myrzouick
écrire, scénariser et mourir vite...
02/03/2006
le bonheur ?
Ou comment j'ai joué avec ma prof de philo et pourtant aujourd'hui je me dis que j'aurais du creuser le sujet car il est très intéressant en vrai.
La philosophie, à l’époque, ce n’était pas mon truc. Nous avions décidé avec des amis de placer dans nos copies des mots qui n’avaient rien à voir avec le sujet et la matière. Il fallait, pour gagner, mettre le plus de mots possibles (dans une liste d’une cinquantaine de mot) sans faire de hors sujet. Ce nombre était pondéré par la note et nous donnait un score. Celui qui gagnait, gagnait... Rien du tout. Le truc c’était surtout pour épater tout le monde. Contrairement à ce que l’on aurait pu penser, beaucoup d’élèves jouèrent avec nous... Pour tous les vrais philosophes, ma copie est impardonnable et vaut zéro. Pour certains, c’est un chef-d’œuvre, eux ne sont pas philosophes. Pour ma prof, ça valait 14... L’ai-je mérité ou non ? A vous de juger.
à l'époque, j'étais assez fier de moi.
Aujourd'hui... encore un peu, mais je me pose sincèrement la question.
Et si la philosophie au lycée était une excellente idée. En vrai, elle nous ouvre l'esprit et nous apprend à penser. Je pense que même si je ne "respectais" pas la matière comme tout bon scientifique, elle m'a appris à penser un peu différemment.
Mais ça ne m'empêchera pas de jouer.
faut-il pour être heureux, n’avoir plus de désir ?
Un sujet intéressant. Comment être heureux finalement ? Serai-je heureux si mon désir est accompli ?! Philosophons... Enfin, j’en connais une qui appellera ça de la philosophie de supermarché. Il ne faut pas trop m’en demander non plus.
En rose les mots qu'il avait fallu placer.
Dissertation.
Tout humain, de l’ombre des palmiers au froid de la banquise, recherche le bonheur. Cette quête universelle ne s’accomplit que de désir en désirs jusqu’au plaisir total. Des archéologues, dans la chaleur de la transpiration des carrières de craie seront motivés dans leurs recherches, désireux de trouver la moindre trace de zythum mais ne seront heureux qu’en trouvant des os de diplodocus. Un autre exemple, un fermier sur son tracteur n’accèdera au bonheur qu’en regardant ses vaches brouter une touffe de gazon.
Les désirs de chaque être vivant sont très différents et vont du simple fait de survivre dans un monde rempli de dynamite jusqu’à l’autosatisfaction narcissique d’un grand président. Parfois, le bonheur n’est jamais atteint et la vie de celui qui le cherche n’est alors que désirs vains et illusions.
Mais la simple recherche du bonheur propre à chacun serait-elle une source de motivation ? Comment vivre avec tant de désirs ? Pourquoi vivre dans l’illusion et l’ultime frustration d’un échec alors que l’espoir se fait chaque jour de plus en plus grand faut-il tout faire pour accéder au plaisir suprême ? Où s’arrêtent les désirs humains ? Jusqu’où vont les limites des envies de chacun ? Les désirs, en effet, ne sont pas toujours sains, alors finalement, faut-il être vertueux et sage pour être heureux ? Comment accéder au bonheur ?
Si on examine l’opinion commune, le bonheur semble être la satisfaction de tous nos désirs et cette satisfaction au plaisir qu’on éprouve.
La conquête du bonheur ne serait que recherche du plaisir qui, comme tel, est dénué de toute préoccupation morale ou cognitive. Le plaisir cesse dès que le désir est satisfait, le plaisir est donc éphémère. Or le bonheur est caractérisé, certes comme un bien être, mais autant que faire se peut durable.
L’hédonisme (doctrine faisant du plaisir le souverain bien de l’homme) ne semble donc pas apte à satisfaire la recherche du bonheur. Comment concilier alors la recherche du bien être et la durabilité de cet état ?
Les stoïciens (philosophes de l’Antiquité) et en particulier Epictète se sont forcés à satisfaire cette ambition.
Pour Epictète, il s’agit de faire en sorte que le bonheur soit en notre pouvoir. Sans devoir attendre qu’il nous arrive, le bonheur "dépend de nous".
Pour maîtriser cet état de satisfaction, il faut savoir quels sont les vrais biens c’est-à-dire "ceux qui dépendent de nous". Par là, on échappe à tous sentiments de contraintes et par suite au bonheur. Le bonheur ici, c’est l’ataraxie : l’absence de troubles et la tranquillité de l’âme qui connaît et accepte l’ordre du monde "qui ne dépend pas de nous". C’est par l’exercice de notre raison qui doit guider notre volonté que l’on peut être heureux. Sans la connaissance de l’ordre du monde, on ne peut être vertueux et donc, on ne peut être heureux.
