myrzouick

écrire, scénariser et mourir vite...

22/11/2019

punchline !

Ah c'est si cool, si badass d'avoir une punchline à sortir pour définitivement assoir son autorité (au moins mentale) sur son opposant.
Le patron qui t'emmerde : punchline ! Le gars prétentieux qui peut pas la fermer : punchline ! Le petit garçon qui te demande toujours pourquoi : punchline ! La punchline c'est classe dans toutes les circonstances et ça cogne. C'est comme ça ! Bim ! Je dirai même : les punchlines, ça met ses pieds où ça veut et c'est souvent dans la gueule !

Du fameux "Yipikai Mother Fucker" de Die Hard au "J'aime me beurrer la biscotte" d'OSS 117 nos héros en use (et abuse) depuis l'invention du cinéma parlant voire même depuis qu'on les lits dans les livres. J'imagine que les chevaliers se lançaient dans des joutes verbales avant de courir à cheval se taper avec un long baton.
La punchline est toujours là pour clôturer le débat et personne n'en ressort indemne.

La punchline existe donc depuis toujours. En fait, la plupart du temps, en littérature, on pose une figure de style qui bien tourné devient punchline.
La figure de style était l'arme des poètes et des philosophes pamphlétaires alors que la punchline a définitivement assis l'autorité du héros au cinéma. Le charisme découle de ces quelques mots. Tiens, une punchline qu'on ne cite pas beaucoup :
Si tu ne viens pas à Largardère, c'est Lagardère qui viendra à toi ! du Bossu (avec Jean Marais ou Daniel Auteuil, pas Quasimodo).
Et bien cette punchline n'est rien d'autre qu'un chiasme. C'est la plus simple des figures de style et pourtant une des plus percutante.

Toi aussi apprend à punchliner en toute impunité !

Le chiasme donc est une figure de style rhétorique qui consiste à inverser deux propositions dans la phrase. En gros c'est super simple et on parle de chiasme parce que ça vient de la lettre khi en grecque je crois qui est un X... Et on comprend pourquoi.
"Oh la politique, c'est bonnet blanc et blanc bonnet ! C'est pour ça que je vote plus" oui même les pilliers de comptoirs sont de grands auteurs...
Le foot c'est un sport de gentleman joué par des brutes, le rugby c'est un sport de brute joué par des gentlemen ! Chiasme sportif ! (entendu dans Invictus, dernier grand film d'Eastwood.

Voyez vous n'osez peut-être pas faire des punchlines, mais c'est à la portée de tout le monde.
En réunion : "Ne pensez pas à l'avenir du magasin, pensez au magasin de l'avenir !" Boum !

figure de style, donc...

Les punchlines sont donc une version cinéma de ce qui se faisait de mieux dans les figures de style. Par exemple, la litote.
La litote est un moyen d'atténuer ses mots pour les faire ressortir plus grand (CMB, trop facile celle là, on dit à une fille que... Et là paf, elle s'attend pas à ce que... bon j'arrête).
Je me souviens encore de l'exemple d'un de mes cours de français, "Va, je ne te hais point..." ou encore "tu sais que t'es pas con" ou ce qu'on dit tous les jours "vraiment pas mauvais !"
Voyez, on en fait tous les jours.

L'Oxymore, une des mes figures de style préférée. On dit tout et son contraire, littéralement. "Ces beaux salauds..."
L'oxymmore, en plus d'être un beau mot qui rapporte au scrabble, est une des façon les plus cool d'ajouter des épithètes à un mot pour le rendre plus poétique. "Une douce mort" ; "effroyable beauté"... Tout et son contraire, sans aucun lien ni préposition, juste lié par une puissance lyrique.

En réunion : "il faut proposer à nos clients un service gratuit rentable..."

L'Anaphore... Vous avez tous et toutes en tête une des plus célèbres anaphore politique de ces dernières années "Moi, Président de la République..."
A l'époque, c'était fort, puissant. Dans nos têtes de pauvres téléspectateurs électeurs débiles Hollande insiste et nous fait rentrer l'idée que "Lui, Président" fera tel truc ou tel autre, mais surtout dans nos cerveaux, Lui, Président résonne. C'est un moyen de marqué l'idée.
Mais ce jour n'est pas arrivé !! Aragorn le répète pour motiver ses troupes.

L'alliteration ! Vous savez ce que je vais cité, n'est-ce pas ?

