heures c'est pour le laisser sur Netflix. Netflix permet tout aux réalisateurs qui font leur film coup de coeur, mais aussi au spectateur qui peuvent s'endormir devant où... bah Netflix & Chill quoi !
Fallait y penser.

Il y a probablement plus de gens qu'on ne le croit qui ont regardé Irish Man sur Smartphone dans un train. Ou même au lit.
Est-ce un problème ? Est-ce que le cinéma est utile ? Est-ce que l'attente vaudra le coup ? (question que j'écris juste pour me raccrocher à mon sujet principal).
Un film est pensé pour une salle et les meilleures sensations devant un film sont venus au cinéma donc je ne suis pas objectif en disant : il y a des films que je ne voudrais pour rien au monde découvrir ailleurs qu'au cinéma.
- Même si t'as un nouvel écran 4K HDR10+ ?
- Oui. Même si j'avais un nouvel écran, le cinéma ça reste le cinéma non ?
- Alors pourquoi tu t'es racheté le Seigneur des Anneaux en 4K alors que tu l'avais déjà payé en DVD puis en Blu-ray, pauvre tache sans volonté...
- ...

la suite

Et ma transition est parfaitement trouvé, le Seigneur des Anneaux en 4K est sorti hier et je me suis précipité à la Fnac pour découvrir : que les coffrets de LotR et du Hobbit n'étaient même pas synchrone, qu'aucun bonus n'était ajouté finalement et qu'il n'y avait même pas de disque bonus et qu'il faudrait attendre le mois de juin pour avoir une édition intégrale et augmentée...
L'attente du 4K pour me retrouver avec la déception de l'objet tout juste sorti pour Noël.
Vous me direz, peu importe, les bonus tu les connais par coeur. C'est vrai.
- En plus je suis sûr que tu es le genre de gars à dire "là en fait Viggo Mortensen c'est cassé l'orteil en shootant dans ce casque et il s'est servi de sa douleur pour faire une super prise que Peter Jackson a gardé..."
- ...
- "Et tu savais que Chritopher Lee a dit"
- Ferme ta gueule !

L'attente est ce qu'on y met...
On y met tellement de chose, tellement d'envie que forcément en fonction de ce qu'on s'imagine on peut être agréablement surpris ou au contraire extrêmement déçu.
Prenons Kaamelott Premier Volet.
Bizarrement, pour le film - repoussé parce que Astier veut que nous le découvrions au cinéma - je ne m'attends à rien. Astier nous a prevenu : "je ne veux pas faire ce que mon public attend mais ce qui les surprendra". Donc si l'histoire est plutôt claire dans ma tête (ce sera le voyage d'Arthur vers Excalibur puis son trône) je ne cherche pas à savoir ce qui s'y passera réellement, ni comment.
Je ne me pose aucune question sur ces personnages nouveaux qu'on aperçoit dans la bande-annonce (Clovis Cornillac, Sting, Guillaume Galienne...).
Je vais me laisser guider.

En revanche et c'est là que je me rends compte que je suis schizophrène :
J'ai été incroyablement "déçu" par la bande originale du film (qui elle est sortie dans les temps).
Outre quelques morceaux qui sont vraiment géniaux, à aucun moment je n'ai entendu le thème d'Arthur ce qui m'a définitivement convaincu, le Roi ne reviendra pas dans le premier volet.
Car sans ce thème, sans ces quelques notes jouées au cuivre dans le Livre VI (la saison romaine), je sais que Arthur n'est pas lui même.
L'ai-je mal associé ?
Sera-t-il dans le deuxième volet ?
Je le fredonne parfois pour me donner du courage. Et je suis sûr que vous le reconnaitrez si je l'écris : LA RE LA FA MI RE DO LA RE FA LA SI SOL LAAAA.
Vous l'avez ?
Bref. J'ai attendu ce film sans me prendre la tête avec sa bande original et je suis déçu par cette musique qui manque de cet thème aussi épique à mes yeux que celui de la force.
SOL DO RE MIb FA MIb SOL. SOL DO RE MIb SOL MIb DO SOL FA.
Vous l'avez ? Bien.
Bon faut imaginez l'orchestre derrière et c'est ça qui me faisait envie avec Kaamelott c'est cette orchestre et que pour la première fois je ne serai pas obligé de regarder toute une série pour avoir ces quelques notes gravées dans la tête.
Attendons que Arthur redeviennent Roi.

comparaison n'est pas raison

De l'attente nait aussi parfois, et souvent, la comparaison. Et c'est un deuxième mal qui nous perturbe quand on attend quelque chose.
Je n'ai pas vu Queen's Gambit tout de suite et j'ai vu sur mon fil twitter (un peu de pub ça fait jamais de mal) que pas mal de monde adorait cette série forte et rafraichissante.