Si l’on se conforme à la vision stoïcienne du bonheur, il faudrait alors pouvoir constater que tous les hommes vertueux sont heureux et tous les hommes qui ne le sont pas sont malheureux. Ce qui n’est pas le cas dans l’expérience de la vie humaine. Par exemple, un pyromane n’atteindra le bonheur qu’en brûlant des gratte-ciels ce qui ne peut passer que pour un vice.
Dans la même voie, ou presque, Epicure dans le Jardin pose une pierre fondamentale dans la construction de la tour philosophique en détruisant les superstitions et rassure finalement le monde : "La mort n’est rien pour nous puisque lorsque nous existons la mort n’est pas et lorsque la mort est là, nous n’existons plus."
Alors, le bonheur du sage est à réaliser dans la vie. Ce bonheur consiste à la satisfaction hédonique du plaisir.
Carpé Diem.
Dans Lettre à Ménécée, durant le quatrième siècle avant Jésus Christ, Epicure classe les désirs en catégories et explique comment l’être humain doit éviter la douleur. Il décrit alors que les désirs ne sont là que pour nous faire remarquer un manque de plaisir et donc de nous faire retrouver ce bonheur.
Contrairement à Epictète, il place le plaisir en bien suprême et nous met en garde sur les confusions entre douleur et mal et bonheur et bien. Epicure voit comme conséquence du malheur un bonheur plus immense ensuite. Il s’agit d’un calcul des plaisirs. Ainsi, par exemple un homme qui sort de prison sera plus heureux d’être libre après avoir beaucoup souffert...
De tous les moyens de chercher le bonheur. Epicure proclame de vivre sans se soucier des dieux ou de la mort et de vivre au jour le jour sur terre ! Il faut satisfaire, pour lui, chaque désir excepté les désirs vains qui ne conduisent qu’à la souffrance.
Et même si la hiérarchie des désirs d’Epicure nous dit que tous les plaisirs ne méritent pas d’être satisfait. Le philosophe grec pense, peut-être à juste titre que le bonheur ne peut se trouver que sur terre en satisfaisant chaque désir qui conduit au bonheur...
Bernard Werber, dans L’Ultime Secret, cherche par tous les moyens à découvrir ce qui motive. Or, il admet qu’un point du cerveau, habilement stimulé, fait accéder au plaisir pur, le bonheur total qu’on appelle nirvana. Ainsi l’homme ayant goûté au vrai plaisir est motivé et en redemande. Il arrive à un point où le désir est si motivant que l’homme est capable de tout pour avoir sa dose de bonheur.
Cela rejoint en un certain sens l’idée de Rousseau qui, dans la Nouvelle Héloïse, proclame qu’une vie sans désir serait terne morne et... Mortelle.
Par exemple, en cuisine, l’odeur des nouilles au beurre [Bon cette citation de la liste là a été soulignée par la prof avec un gros point d'interrogation à coté...] est déjà un délice avant même de les manger alors qu’une fois l’assiette vide, le bonheur s’est envolé.
Ainsi Rousseau nous apprend que rien ne vaut le désir et l’espoir et que le bonheur réside dans la motivation de sa conquête et dans l’attente. Il se pourrait alors qu’un homme ayant tout plongerait dans les abîmes de l’ennui et de la dépression. On voit ici que le bonheur est éphémère ou du moins la satisfaction du désir est décevante et que seul l’espoir, l’envie et l’attente (c’est-à-dire la recherche du plaisir) sont durables et motivants et rendent plus heureux que la satisfaction.
Donc, nous voyons que ces qui dure est beaucoup plus agréable et fait de nous des êtres humains conscients, vivants pleins d’espoir. Hélas, trop d’espoir berce l’illusion et cette vision là du bonheur peut écarter l’humain de la réalité...
C’est pourquoi Nietzsche soutient que l’homme endurci "veut" la souffrance, du moment qu’elle a un sens. Car à quoi bon vivre dans des espoirs inaccessibles, des désirs vains ?
Nietzsche ne nous dit pas explicitement que le bonheur n’est pas toujours une finalité. L’homme recherche la souffrance car ses désirs ne le conduisent pas au bonheur.
Ainsi peut-être l’être humain cherche le pire dans le seul et unique but d’avoir le mieux. Il faudrait ainsi toujours s’attendre au pire pour que la fin soit mieux que prévu. Comme le dit Patric Nottret dans Poison Vert : "Il faut toujours s’attendre au pire comme ça, on n’est jamais déçu"
Mais l’homme a beau être un être doté de raison, jamais il ne pourra annihiler la part sensible en lui (ses sentiments, ses désirs, ses tendances aux plaisirs, pulsions et autres...)
C’est pourquoi, Calliclès, dans Gorgias de Platon condamne la définition de la vie sage comme vie heureuse. Il considère qu’une telle définition est formulée par les lâches, les faibles c’est-à-dire par ceux qui n’ont pas la force d’assumer leurs passions. Ceux-ci en appellent à la raison pour masquer leur peurs de leur sensibilité, voire même de leur sensualité. Ainsi la conception du bonheur comme ataraxie est, comparable à l’existence d’une pierre, se rendre inerte et sans vie.