Voilà ! Vois en moi l'image d'un humble vétéran de vaudeville, distribué vicieusement dans les rôles de victime et de vilain par les vicissitudes de la vie. Ce visage, plus qu'un vil vernis de vanité, est un vestige de la vox populi aujourd'hui vacante, évanouie. Cependant, cette vaillante visite d'une vexation passée se retrouve vivifiée et a fait voeu de vaincre cette vénale et virulente vermine vantant le vice et versant dans la vicieusement violente et vorace violation de la volition. Un seul verdict : la vengeance. Une vendetta telle une offrande votive mais pas en vain car sa valeur et sa véracité viendront un jour faire valoir le vigilant et le vertueux. En vérité, ce velouté de verbiage vire vraiment au verbeux alors laisse-moi simplement ajouter que c'est un véritable honneur que de te rencontrer. Appelle-moi V.

La prétérition, ou comment dire qu'on ne va pas parler de quelque chose avant de parler de ce quelque chose...
Bel exemple de manipulation soi dit en passant.
Les Inconnus dans leur sketch de commentateurs sportifs sont un des plus bel exemple que j'ai en tête et bien entendu, finissent toujours par dire "cela ne nous regarde pas" ou encore "nous ne sommes pas là pour diffuser des ragots.
En réunion : je ne vais pas te démotiver, mais à quoi tu sers ?
Ouais elle est chaude à placer celle-ci. J'aime bien commencer mes trolls par "sans vouloir foutre la merde..."

Ce qu'on appelle aussi l'anacoluthe. Joli mot aussi. Essayez de le placer en soirée... On connait tous. On y est habitué depuis qu'un petit être vert nous a parlé la première fois comme ça quand nous étions plus jeune.
Vous ne voyez pas ?
En fait si, vous connaissez tous, mais vous dites plus souvent peut-être, hey tu parles comme Yoda !
Le côté obscur de la Force, redouter tu dois.
Toujours en mouvement est l’avenir.
Beaucoup encore il te reste à apprendre.

épilogue, épiphore

Comme à mon habitude, je ne sais pas où j'allais quand j'ai commencé à écrire ce texte. L'idée était simple, il fallait écrire sur ces punchlines, ces figures de style qui grandissent nos héros.
Aujourd'hui la plupart des mots qui définissent ce qu'on qualifie de punchlines sont oubliés et parfois même nous ne rendons pas compte que au quotidien nous utilisons ces figures de style.
Si la tirade du nez est si prenante c'est que le maitre Cyrano joue sur tous les tableaux, répétitions, métaphore comparaison... Nous sommes emporté. Si je ne l'ai pas déjà fait, je vous conseille vivement de lire ou regarde Cyrano de Bergerac et le film Edmond qui va avec.

Il ne faut pas grand chose pour que nous puissions de nouveau avoir des envolées lyriques loin des "au jour d'aujourd'hui" des stars de la télé réalité.
Certains auteurs, cinéastes, scénaristes ou même homme politique connaissent bien la rhétorique et l'utilise avec parcimonie. et je trouve ça cool de retrouver toutes ces figures de style dans les héros d'aujourd'hui.

Je ne sais pas si je sais vraiment parler, si je sais vraiment écrire ou si je sais m'exprimer tout simplement. J'ai lu des livres, vu des films. J'ingurgite des pubs avec des slogans qui rentre dans la tête car c'est leur but (être une punchline).
Un Anneau pour les gouverner tous. Un Anneau pour les trouver.
Un Anneau pour les amener tous, Et dans les ténèbres les lier...

Nous avons tous en tête ces quelques moments épiques qu'il suffit juste de revoir en connaissant ce qu'ils sont vraiment, c'est à dire des figures de style.
Alors trouvons de nouveaux héros qui nous ferons grandir. Que ce soit devant nos écrans ou dans la vie de tous les jours.

J'aime à croire que les bons mots sont une arme de persuasion, qu'ils servent à convaincre et que c'est en donnant l'exemple par la parole que nous pouvons tous grandir ou nous faire grandir entre nous.
Les punchlines sont à la portée de tout le monde.
Repérez-les, traquez-les, testez-les et utilisez-les !

Je finirai simplement par une des punchlines qui me fait le plus kiffer (j'ai pas vraiment d'autres mots pour exprimer ce que je ressens quand je l'entends, bander c'est trop fort par exemple).
Elle vient de Menteur Menteur :
Je ne me respecte pas ! Pourquoi je vous respecterai !
Un des moments les plus émouvant du film avec un Jim Carrey qui prouve une fois encore qu'il peut tout jouer.

Un jour je la ressortirai...
Je comprends, ça me ressemble.
Un jour, je la ressortirai.
Au bon moment...

Bonne soirée !

à suivre...

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