Le Paradoxe du critique : si jamais on te dit que ce que tu vas voir est cool tu t'attends à un truc si cool que comparativement à l'avis du critique (ou du plus grand nombre) ça ne le sera jamais !
Le jeu de la Dame (en VF) c'est sympa mais ça casse pas trois pattes à un lapin.
Je veux dire c'est bien réalisé avec une actrice au top et au physique "atypique" (ça je l'ai lu c'est pas moi qui le dit, moi je ne peux pas me le permettre). C'est une histoire sympa à la Davidette contre Goliath.
Mais c'est pas ouf non plus ! ça va quoi. Mais c'est pas non plus la série du siècle.

Alors oui, comparé à tout ce que sort Netflix qui fait depuis longtemps dans la quantité, bah c'est au-dessus du lot ce qui fait que quelques spectateurs trouveront que c'est une série qui sort un peu de l'ordinaire. Mais cette qualité devrait être un minimum requis et pas une exception.
C'est quoi ? C'est parce que c'est une ode au féminisme ? Avec une femme forte, intelligente et indépendante que ça plait autant ?
Hey mais la meuf est asociale et se drogue. Oui parce qu'on n'est toujours pas capable de faire des héroines (ou des personnages principaux féminins) sans défaut.
J'en ai déjà parlé mais ce qui a forgé notre masculinité qui fait que nous sommes aujourd'hui les maitres du monde ce sont des héros sans défaut ou si peu.
Arrêter donc de nous vendre des meufs un peu folle. Il ne faut que des WonderWoman et quand on aura fait le tour, on commencera à faire des femmes torturés, addict aux drogues ou au sexe.

C'est même pas une histoire vraie ou basée sur des faits réels (qui plaisent tant).
Après avec Netflix les histoires basées sur des faits réels on sait ce que ça devient.
Mais pas que Netflix d'ailleurs, regarder le biopic de Queen dont j'ai la flemme d'écrire le nom et de le mettre en rouge tellement le copycat de Freddy Mercury a été sur-vendu !
Provoquant une déception chez plus d'une spectateur.

Donc le jeu de la dame. C'est sympa mais si vous n'avez que quelques heures devant vous préférez Chernobyl par exemple que ce truc.
Et Netflix si tu me regardes. Le niveau de Queen's Gambit, ça doit être le niveau minimum de tes productions, merci.

épilogue, épidémique

Comment ne pas être déçu ?
Ne rien attendre peut encore être une source de déception.
Attendre trop ? Comparer ? Comparer entre son imaginaire ou celui des autres ?
Sommes nous condamnés, animal trop pensif, à être déçu en permanence par des oeuvres, des gens, des actions ?

Nous n'avons jamais assez de recul pour juger.
Nous regardons tous à travers un prisme (le fameux binôme oeil-cerveau) qui nous trahi, nous laisse imaginer le pire ou le meilleur, comme si la pensée était une drogue et que la réalité n'était que spleen.

Les plus touchés sont ceux que la réalité écoeurent et qui se réfugient dans un imaginaire de plus en plus débordant.
L'attente est alors une prison dans laquelle on y met ce qu'on veut y mettre.

Face à ça le BingeWatching a joué un rôle énorme qui n'a fait qu'augmenter le problème. Ingurgitant sans recul des épisodes, des films à la pelle, l'attente est devenu un gros mot et, même si je vais parler comme un vieux con, certains cerveaux ne savent plus attendre tout simplement.

Avoir tout tout de suite. C'est une plaie. Mais je suis mal placé, très mal placé pour juger.
Parce que je ne supporte pas d'attendre, aprce que je supporte pas de penser. Parce que je ne supporte pas de ne pas savoir.
Alors je me soigne mais je suis un impulsif.
Et cela a été une bénédiction et une malédiction.

Finissons par un morceau de vie, c'est le bon moment, j'en ai l'impression.
L'attente toute relative qu'elle est joue parfois bien des tours quand une seule seconde devient une éternité. Quand une question sans réponse pendant quelques minutes nous laisse tout espérer. Un truc en plus, juste un petit truc pour rendre l'instant parfait.
Le coeur s'emballe, la respiration se coupe, tout s'accélère, tout devient flou.
L'attente est si longue entre l'envie, l'approche et finalement le baiser.
Une éternité s'est écoulée, rien n'est plus beau qu'un premier baiser enfin ce gout, cette sensation, cette électricité, cette chaleur et ce plaisir si fort.

Vous l'aurez compris l'attente est à double tranchant. Tantôt excitante, prenante, laissant nos imaginations impatientes remplir un vide impossible à combler.
Tantôt frustrante, lancinante, horrible, dégoulinant de cauchemars que notre cerveau prend un plaisir masochiste à créer.
L'attente sera donc ce qu'on en fait.
Et il est quasiment impossible de ne pas attendre.
Et de ne pas devenir fou...

Fou d'amour ou fou de haine.
Ou les deux mélangés. La frontière semble parfois si fine.

Bonne soirée,
Bonne semaine,
Portez vous bien !

à suivre...

Oh putain !! J'ai oublié de parler de Tenet !

LA PAGE D'AVANT

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