Vivre selon la seule raison ne serait donc pas ce qu’il y a de plus humanisant mais au contraire ce qui nous ramènerait à une existence inorganique. Calliclès en déduit que pour être heureux : "Il faut mettre son courage et son intelligence au service de su grandes paissons et les assouvi avec tout ce qu’elles peuvent désirer."
Le bonheur consiste donc à vivre pleinement tous nos désirs et toutes nos passions.
Pour Kant, une même personne peut voir évoluer son idéal du bonheur en fonction de son âge et des circonstances (la santé, la puissance, la richesse...)
Cette relativité des objets pouvant constituer notre bonheur révèle donc que le bonheur n’est pas un idéal indéterminé de la raison. Par conséquent, il n’y a pas d’art de vivre heureux : on ne peut pas déterminer de façon nécessaire et universelle les actions ou les aptitudes pouvant nous mener au bonheur. La nécessité et l’universalité ne sont issues que de la raison, et le bonheur ne semble pas accessible à la raison.
Mais le bonheur tant recherché par les hommes est une quête inachevée si nous nous attardons sur une recherche vaine de l’hédonisme dans une ataraxie superficielle ; par exemple en fumant de la marijuana ou en tombant dans les antidépresseurs.
Ainsi, comme dirait Zarathoustra, il faut vivre "par delà le bien et le mal", et c’est pourquoi le bonheur ne se trouve ni dans les désirs vicieux, ni dans la sagesse et la vertu. Il faut dépasser ses désirs et superposer ses envies et sa raison. Ainsi, vivre dans le jardin d’Epicure ou dans un monde ordonné par Epictète ne constitue qu’une première étape dans la conquête du bonheur.
Tout ce qui a un début, a une fin. Et la fin d’une vie de désir devrait être bonheur. Aristote, dans l’Etique à Nicomaque, livres IX et X, déduit très simplement que le bonheur est dans la contemplation.
En chaque humain réside l’essence d’une part divine qui sait tout. (C’est vite résumé). Le vrai bonheur alors ne serait pas sur terre, mais dans le savoir et désirer savoir est le but de la philosophie. En partant de cette simple phrase de Socrate : "Je sais que je ne sais rien" il faut apprendre car réfléchir, philosopher serait le seul moyen d’accéder au plaisir suprême.
Dans l’illumination, un homme réussit à accomplir son but et trouve dans le repos éternel, loin des besoins corporels, la connaissance, le bonheur : l’homme est heureux. Lorsque nous passons de l’état de poltergeist à l’après vie, nous accédons ainsi au bonheur de la connaissance divine peu importe nos désirs, nos peurs ou nos espoirs. On peut accéder au bonheur après une vie sans désirs ou avec des désirs vains, des rêves, des échecs (des réussites).
Vivons dons comme Epicure en n’ayant pas peur de la mort car elle n’est pas une fin mais un moyen pour arriver au bout de la quête ultime et le plaisir de tout savoir (le bonheur) y est caché.
Mais si le bonheur est l’illumination alors philosophons jusqu’à savoir. Faisons fi des sophistes, des démagogues et cherchons, dans la douleur, dans la peine, dans la joie, le plaisir, le meilleur ou le pire, la contemplation car nous sommes, pour Aristote en tout cas, presque l’égal des dieux. Ce bonheur là, qui nous attend, dépasse l’idée de désir...
ce que j'en pense aujourd'hui ?
Qu'est-ce que le bonheur ? Comment l'atteint-on ? Ce sont des questions qu'on se pose encore. Si je trouve mes écrits un peu (beaucoup) prétentieux, on peut y déceler quelques phrases qui ont commencé à batir ce que je pense aujourd'hui.
Le bonheur dans le savoir et/ou l'illumination. La part de divin en nous. La quête d'inachevée si nous nous attardons sur des plaisirs simples qui ne remplissent pas notre "bonheuromètre". Bref... Des sujets qui aujourd'hui me tiennent à coeur et que j'aime explorer dans mes différents écrits.
Mais alors c'est quoi le bonheur ?
j'en sais rien. Je me dis que ça passe forcément par les autres. "L'enfer, c'est les autres" disait Sartres dans Huis Clos mais ça veut aussi dire que le bonheur passe par les autres.
On ne se contruit qu'à plusieurs. Des rencontres, des gens qui tendent la main.
Alors pour être heureux, il faut, je pense, aujourd'hui, et même lorsque c'est difficile, tendre la main sans attendre un retour. Tendre la main, se redresser, se placer au-dessus des basses considérations et... Enfin peu importe, j'ai eu 14/20 et à ce moment là j'étais heureux, parce que j'avais gagné.
Encore un "instant" qui m'a construit.
à suivre...